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16 juillet 2007

VDS95 CRPE ANNALES FRANCAIS

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16 juillet 2007

VDS95 PSYKA CAUCHEMAR CHEZ L'ENFANT 150707

Chapitre 1 CAUCHEMAR

Le cauchemar se trouve au carrefour entre psychologie du rêve et psychologie de l’angoisse.

Pour BROUGHTON (1968), le cauchemar est considéré comme une perturbation du sommeil de l’enfant de l’enfant placée sur le même plan que l’énurésie nocturne, le somnambulisme, les terreurs nocturnes. Il serait associé à une brusque activation pendant la phase de sommeil profond (phase 4 du sommeil selon les psychophysiologiques, caractérisé par des ondes lentes). Plusieurs catégories existent dans les cauchemars : d’une part, avec ou sans mouvement oculaire, sommeil particulièrement dramatiques et à forte charge d’angoisse, sans représentation mentale ou du moins sans les images caractéristiques de l’activité onirique – au sens strict –, ou, d’autre part des cauchemars avec des mauvais rêves classiques, pouvant succéder à un rêve paisible.

aEtudes voisines

iEtude sur l’angoisse

Quant à l’angoisse, son rapport avec le cauchemar est tellement évident qu’il est à peine besoin d’insister. On se donnera pour but d’examiner si les contenus du cauchemar corroborent ce que nous pouvons connaître par ailleurs des peurs de l’enfant, si les catégories permettant l’interprétation de ces peurs peuvent être appliquées avec succès à la description et à l’élucidation du contenu des cauchemars et si, réciproquement, les propriétés dramatiques des cauchemars permettent de saisir mieux la signification des peurs de l’enfant.

iiEtude sur le conte

On retrouve souvent quelques unes de 31 fonctions de PROPP : un agresseur, un auxiliaire et une victime – héros. Mais, une différence fondamentale entre « cauchemar » et « conte » est que le conte est un récit régulièrement lacunaire, bref et dense.

iiiEtude sur le rêve

Concernant le rêve, étant donné l’énorme diversité de ses contenus, le cauchemar apparaîtra comme un sous‑ensemble plus homogène, dont la description ou encore l’interprétation empirique pourra être entreprises avec précision. On peut tenir que toute connaissance ainsi obtenue contribuera à la psychologie du rêve en général dont certains procédés dramatiques peuvent être supposés analogues à ceux que l’étude du cauchemar permettra de décrire. Plus généralement, on est en droit de supposer que certains des résultats d’une étude du cauchemar pourront être transposés dans des domaines voisins, comme ceux de l’imaginaire et du jeu, où l’on peut soupçonner l’existence de mêmes contenus et de semblables procédés d’expression.

bCaractéristiques

iLes personnages typiques dans le cauchemar

On distingue 3 types de personnages. Chacun de ces types est défini par la liste des fonctions qu’il remplit dans les récits, c’est‑à‑dire par ce qu’à la suite de PROPP, on a appelé sa sphère d’action. On peut d’emblée remarquer que certaines fonctions ne sont jamais remplies par certains actants : jamais un agresseur ne tombe ; jamais une victime n’enlève qui que ce soit ; jamais un auxiliaire ne se perd, etc. On peut encore remarquer que certaines fonctions ne sont remplies que par un actant : seuls les auxiliaires avertissent, soignent, libèrent, etc. Enfin, bien que certaines actions soient accomplies par plus d’un type de personnages, elles le sont par rapport à un autre actant, ce qui permet de distinguer les constituants dont elles sont une fonction : agresseurs, victimes et auxiliaires sont tous capables, à des degrés divers, de violences ; mais ces violences sont exercées sur des actants différents. Les seuls cas difficiles qu’on puisse rencontrer sont ceux de récits lacunaires qui peuvent laisser indéterminé le rôle d’un personnage. On remarque que ce n’est pas l’identité des personnages qui intervient dans leur classement, mais uniquement les fonctions qu’ils remplissent dans le récit.

aCatégories

Nous pouvons remarquer que le cauchemar fait évoluer des personnages font les rôles sont à la fois bien définis mais non sans une certaines mouvance dont on peut relever les aspects les plus caractéristiques.

UnLes agresseurs : les « non victimes »

L’agresseur peut aisément être défini comme celui qui fait démarrer les hostilités. Si leur puissance est généralement montrée comme redoutable, elle n’est pas sans limite : il leur arrive parfois des mésaventures, et il existe au moins un cas où ils changent brusquement de rôle et secourent leur propre victime.

·Leur méfait (PROPP, 1974)

Le méfait regroupe des dizaines d’actions : enlèvement, vol, dommages corporels, etc. Le méfait, d’un point de vue morphologique, constitue toujours le nœud de l’intrigue du conte. Mais, tandis que la description de PROPP fait de chaque fonction un genre d’action, une fonction comme celle du « méfait » aura pour équivalent dans l’analyse des cauchemars un grand nombre de fonctions différentes, d’extension beaucoup plus réduite comme : poursuite, capture, enlèvement, sévices, etc. Une telle description, face à un récit souvent lacunaire, permettra ainsi d’établir des contenus fondamentaux de l’angoisse qui sont figurés de bien des manières dans le cauchemar, ce qui est un moyen de déterminer quels ils sont.

DeuxLes auxiliaires

Les auxiliaires peuvent à la fois avoir des traits communs avec agresseurs ou encore victimes. Ils peuvent avoir pour fonctions caractéristiques d’aider la victime ou s’opposer à l’agresseur (ce qui est une autre manière de secourir la victime). Mais, il peut leur arriver de ne pas répondre à la victime. Ils se trouvent également parfois en mauvaise position et se comportent alors comme des victimes face à l’agresseur. Et, dernier cas de figure, ils peuvent manifester des pouvoirs identiques à ceux de l’agresseur.

TroisLes victimes : les « non agresseurs »

Certes, les victimes sont les personnages qui subissent des malheurs, mais elles ne sont pas pour autant toujours passives, elles tentent – bien souvent – de diverses manières de se protéger et s’opposent parfois victorieusement à l’agresseur. Il leur arrive aussi, au contraire, de s’exposer au danger et, parfois, de faire le jeu de l’agresseur.

cTypologie

 

dApparaît

iChez l’enfant

On s’interrogera sur l’étude des rêves chez l’enfant dès lors qu’ils peuvent en relater leur contenu.

aQuelques rappels

UnDéfinition « cauchemar » par le concept de la « peur »

Il importe de se faire comprendre de l’enfant afin d’obtenir effectivement de lui le récit d’un cauchemar. Ce problème suppose qu’un vocabulaire commun existe ou puisse être établi entre l’enquêteur et les sujets : c’est un problème pratique de définition. Pour les jeunes sujets, un rêve, comme un cauchemar, c’est un moment durant lequel on dort et ils auront du mal à en voir la différence. On voit que dès l’âge de 5 ans, la grande majorité des sujets interrogés tentent de définir ce qu’est un rêve, tandis que c’est seulement après 7 ans qu’ils tentent de définir ce qu’est un cauchemar. Quoi qu’il en soit, cette 1ère et élémentaire statistique nous assure que le mot « rêve » est suffisamment connu des enfants à partir de 5 – 6 ans pour qu’il serve d’appui à une définition du « cauchemar ». Par contre, ce dernier terme leur moins familier.

DeuxLa « peur » est‑elle réellement une « peur » ?

Mais, aussi, une fois un récit obtenu, il serait souhaitable de pouvoir s’assurer qu’il s’agit bien du récit d’un cauchemar. Ce problème est beaucoup plus délicat. A la limite, il suppose complètement réalisée l’étude des récits de cauchemars et que ceux‑ci possèdent des propriétés telles qu’elle les distinguent de tous autres récits.

TroisLa « peur » n’a‑t‑elle pas été inventée

 

·Exemples

« Y avait une petit fille qui était dans la maison, sa maman était partie, et il y avait des loups. Maman avait dit qu’il fallait que tu restes à la maison. Elle avait bien obéi la petite fille mais la fenêtre était restée ouverte. Le loup entra et il mangea la petite fille. Quand la maman est rentrée elle était toute triste et elle dit : ‘’C’est ma faute.’’. C’est un rêve que j’ai inventé ».

iEvidence de la relation agressivité – culpabilité

« Je peux inventer que mon papa était pendant la guerre et qu’on l’avait fusillé ? On avait fusillé mon papa… Je me souviens de rien du tout… On était très malheureux parce qu’on l’avait perdu. Tout le monde pleurait. C’est tout. J’ai fait un petit rêve ».

eSelon

iDESPERT (1950)

Elle s’est surtout intéressée aux rêves d’enfants d’age préscolaire (2 – 5 ans). Les récits en ont été recueillis au cours d’une enquête, mais à la suite d’un contact plus durable avec chaque sujet. C’est ainsi qu’elle a pu recueillir 190 récits de rêves auprès de seulement 39 sujets. La majorité de ces rêves sont des cauchemars.

iiFAURE (1961)

C’est un clinicien qui a étudié les dessins de rêves chez l’enfant et il rapporte une série de cauchemars récurrents chez un garçon de douze ans présentant des troubles de comportement, et dont voici les thèmes centraux : « Un bandit m’ouvre le ventre avec un peigne. », « Je suis dans une forêt qui brûle. », « Mon père est pendu pour vols et crimes. », « Mes parents sont guillotinés », « Le lac qui se transforme en marais salant autour de mon père. », « Le bandit qui veut poignarder ma mère. », « Le rêve de mon petit frère dans la maison qui brûle. », « Le voleur qui court après moi. », « Mes parents ont été tués dans un accident. ».

iiiFOULKES (1967-1969)

FOULKES et ses collaborateurs ont entrepris la plus vaste étude du rêve chez l’enfant dans le cadre de la psychophysiologie du sommeil, défendent la position traditionnelle et sont frappés par le caractère généralement anodin et réaliste des rêves d’enfants recueillis dans leur laboratoire.

ivFREUD (1900) : Interprétation des rêves

FREUD y voyait l’illustration de sa formule générale du rêve comme réalisation d’un désir. Afin d’étudier le cauchemar, on part toujours de son analyse. Il y distingue trois formes différentes au rêve : rêves de désir ; rêves de punition : rêves d’angoisse. Il démontre en quoi, de par sa structure symbolique, le rêve est explicable du psychisme de tout être. Les éléments oniriques sont condensés, déplacés et ils dépendent des associations ou de l’image que ce fait le rêveur de tel élément. Aussi, à un même élément d’un rêve, il faut toujours nuancer l’interprétation, car dépendant de la culture ou du vécu du rêveur. Une bonne interprétation apporte au rêveur le fait de connaître ses pensées latentes qu’il n’aurait pas réussi à formuler lui‑même dans la mesure où elles n’étaient pas arrivées à sa conscience et étaient censurées par son Surmoi. A cet égard, il faut souligner que bien souvent ce que représente le rêve n’est qu’une parade et qu’il signifie très souvent autre chose, au moins de façon partielle, voire totale.

aLe symbolisme

Il peut y avoir pour des objets (généralement avec un contenu sexuel : organes, par exemple) un même contenu identifiable ; par ailleurs, il voit beaucoup de similarité dans certains actes (pareil rattachés à une connotation sexuelle, ou les thèmes récurrents de la chute, natation, incendie, actes manqués – trains, par exemple –, parties de corps arrachées – dents, par exemple –, etc.).

vHALL (1966)

HALL a critiqué la position de FREUD et affirmé que les rêves d’enfants sont plus complexes qu’on ne l’avait généralement admis.

viJUNG

Pour distinguer de façon sommaire JUNG de FREUD, il faut noter que JUNG accentue la notion de « contexte complet » que fournit chaque rêve.

viiKLEIN (1932-1948)

Quelques rapports de cauchemars d’enfants dont le contenu illustre directement ce que l’auteur pense être leur « contenu latent ».

viiiLOOSLY-USTERI (1946)

Dans une étude sur l’anxiété enfantine, elle nous donne d’intéressantes indications sur le contenu des cauchemars racontés par des enfants vus en consultation. Elle constate d’abord une très grande ressemblance entre les rêves provenant de sujets différents, ressemblance qu’elle caractérise d’une part à partir de l’identité des personnages redoutables qui sont mentionnés et dont les deux figures principales sont le voleur et la grosse bête, d’autre part, à partir de la façon dont le sujet se voit dans son rêve : « Souvent en danger de mort, toujours il est impuissant, incapable de se défendre, dépourvu d’armes, cloué au sol. ». On constate alors avec quelle haute fréquence le sujet remplit le rôle de la victime et la façon dont se manifeste son impuissance.

ixMACK (1965)

Il rapporte différents cauchemars de cinq enfants vus dans un service pédiatrique.

xPIAGET (1945)

Il a analysé des rêves de deux filles, surnommées « X » (entre 2 et 6 ans) et « Y » (13 rêves entre 2 et 4 ans dont 5 cauchemars). Des éléments FREUDIENS y sont présents, tels que : excrétions, retour au ventre maternel. Il atteste par ailleurs, ce qui le rattache à FREUD, que les phobies d’animaux proviennent du fait que les enfants leur prêtent un « pouvoir de sanction », de même qu’il est satisfait de trouver un bel exemple de ces symboles oedipiens dont les FREUDIENS ont montré la généralité. Mais, PIAGET introduit le terme de « cauchemars vrais ».

xiWINNICOTT (1971)

Durant ses entretiens thérapeutiques, il met en place une intervention active auprès du sujet par le jeu de « gribouillis » (SQUIGGLE) à l’occasion duquel les interprétations fusent. Il faut noter qu’il recueille le récit de rêves antérieurs à son intervention, ce qui semble indiquer une forte stabilité du contenu de ceux‑ci par rapport à d’autres conditions. C’est en cela que de tels récits diffèrent de ceux qui sont recueillis par les psychanalystes au cours même d’une psychothérapie de longue durée.

aQuelques cas

UnGarçon de 9 ans

Un garçon de 9 ans qui rêve d’ « une maison en flammes » et « de brigands qui volaient des bijoux ».

DeuxFille de 10 ans
·Rêve au même âge

« La nuit dernière, j’étais avec deux camarades dans la tour, nous attendions d’être exécutées ».

·Rêve 5 ans plus tôt

Le même sujet rapporte un rêve fait à 5 ans : « Une méchante belle‑mère qui avait cassé la pantoufle de verre, elle‑même était CENDRILLON. » et qui ajoute : « Un rêve triste aurait été un cauchemar où sa mère aurait été tuée ». Le même sujet rapporte encore un rêve étrange qui nous parait fort intéressant, ce rêve montrant « des bulles arrivant sur elle en faisant un drôle de bruit, comme celui qu’on entend quand on a mal aux oreilles. Ces bulles sont blanches. Le rêve est vaguement influencé par la science‑fiction et relié à l’idée des comètes et des météores que l’on peut, dit‑on, rencontrer dans l’espace ».

iAnalyse

WINNICOTT interprète ainsi le rêve. Les bulles blanches qui font un drôle de bruit donnent l’image de quelque chose qui vient à la vie « à l’intérieur », succédant à la phase de mort. On voit avec quel éclectisme WINNICOTT quitte une conception du symbolisme habituellement empruntée à FREUD ou KLEIN pour recourir à des procédés d’interprétation qui rappellent ceux de JUNG.

 

14 juillet 2007

VDS95 PSYKA EVENEMENTS DANS LE CAUCHEMAR D'ENFANTS

Chapitre 1 EVENEMENTS

aStructure dans

iLe cauchemar d’enfant

aSa succession

iiLe récit

aSa succession

UnSimilitude récit conte et récit cauchemar

L’ordre des événements est important : un même événement peut ne pas avoir la même signification selon la nature de celui qui le précède ou qui le suit. C’est d’ailleurs un des principes de la description et de la classification morphologique. Mais la succession des événements constitue en elle‑même une propriété remarquable des récits qui contribue puissamment à leur expression dramatique. La combinaison de plusieurs événements et dans un ordre déterminé non seulement peut modifier ou renforcer la signification de chacun d’eux, mais possède par elle‑même une valeur d’expression qui suggère que le récit de cauchemar comme celui du conte doit être considéré non seulement d’après ses éléments mais comme totalité, selon PROPP.

DeuxLes 9 éléments remarquables dans le cauchemar avec agresseur

Il s’agit ici de considérer la structure de base du cauchemar et d’en étudier ses quatre parties.

Il faut remarquer que même si ces neuf constituants ne sont pas tous présents, ils se succèdent toujours ainsi, elles s’ordonnent donc selon une structure hiérarchique : il est manifeste que la sphère d’action de l’agresseur est de plus en plus menaçante et lourde de conséquences, on parle alors de gradient d’intensité et la marge de manœuvre de la victime est de plus en plus réduite, déjà cela passe par la proximité de plus en plus en grande entre agresseur et victime, d’autant lorsque les sévices commencent.

Maintenant, il faut noter que si les neuf constituants n’apparaissent pas tous, c’est que bien souvent les cauchemars sont des récits lacunaires, généralement, ces lacunes s’expliquent par des omissions (ou dégradations du souvenir) qui ont été refoulées ; ou, tout simplement, certains constituants sont absents, car considérés comme allant de soi. On dit que ces ellipses viennent des lois de l’oubli : un rêve peut être ancien et le sujet n’en aura conservé que quelques fragments essentiels à la compréhension globale. Généralement, les éléments initiaux et finaux sont conservés ce qui est explicable par la similitude entre différentes variantes, les séries (ou constituants intermédiaires) sont alors effacés ; on peut expliquer également l’absence de constituants par le fait que le sujet se réveille avant la fin, ce qui généralement s’explique.

Il faudra également prendre en compte les actions défensives de la victime chercher à contrecarrer les actions de l’agresseur.

·1°/ Constituants initiaux au cauchemar

La première scène indique souvent comment victime et agresseur se rencontrent. Ce constituant est un constituant indispensable à l’intelligibilité du récit : irruption, approche, poursuite ou capture ?

iL’agresseur fait irruption chez la victime

Il faut faire remarquer d’emblée que ce constituant peut être nuancé. Il peut y avoir un seul agresseur face à plusieurs victimes (généralement cela est dû à une dissociation du sujet en plusieurs personnes), voire plusieurs agresseurs face à une seule et même victime, dans ce cas, l’agresseur est dissocié. Généralement, l’agresseur fait irruption dans un lieu connu de la victime, soit dans sa maison ; ou alors, la victime entre directement dans le repaire de l’agresseur...

Il faut noter que l’agresseur peut faire irruption sous une forme déguisée afin de détourner l’attention de la victime ou d’endormir sa méfiance. Par ailleurs, autre subterfuge, l’agresseur peut se cacher pour mieux préparer sa mise en scène.

iiL’agresseur s’approche de la victime

En plus du fait que l’agresseur s’approche, il faut signaler la possibilité que la victime puisse chuter, ce qui facilite le jeu de l’agresseur. La chute symbolise généralement l’impuissance de la victime à pouvoir s’opposer à l’agresseur d’où la présence d’un obstacle favorisant la stratégie de l’agresseur.

iiiL’agresseur poursuit la victime

Il est à faire remarquer que lorsque l’agresseur fait irruption, le constituant de la poursuite n’est presque jamais présent dans le récit.

·2°/ Déplacements de la victime par l’agresseur

iL’agresseur s’empare de la victime (ou d’un objet de valeur : personnifié)

On peut indiquer que si le récit met en scène une capture de la victime par l’agresseur, il y a nécessairement une approche de l’agresseur. Généralement, et d’après diverses études, le motif de l’enlèvement se trouve dans les récits où l’agresseur a fait irruption à la victime.

iiL’agresseur transporte la victime dans son repaire

Il faut remarquer une variante assez répandue qui consiste en le fait que la victime va sans le savoir dans le repaire même de l’agresseur : cela peut être une forêt, ou tout au moins dans un lieu sombre. Dans ce cas de figure, la victime s’expose de sa propre initiative au danger.

iiiLa victime se libère

Pour que la victime se libère, il faut nécessairement qu’il y ait eu capture. Il peut intervenir un auxiliaire, mais, cela peut ne pas se concrétiser et la victime peut tenter de se libérer. Par ailleurs, il faut rechercher comment la victime arrive à se libérer, y a‑t‑il confrontation directe ou indirecte avec l’agresseur ? Y a‑t‑il emploi de ruse et donc, interventions discrètes ?

ivL’apparition d’auxiliaires

Outre le fait qu’un auxiliaire peut aider l’agresseur, il joue un rôle mineur dans le déroulement du récit et généralement, son apparition est tardive : un auxiliaire intervient toujours après la capture ou une libération momentanée de la victime suite à une capture, une explicitation du danger : nœud fondamental du récit. Une personne secondaire apparaissant au début du récit sera soit considérée comme une autre victime, soit comme un autre agresseur : il faut nuancer toutefois ce propos dans la mesure où un auxiliaire jouant le rôle de victime peut devenir agresseur et vice et versa, ou encore un auxiliaire peut avoir une rôle neutre, soit qu’il ne répond pas à l’appel de la victime, soit qu’il ne soit pas en capacité de l’aider.

·3°/ L’agresseur réduit la victime à l’impuissance

Cela peut passer par l’enfermement de la victime dans une cave, symbolisant la prison et donc la réduisant à l’impuissance. On peut également considérer cet enfermement comme un sévice mineur, mais plus forte que si l’agresseur impose à la victime de retirer ses habits (symbole de l’intégrité de la personne qui s’amenuise, mais cela est moins dévastateur que d’être emprisonné). Enfin, plus la victime est réduite à l’impuissance, plus elle sent augmenter sa détresse, ce qui intensifie corrélativement la tension du cauchemar.

·4°/ Menaces / sévices / mise à mort

Le lieu où cela se produit est communément appelé la scène principale d’agression, cela ne désigne pas nécessairement le repaire de l’agresseur, car dans certains récits, l’agresseur ne transporte pas sa victime dans son repaire, et cela peut se dérouler au domicile de la victime. La portée symbolique de la scène d’agression est très symbolique lorsque le récit n’est pas trop lacunaire.

iL’agresseur inflige des sévices à la victime

Avant que l’agresseur mette à mort la victime, généralement, des menaces verbales sont proférées, voire plus grave l’agresseur exécute des tentatives de meurtre non achevées.

iiL’agresseur met à mort la victime

Ce constituant est à nuancer : en effet, la mise à mort peut ne pas clore le récit et l’agresseur peut continuer en capturant une autre victime. On dit qu’il y a amplification dramatique du récit.

bComment l’analyser

·Actualisation du danger

Selon que les récits font intervenir ou non un agresseur, la suite des événements se présente de manière fort différente. De ce point de vue, la présence d’auxiliaires n’introduit qu’une différence secondaire, les actions commises par les agresseurs au détriment des victimes y représentent généralement le noyau principal, sauf dans quelques cas exceptionnels qui développement la sphère d’actions de l’auxiliaire. Or, c’est entre ces actions de l’agresseur que l’étude du corpus met le plus facilement en évidence des liaisons. C’est à leur propos qu’on peut montrer l’existence d’une suite fondamentale de fonctions. Certes, cette suite ne vaut pas pour l’ensemble des récits, mais seulement pour ceux qui mettent en scène un agresseur. Dans ces récits, elle ne rend pas compte de toutes les actions, mais seulement de celles qui sont accomplies par l’agresseur au détriment de la victime. Cependant, du moins pour ces récits, elle représente le mouvement dramatique principal, le thème majeur autour duquel les autres événements s’ordonnent en des motifs secondaires, que l’on étudiera après avoir mis en évidence la suite principale.

·Comportement de la victime au malheur

iEfficace

iiInefficace

Son comportement se révèle‑t‑il être inefficace ? Si oui, la suite des événements exprime par là son impuissance. Cette impuissance a également des nuances : est‑elle interne ?

 

14 juillet 2007

VDS95 PSYKA CAUCHEMAR CHEZ L'ENFANT 130707

Chapitre 1 CAUCHEMAR

Le cauchemar se trouve au carrefour entre psychologie du rêve et psychologie de l’angoisse.

Pour BROUGHTON (1968), le cauchemar est considéré comme une perturbation du sommeil de l’enfant de l’enfant placée sur le même plan que l’énurésie nocturne, le somnambulisme, les terreurs nocturnes. Il serait associé à une brusque activation pendant la phase de sommeil profond (phase 4 du sommeil selon les psychophysiologiques, caractérisé par des ondes lentes). Plusieurs catégories existent dans les cauchemars : d’une part, avec ou sans mouvement oculaire, sommeil particulièrement dramatiques et à forte charge d’angoisse, sans représentation mentale ou du moins sans les images caractéristiques de l’activité onirique – au sens strict –, ou, d’autre part des cauchemars avec des mauvais rêves classiques, pouvant succéder à un rêve paisible.

aEtudes voisines

iEtude sur l’angoisse

Quant à l’angoisse, son rapport avec le cauchemar est tellement évident qu’il est à peine besoin d’insister. On se donnera pour but d’examiner si les contenus du cauchemar corroborent ce que nous pouvons connaître par ailleurs des peurs de l’enfant, si les catégories permettant l’interprétation de ces peurs peuvent être appliquées avec succès à la description et à l’élucidation du contenu des cauchemars et si, réciproquement, les propriétés dramatiques des cauchemars permettent de saisir mieux la signification des peurs de l’enfant.

iiEtude sur le conte

On retrouve souvent quelques unes de 31 fonctions de PROPP : un agresseur, un auxiliaire et une victime – héros. Mais, une différence fondamentale entre « cauchemar » et « conte » est que le conte est un récit régulièrement lacunaire, bref et dense.

iiiEtude sur le rêve

Concernant le rêve, étant donné l’énorme diversité de ses contenus, le cauchemar apparaîtra comme un sous‑ensemble plus homogène, dont la description ou encore l’interprétation empirique pourra être entreprises avec précision. On peut tenir que toute connaissance ainsi obtenue contribuera à la psychologie du rêve en général dont certains procédés dramatiques peuvent être supposés analogues à ceux que l’étude du cauchemar permettra de décrire. Plus généralement, on est en droit de supposer que certains des résultats d’une étude du cauchemar pourront être transposés dans des domaines voisins, comme ceux de l’imaginaire et du jeu, où l’on peut soupçonner l’existence de mêmes contenus et de semblables procédés d’expression.

bCaractéristiques

iLes personnages typiques dans le cauchemar

On distingue 3 types de personnages. Chacun de ces types est défini par la liste des fonctions qu’il remplit dans les récits, c’est‑à‑dire par ce qu’à la suite de PROPP, on a appelé sa sphère d’action. On peut d’emblée remarquer que certaines fonctions ne sont jamais remplies par certains actants : jamais un agresseur ne tombe ; jamais une victime n’enlève qui que ce soit ; jamais un auxiliaire ne se perd, etc. On peut encore remarquer que certaines fonctions ne sont remplies que par un actant : seuls les auxiliaires avertissent, soignent, libèrent, etc. Enfin, bien que certaines actions soient accomplies par plus d’un type de personnages, elles le sont par rapport à un autre actant, ce qui permet de distinguer les constituants dont elles sont une fonction : agresseurs, victimes et auxiliaires sont tous capables, à des degrés divers, de violences ; mais ces violences sont exercées sur des actants différents. Les seuls cas difficiles qu’on puisse rencontrer sont ceux de récits lacunaires qui peuvent laisser indéterminé le rôle d’un personnage. On remarque que ce n’est pas l’identité des personnages qui intervient dans leur classement, mais uniquement les fonctions qu’ils remplissent dans le récit.

aCatégories

Nous pouvons remarquer que le cauchemar fait évoluer des personnages font les rôles sont à la fois bien définis mais non sans une certaines mouvance dont on peut relever les aspects les plus caractéristiques.

UnLes agresseurs : les « non victimes »

L’agresseur peut aisément être défini comme celui qui fait démarrer les hostilités. Si leur puissance est généralement montrée comme redoutable, elle n’est pas sans limite : il leur arrive parfois des mésaventures, et il existe au moins un cas où ils changent brusquement de rôle et secourent leur propre victime.

·Leur méfait (PROPP, 1974)

Le méfait regroupe des dizaines d’actions : enlèvement, vol, dommages corporels, etc. Le méfait, d’un point de vue morphologique, constitue toujours le nœud de l’intrigue du conte. Mais, tandis que la description de PROPP fait de chaque fonction un genre d’action, une fonction comme celle du « méfait » aura pour équivalent dans l’analyse des cauchemars un grand nombre de fonctions différentes, d’extension beaucoup plus réduite comme : poursuite, capture, enlèvement, sévices, etc. Une telle description, face à un récit souvent lacunaire, permettra ainsi d’établir des contenus fondamentaux de l’angoisse qui sont figurés de bien des manières dans le cauchemar, ce qui est un moyen de déterminer quels ils sont.

DeuxLes auxiliaires

Les auxiliaires peuvent à la fois avoir des traits communs avec agresseurs ou encore victimes. Ils peuvent avoir pour fonctions caractéristiques d’aider la victime ou s’opposer à l’agresseur (ce qui est une autre manière de secourir la victime). Mais, il peut leur arriver de ne pas répondre à la victime. Ils se trouvent également parfois en mauvaise position et se comportent alors comme des victimes face à l’agresseur. Et, dernier cas de figure, ils peuvent manifester des pouvoirs identiques à ceux de l’agresseur.

TroisLes victimes : les « non agresseurs »

Certes, les victimes sont les personnages qui subissent des malheurs, mais elles ne sont pas pour autant toujours passives, elles tentent – bien souvent – de diverses manières de se protéger et s’opposent parfois victorieusement à l’agresseur. Il leur arrive aussi, au contraire, de s’exposer au danger et, parfois, de faire le jeu de l’agresseur.

cTypologie

 

dApparaît

iChez l’enfant

On s’interrogera sur l’étude des rêves chez l’enfant dès lors qu’ils peuvent en relater leur contenu.

aQuelques rappels

UnDéfinition « cauchemar » par le concept de la « peur »

Il importe de se faire comprendre de l’enfant afin d’obtenir effectivement de lui le récit d’un cauchemar. Ce problème suppose qu’un vocabulaire commun existe ou puisse être établi entre l’enquêteur et les sujets : c’est un problème pratique de définition. Pour les jeunes sujets, un rêve, comme un cauchemar, c’est un moment durant lequel on dort et ils auront du mal à en voir la différence. On voit que dès l’âge de 5 ans, la grande majorité des sujets interrogés tentent de définir ce qu’est un rêve, tandis que c’est seulement après 7 ans qu’ils tentent de définir ce qu’est un cauchemar. Quoi qu’il en soit, cette 1ère et élémentaire statistique nous assure que le mot « rêve » est suffisamment connu des enfants à partir de 5 – 6 ans pour qu’il serve d’appui à une définition du « cauchemar ». Par contre, ce dernier terme leur moins familier.

DeuxLa « peur » est‑elle réellement une « peur » ?

Mais, aussi, une fois un récit obtenu, il serait souhaitable de pouvoir s’assurer qu’il s’agit bien du récit d’un cauchemar. Ce problème est beaucoup plus délicat. A la limite, il suppose complètement réalisée l’étude des récits de cauchemars et que ceux‑ci possèdent des propriétés telles qu’elle les distinguent de tous autres récits.

TroisLa « peur » n’a‑t‑elle pas été inventée

 

·Exemples

« Y avait une petit fille qui était dans la maison, sa maman était partie, et il y avait des loups. Maman avait dit qu’il fallait que tu restes à la maison. Elle avait bien obéi la petite fille mais la fenêtre était restée ouverte. Le loup entra et il mangea la petite fille. Quand la maman est rentrée elle était toute triste et elle dit : ‘’C’est ma faute.’’. C’est un rêve que j’ai inventé ».

iEvidence de la relation agressivité – culpabilité

« Je peux inventer que mon papa était pendant la guerre et qu’on l’avait fusillé ? On avait fusillé mon papa… Je me souviens de rien du tout… On était très malheureux parce qu’on l’avait perdu. Tout le monde pleurait. C’est tout. J’ai fait un petit rêve ».

eSelon

iDESPERT (1950)

Elle s’est surtout intéressée aux rêves d’enfants d’age préscolaire (2 – 5 ans). Les récits en ont été recueillis au cours d’une enquête, mais à la suite d’un contact plus durable avec chaque sujet. C’est ainsi qu’elle a pu recueillir 190 récits de rêves auprès de seulement 39 sujets. La majorité de ces rêves sont des cauchemars.

iiFAURE (1961)

C’est un clinicien qui a étudié les dessins de rêves chez l’enfant et il rapporte une série de cauchemars récurrents chez un garçon de douze ans présentant des troubles de comportement, et dont voici les thèmes centraux : « Un bandit m’ouvre le ventre avec un peigne. », « Je suis dans une forêt qui brûle. », « Mon père est pendu pour vols et crimes. », « Mes parents sont guillotinés », « Le lac qui se transforme en marais salant autour de mon père. », « Le bandit qui veut poignarder ma mère. », « Le rêve de mon petit frère dans la maison qui brûle. », « Le voleur qui court après moi. », « Mes parents ont été tués dans un accident. ».

iiiFOULKES (1967-1969)

FOULKES et ses collaborateurs ont entrepris la plus vaste étude du rêve chez l’enfant dans le cadre de la psychophysiologie du sommeil, défendent la position traditionnelle et sont frappés par le caractère généralement anodin et réaliste des rêves d’enfants recueillis dans leur laboratoire.

ivFREUD (1900)

FREUD y voyait l’illustration de sa formule générale du rêve comme réalisation d’un désir.

vHALL (1966)

HALL a critiqué la position de FREUD et affirmé que les rêves d’enfants sont plus complexes qu’on ne l’avait généralement admis.

viKLEIN (1932-1948)

Quelques rapports de cauchemars d’enfants dont le contenu illustre directement ce que l’auteur pense être leur « contenu latent ».

viiLOOSLY-USTERI (1946)

Dans une étude sur l’anxiété enfantine, elle nous donne d’intéressantes indications sur le contenu des cauchemars racontés par des enfants vus en consultation. Elle constate d’abord une très grande ressemblance entre les rêves provenant de sujets différents, ressemblance qu’elle caractérise d’une part à partir de l’identité des personnages redoutables qui sont mentionnés et dont les deux figures principales sont le voleur et la grosse bête, d’autre part, à partir de la façon dont le sujet se voit dans son rêve : « Souvent en danger de mort, toujours il est impuissant, incapable de se défendre, dépourvu d’armes, cloué au sol. ». On constate alors avec quelle haute fréquence le sujet remplit le rôle de la victime et la façon dont se manifeste son impuissance.

viiiMACK (1965)

Il rapporte différents cauchemars de cinq enfants vus dans un service pédiatrique.

ixPIAGET (1945)

Il a analysé des rêves de deux filles, surnommées « X » (entre 2 et 6 ans) et « Y » (13 rêves entre 2 et 4 ans dont 5 cauchemars). Des éléments FREUDIENS y sont présents, tels que : excrétions, retour au ventre maternel. Il atteste par ailleurs, ce qui le rattache à FREUD, que les phobies d’animaux proviennent du fait que les enfants leur prêtent un « pouvoir de sanction », de même qu’il est satisfait de trouver un bel exemple de ces symboles oedipiens dont les FREUDIENS ont montré la généralité. Mais, PIAGET introduit le terme de « cauchemars vrais ».

xWINNICOTT (1971)

Durant ses entretiens thérapeutiques, il met en place une intervention active auprès du sujet par le jeu de « gribouillis » (SQUIGGLE) à l’occasion duquel les interprétations fusent. Il faut noter qu’il recueille le récit de rêves antérieurs à son intervention, ce qui semble indiquer une forte stabilité du contenu de ceux‑ci par rapport à d’autres conditions. C’est en cela que de tels récits diffèrent de ceux qui sont recueillis par les psychanalystes au cours même d’une psychothérapie de longue durée.

aQuelques cas

UnGarçon de 9 ans

Un garçon de 9 ans qui rêve d’ « une maison en flammes » et « de brigands qui volaient des bijoux ».

DeuxFille de 10 ans
·Rêve au même âge

« La nuit dernière, j’étais avec deux camarades dans la tour, nous attendions d’être exécutées ».

·Rêve 5 ans plus tôt

Le même sujet rapporte un rêve fait à 5 ans : « Une méchante belle‑mère qui avait cassé la pantoufle de verre, elle‑même était CENDRILLON. » et qui ajoute : « Un rêve triste aurait été un cauchemar où sa mère aurait été tuée ». Le même sujet rapporte encore un rêve étrange qui nous parait fort intéressant, ce rêve montrant « des bulles arrivant sur elle en faisant un drôle de bruit, comme celui qu’on entend quand on a mal aux oreilles. Ces bulles sont blanches. Le rêve est vaguement influencé par la science‑fiction et relié à l’idée des comètes et des météores que l’on peut, dit‑on, rencontrer dans l’espace ».

iAnalyse

WINNICOTT interprète ainsi le rêve. Les bulles blanches qui font un drôle de bruit donnent l’image de quelque chose qui vient à la vie « à l’intérieur », succédant à la phase de mort. On voit avec quel éclectisme WINNICOTT quitte une conception du symbolisme habituellement empruntée à FREUD ou KLEIN pour recourir à des procédés d’interprétation qui rappellent ceux de JUNG.

 

14 juillet 2007

VDS95 PSYKA PERSONNAGES 130707

Chapitre 1 PERSONNAGE

aTypologie

iDit dans le cauchemar d’enfant

aMention de personnages

On pourrait classer certains personnages en se fondant sur leur seule identité, mais c’est un critère empirique dont il ne faut pas abuser et qui est toujours secondaire par rapport à la détermination morphologique des types, c’est‑à‑dire à leur classification en fonction des actions qu’ils exécutent.

Caractéristique majeure des cauchemars des enfants, nombre de personnages se répartissent dans deux des types et certains dans les trois. Ainsi, les parents, et autres membres de la famille, bien qu’ils soient le plus souvent considérés comme des victimes, font souvent fonction d’auxiliaire, avec une fréquence relative et des types d’interventions qui sont comme la marque de leur puissance respective. De surcroît, bien que dans un très petit nombre de cas, le père ou la mère remplissent les fonctions de l’agresseur, il faut le mentionner. Cette labilité des éléments du cauchemar de l’enfant, dont on trouvera plus loin d’autres exemples (changements de rôles, suites d’actions qui s’opposent ou se contredisent) pourra être mise en rapport avec la nature de l’angoisse et de son expression dans le cauchemar de l’enfant, qui témoigne d’un monde mouvant et peut sûr et dont différents éléments peuvent revêtir des valeurs opposées. Outre la mise en évidence d’éléments du cauchemar, sur lesquels l’interprétation de leur contenu pourra s’appuyer, la typologie des personnages suggère une classification des récits en fonction des types de chacun d’entre eux actualise. Si on s’en tient au nombre des actants, on aura ainsi des récits à zéro, un, deux, voire même trois actants. En prenant en considération la nature du type actualisé, on peut distinguer : 1°/ des récits qui n’en actualisent aucun : ce sont les récits sans personnages ou présentant des personnages dont les rôles ne sont pas définis qui ont été évoqués à propos des événements atypiques du cauchemars, 2°/ des récits faisant figurer le seul type de la victime : les récits n’actualisant que le type de la victime comportent des événements tels que : chute, maladie, accident, etc., 3°/  le seul type de l’agresseur : les récits où ne figure que le type de l’agresseur sont des récits mentionnant la seule irruption de l’agresseur, auquel cas d’ailleurs on aurait pu estimer aussi bien que c’est l’ensemble de la famille du sujet qui remplit le rôle de la victime, 4°/  la victime et l’auxiliaire, 5°/  l’agresseur et la victime : ce sont, de loin, les récits les plus nombreux. La victime peut tomber ou se perdre puis rencontrer un agresseur, ou rencontrer un agresseur et tomber, ce qui constitue à la fois une façon de s’exposer au danger, et une manifestation d’impuissance. Elle peut être aussi être prise dans un incendie et avoir affaire à des agresseurs. Ce sont donc des récits qui montrent l’existence de formes intermédiaires entre les classes 2 et 5, de même que nous avons des formes intermédiaires entre les classes 1 et 5 et que les récits de type 3 peuvent être considérés comme des variantes de ceux de la classe 5, 6°/  l’agresseur, la victime et l’auxiliaire : ces récits sont donc les seuls qui actualisent les trois types de personnages et n’importe lesquels des constituants.

UnAnimaux

Cela peut être des éléphants, tigres, panthères, chiens, chiens – loups, ours, araignées, guêpes, renards, lézards, poissons, piranhas, requins, phoques, baleines, hippopotames, toucans, grenouilles, vers de terre, souris, autruche ; chiens, chars, vache, lion, taureau, crocodiles, etc.

Un animal peut être méchant et montrer ses dents, ouvrir sa gueule ou tout simplement menacer la victime. Généralement, les animaux n’effectuent pas de capture, d’enlèvement ou encore ne transportent pas la victime dans leur repaire.

Généralement, les animaux sont des auxiliaires. Hormis le chien, les animaux arrivent généralement à s’opposer aux agresseurs, lorsque leurs intentions sont bonnes.

·Crocodiles
·Loups

Le loup est un agresseur typique. Il dévore la victime beaucoup plus souvent qu’il ne la mord. Mais, il peut juste se contente de rendre impuissante la victime avec sa gueule.

·Lions

Généralement, le lion s’en prend à la victime.

·Serpents

Un serpent peut facilement tuer dans les cauchemars. Généralement, cela est accompagné de sévices.

DeuxObjets

Généralement, cela désigne les objets dérobés : argent, bijoux, sacs à main, etc.

Ceci explique que généralement les objets sont passifs et victimes d’enlèvement. Ils peuvent être un substitut du sujet.

TroisPays
QuatrePersonnes

Les personnes se répartissent dans les trois catégories du cauchemar : victime, agresseur ou encore auxiliaire.

·Amis
·Chasseurs
·Cow-boys
·Créatures fantastiques

Cela peut désigner : araignée géante, diables ou démons, vampires, squelettes, ogres, sorciers, dragons, monstres, géants, la « Dame Blanche », « un homme de feu », un « homme – gorille », un « sauvage », « quelque chose avec des gros yeux », « une chaussure géante », des robots, des statures, des armures, licorne, etc.

Généralement, la créature fantastique s’en prend à la victime.

·Enfants
·Familles

Le trait saillant est la fréquence avec laquelle les relations d’auxiliaires et de victimes s’établissent à l’intérieur de la famille. Cependant, on remarque que dans un nombre non négligeable de cas, le sujet bénéficie de l’intervention d’autres personnages que les membres de sa famille : policiers, chasseurs, animaux, humains inconnus et même parfois des sorcières. Ceci pourrait témoigner d’une certaine insécurité de certains enfants vis‑à‑vis de leurs proches.

iCousins

iiFrères

iiiGrands-mères

ivMaris de victime

vParents

Ils se trouvent dans les 3 catégories possibles.

üPères

Généralement, dans le cauchemar, il est un auxiliaire puissant, capable de secourir la victime et de s’opposer aux agresseurs.

üMères

La mère est généralement un auxiliaire remplissant essentiellement les fonctions d’aide, quand elle ne refuse pas de répondre à l’appel de la victime ou qu’elle n’a pas besoin à son tour d’être secourue.

[Mères de victime

viTantes

viiSœurs

·Fantômes
·Gendarmes / policiers

Généralement, dans le cauchemar, il est un auxiliaire.

·Inconnus / hommes / femmes

La différence entre les étiquettes « hommes », « femmes » et inconnus tient uniquement au fait que dans les deux premiers cas l’identité sexuelle des personnages est mentionnée par le sujet et non dans le troisième. Parfois, certains traits de ces personnages sont mentionnés par le récit et il convient de les étudier en tant qu’attribut des personnages. Une méchante dame, sera une femme méchante qui n’utilisera pas la magie pour l’être. Par ailleurs, en présence de récit lacunaire, des personnages dans le cauchemar peuvent avoir une action sans conséquence et donc être « neutres ».

iVêtu de noir ou de couleurs vives

Comme dans les modalités de l’agresseur, l’obscurité et la couleur noire jouent leur rôle dans les attributs que le récit leur prête. Mais, cette signification est à nuancer, car des couleurs vives peuvent également contribuer à une étrangeté.

iiMétamorphose

Un individu, somme toute à l’allure banale ou à l’allure sympathique, peut subitement se transformer en agresseur : un Père Noël en vampire, par exemple. Cette métamorphose peut, par ailleurs, être rapprochée de celle des parents dans le récit, où elle équivaut cependant semble‑t‑il à la défaillance ou à un refus d’aide de leur part plutôt qu’à leur transformation en agresseurs.

·Indéterminés
·Indiens
·Maîtresses
·Pompiers

Généralement, dans le cauchemar, il est un auxiliaire.

·Prussien
·Sorcières / fée

Des sorcières peuvent être considérées comme « gentilles » et protéger le sujet dans le cauchemar, elle s’opposera dans ce cas aux autres sorcières, méchantes. L’inverse peut être possible, une fée peut être qualifiée d’être méchante. En ce point, on voit combien l’identification des personnages est très souvent confus.

·Voleurs

Les voleurs regroupent les personnages désignés sous ce nom par le sujet ou comme des « bandits », « gangsters », etc. Il s’agit dans tous les cas d’agresseurs humains, inconnus du sujet.

iiDit comique

Dans l’attitude de ces personnages comiques (dont l’exemple le plus frappant nous est fourni par le bouffon de cour bafouant les conventions sociales) de légères traces de la signification originairement révolutionnaire du symbole phallique matriarcal. On trouve une allusion à ce point dans une des préfaces de G. B. SHAW : « Tout despote doit pour être maintenu dans un état sain, avoir un Sujet déloyal… La démocratie de nos jours a confié le sceptre du despote au peuple souverain, mais le peuple a besoin, lui aussi, d’un confesseur et ce confesseur s’appelle la Critique. La Critique n’est pas seulement médicalement salutaire, elle exerce sur le peuple une attraction positive par sa cruauté, ses allures et ses procédés de gladiateur, la satisfaction qu’elle procure à la jalousie en s’attaquant à ce qui est grand et celle qu’elle procure à l’enthousiasme en jouant ce qui est bien. Elle peut dire des choses que beaucoup voudraient dire, mais n’osent pas… Ses iconoclastes, ses révoltes, ses blasphèmes lorsqu’ils sont bien dirigés taquinent ceux qu’ils choquent. C’est ainsi que la Critique cumule les privilèges du bouffon de cours avec ceux du confesseur. Si GRAICK GARRICK avait appliqué au docteur JOHNSON le surnom de PUNCH, il aurait dit une chose profonde et spirituelle, tandis que le docteur JOHNSON, en lançant cette épithète à GARRICK, n’a utilisé que l’injure la plus minime qui puisse s’adresser à un acteur. »

iiiDit dans le conte

Si les personnages des contes sont stables, le monde est instable selon les contes. Il est en effet intéressant de remarquer que les études morphologiques, comme celles attachées au sens caché des contes, ont redécouvert chacune à leur manière cette plasticité du monde physique et cette apparente rigidité des personnages qui les confine au rang d’archétype. Face à cette multiplicité fluctuante mais bien rangée, les actions qu'ont à charge ces entités subissent elles-mêmes une inflation dramatique à la hauteur de la radicalité de leur essence : défis de sagacité, exploits physiques, combats, etc. se succèdent, frisant toujours une issue fatale.

aL’apport pour l’enfant de la stabilité des personnages dans le conte

Il nous faut à cet endroit revenir à la perception que l'enfant (et dans une certaine mesure, comme nous l'avons précédemment suggéré, une tranche de la population plus âgée) a de son environnement : pour lui, qui n'a guère de référentiel quant à la durée d'une épreuve, qui sait ses capacités diminuées par rapport à celles de son entourage adulte, et qui n'a pas encore beaucoup l'expérience de l'autonomie et de la possession du monde, toute épreuve, aussi minime soit-elle, lui apparaît comme une opposition titanesque. A nouveau, le conte rejoue cette disproportion avec ses personnages ; il y fournit même un apaisement, soit par la réussite (non obligatoire) de l'épreuve, soit par le traitement dédramatisé, que nous évoquions dans le chapitre précédent, que subit cette dernière. Ainsi les monstres, les ogres et les sorcières sont-ils des exagérations en regard du monde quotidien, mais ils s'adaptent tout simplement à la mesure de l'angoisse ressentie ; ils lui fournissent une expérience codée, appropriée et appropriable, et plus loin encore maîtrisable.

UnLeur monolithisme nécessaire au développement de l’enfant)

Dans le conte, tout élément physique – quelle que soit sa nature – se trouve doué d'une double capacité de sortir de son état et d'agir comme un être pensant ; ce sont là les conséquences de l'appropriation. Ceci dit, il est intimement lié à l'unicité de son identité : il n'est conçu que comme unidirectionnel, monolithique. Ses intentions ne changent pas : il est méchant ou bon, mais pour convenir aux besoins de la différenciation, il ne peut ni muer ni dévier de sa nature sans porter un préjudice décisif aux conceptions manichéennes qui président au conte (et à travers lui à l'inconscient).

DeuxLe problème concernant le clivage chez l’enfant
·Le pourquoi de ce problème

L'enfant découpe le réel en tranches de permanence, pour éviter d'être englouti par le manque de cohérence de ce dernier. Que sa mère le gronde, et par là même devienne une entité incompréhensible, loin de l'amour qu'il attend d'elle, il en fait dans son esprit deux : une sympathique, et une autre hostile. Il scinde en deux personnages constants cette personne fluctuante, selon son comportement (ses actes) et non selon son identité propre. Ainsi le conte permet une expression simple de mécanismes difficiles à cerner, et surtout pour l'enfant lui‑même. Ils vont en fait un peu plus loin que lui : s'il présuppose un clivage dans l'entité " mère ", en d'autres termes si la distinction qu'il fait entre bonne et mauvaise incarnation est vraie pour son inconscient mais contestée par l'affirmation de ses sens (sa mère est toujours identique à elle-même, au moins physiquement), il ne se le formule que rarement aussi radicalement. Cela reste une sorte d'idée, de penchant un peu nébuleux ; le conte, en lui donnant une structure imagée où ce pré-sentiment rencontre un écho plus abouti, résonne en lui d'une façon très sensible. Et même à des âges plus avancés : l'ambivalence des personnages que mettent en scène ces histoires, sous leur apparente immuabilité, reste de nos jours au moins, l'un des plus grands attraits de ces formes de narration.

·La mère ou la marâtre

Si une telle démarcation n'est ni flagrante, ni systématique dans le monde quotidien, elle est très bien illustrée dans le domaine du conte, par l'apparition fréquente de la marâtre comme image négative de la mère. La belle mère, invariablement hostile, vient dans le foyer comme pour nuire à l'enfant du premier lit. Elle lui enlève le père aimé, mais plus que cela elle s'en prend directement à lui - illustration de cette connivence aux sensibilités refoulées que nous avons déjà décelée dans nos textes (la jalousie qu'éprouve l'enfant se traduit par la méchanceté de cette fausse mère, qui est de plus renforcée par son assimilation à la mauvaise mère du domaine réel).

iProjection du « lecteur enfant » sur la marâtre / anti-héros

Dans tous les cas de figure, la marâtre, peut correspondre à une incarnation mauvaise de la mère ; mais elle peut aussi être habitée par une parente que craint l'enfant (une grand-mère par exemple) ; et, plus loin encore, elle peut être l'incarnation des pulsions de l'enfant lui-même, des penchants qu'il condamne déjà en lui (cela donc ne peut arriver qu'après la crise œdipienne) et qu'il incarne dans une image de son " mauvais moi ", distinct de l'idéal du héros. De là il ne faut pas loin pour trouver dans chaque intervenant autre que le héros (appelons ces derniers des personnages transversaux) une incarnation d'une partie refoulée du lecteur, une incarnation de lui-même, de certains instants de son existence, qui ne correspondent pas à l'idéal qu'il s'en fait - place dévolue au héros ; dans cette optique chaque personnage du conte équivaut donc à un " Moi de cet instant ", de " cet " instant " où j'ai agi de la même façon ".

iiExemples

Citons pour exemple Blanche Neige, Cendrillon, la Belle et la Bête, la mauvaise fée de la Belle au Bois Dormant, la sorcière dans HANSEL et GRETEL y répondent tout aussi bien. Dans Blanche Neige, la sorcière est jalouse de sa belle fille ; elle est une image de la méchante mère, qui, pour l'enfant, voit dans sa descendance une rivale. Maintenant, la méchante sorcière tente Blanche Neige par des appâts qui lui promettent plus de beauté encore (un ruban, un peigne) : Blanche Neige y succombe, allant par là vers le même narcissisme que celui de sa belle-mère. Elle s'efface à son profit - et tombe dans le coma, laissant la reine seule, incarnation de ses mauvais penchants pour l'orgueil, habiter l'histoire. De fait, la sorcière est aussi (mais pas seulement) une incarnation des pulsions d'orgueil, de narcissisme de notre héroïne, et donc du lecteur. Ce dernier les refusant, le conte permet de les mettre en scène sous la forme de l'opposant - autrement dit de ce qu'il faut dépasser.

üLa marâtre « au masculin »

On peut aller plus loin encore, et trouver dans les personnages masculins une homologie de construction avec les Barbe Bleue, les Ogres, les loups parfois, etc.

bExemples selon les différentes cultures

L'exagération des traits, les motivations intrinsèques à leur nature, l'absence de nom individuel au profit d'une appellation se faisant par les caractères physiques (BLANCHE NEIGE, BOUTON D'OR, etc.), la répétition des formes et des identités d'un conte à l'autre (l'omniprésence du prénom Ivan dans les contes russes, la persistance de la nature de l'opposant - le loup, BABA YAGA, l'Ogre, la Marâtre, etc.), tout concourt à cette prédestination du personnage.

ivDit historique

Dans l’attitude de ces personnages comiques (dont l’exemple le plus frappant nous est fourni par le bouffon de cour bafouant les conventions sociales) de légères traces de la signification originairement révolutionnaire du symbole phallique matriarcal. On trouve une allusion à ce point dans une des préfaces de G. B. SHAW : « Tout despote doit pour être maintenu dans un état sain, avoir un Sujet déloyal… La démocratie de nos jours a confié le sceptre du despote au peuple souverain, mais le peuple a besoin, lui aussi, d’un confesseur et ce confesseur s’appelle la Critique. La Critique n’est pas seulement médicalement salutaire, elle exerce sur le peuple une attraction positive par sa cruauté, ses allures et ses procédés de gladiateur, la satisfaction qu’elle procure à la jalousie en s’attaquant à ce qui est grand et celle qu’elle procure à l’enthousiasme en jouant ce qui est bien. Elle peut dire des choses que beaucoup voudraient dire, mais n’osent pas… Ses iconoclastes, ses révoltes, ses blasphèmes lorsqu’ils sont bien dirigés taquinent ceux qu’ils choquent. C’est ainsi que la Critique cumule les privilèges du bouffon de cours avec ceux du confesseur. Si GRAICK GARRICK avait appliqué au docteur JOHNSON le surnom de PUNCH, il aurait dit une chose profonde et spirituelle, tandis que le docteur JOHNSON, en lançant cette épithète à GARRICK, n’a utilisé que l’injure la plus minime qui puisse s’adresser à un acteur. »

vDit dans le roman arthurien

Certains auteurs utilisent des personnages historiques connus comme JEANNE D’ARC, ALIENOR D‘AQUITAINE, qui ont laissées leur nom dans la mémoire collective et dont les actions sont historiquement attestées. Mais quelques auteurs utilisent des personnages qui ont existé mais qui ne sont pas ou peu connus mais qui ont participé à une action, un événement historique connus. Avec ces personnages, les auteurs nous font participer à de grands évènements qui ont façonné notre passé : biographie romancée d’une famille royale, guerres... C’est un type de roman difficile à écrire, puisqu’il faut introduire de l’imaginaire dans une vérité bien connue par des sources scientifiquement étudiées. Ces romans permettent de donner à l’enfant une autre vision du personnage ou de l’événement historique qu’il a vu et appris pendant ses cours d’histoire. Par exemple Brigitte COPPIN a écrit un roman sur la vie d’ ALIENOR D’AQUITAINE.

 

Chapitre 2 PERSONNALITE

aFacteurs le déterminant

iSelon

aBETTELHEIM

Contrairement à ce que suggère la théorie psychanalytique, la société a une incidence sur la dynamique de la personnalité et que, par ailleurs, l’évolution de la personnalité ne dépend pas aussi exclusivement qu’on l’a supposé de la biologie et des premières expériences de l’enfant, sans égard pour le milieu où il évolue.

UnSociété

Si par ailleurs, la société a une telle influence sur la personnalité, il importe de mieux comprendre de quelle façon elle opère. Il faut surtout que l’homme soit mieux protégé, par l’éducation ou d’autres moyens, contre son effet potentiellement destructeur. Il faut qu’il soit mieux équipé pour modifier la société de façon qu’elle ne soit plus un obstacle à son épanouissement, mais un cadre qui le facilite et l’encourage. Bref, il faut à la fois que l’homme mène en société une vie qui soit bonne et qu’il crée à chaque génération la société qui est bonne pour lui et pour les autres. Dans ces conditions, il semble à BETTELHEIM que nous ne pouvons plus envisager de modifications de la personnalité indépendamment du contexte social. Même si, dans certains cas, l’environnement n’est pas en cause, il n’en est plus ainsi pour le grand nombre, et si le rythme d’évolution de la société s’accélère encore, ce ne sera même plus vrai pour la minorité. Il suffit de penser à la révolution CHINOISE et à la modification radicale qu’elle affirme avoir opéré dans la personnalité CHINOISE qui, plus qu’aucune autre, semblait confinée dans des structures traditionnelles immuables. Ce que la psychanalyse a déjà apporté à l’édification de la personnalité dans un contexte social stable doit aujourd’hui être réalisé pour une personnalité et un contexte social en interaction et en évolution constante.

bTypologie 

iDite anti-sociale

Désigne un trouble de la personnalité caractérisé par l’inobservation des règles sociales, l’indifférence affective, une violence impulsive ou une froide insensibilité. Le comportement est très éloigné des normes sociales admises. Il n’est pas modifiable par l’expérience y compris les sanctions. Les Sujets de ce type sont inaffectifs et peuvent être anormalement agressifs ou irresponsables. Ils supportent mal les frustrations, accusent les autres ou fournissent des explications spécieuses pour les actes qui les mettent en conflit avec la société.

iiDite multiple

Trouble de l’identité qui se traduit par la coexistence chez un Sujet d’une ou de plusieurs personnalités séparées les unes des autres et donc chacune peut prendre à tour de rôle le contrôle de l’ensemble des manières d’être de l’Individu en question au point de lui faire vivre des doubles vies. Cette notion de personnalité multiple est issue du magnétisme et relève d’une conception de l’inconscient antérieure à la doctrine FREUDIENNE. Elle est liée aux phénomènes de somnambulisme, de spiritisme et d’automatisme mental tels qu’ils apparaissent au milieu et à la fin du 19ème siècle, dans l’histoire de la première psychiatrie dynamique. Le premier cas fut décrit en 1815 par le médecin américain John KEARSLEY MITCHELL qui raconta l’histoire de Mary REYNOLDS, jeune fille de 19 ans atteinte d’une dissociation complète de la personnalité. Elle eut deux vies différentes jusqu’à l’âge de 35 ans, et vécut ensuite dans son état second sans jamais plus en sortir jusqu’à sa mort. Dans son premier état elle était calme et plutôt dépressive, tandis que dans le second elle se montrait manique, créative, débordante d’activité et d’imagination. Cette notion tomba en désuétude vers 1910 et fut remplacée par des concepts issus de la nosographie BLEULERIENNE ou de la psychanalyse : dissociation, clivage, dépersonnalisation. C’est Théodore FLOURNOY en 1900 avec l’histoire de la spirite Catherine‑Elise MÜLLER (1861‑1929) l’une des meilleures descriptions du phénomène de double vie.

 

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13 juillet 2007

VDS95 PSYKA L'AUXILIAIRE DANS LES CAUCHEMARS D'ENFANTS

Chapitre 33 AUXILIAIRE

aApparaît dans 

iCauchemars

aL’auxiliaire avertit la victime

C’est cette action par laquelle un personnage en avertit un autre de l’existence d’un danger. Dans les deux cas les plus nets, cette action correspond d’ailleurs à un changement de rôle : après avoir été attachée par l’agresseur et au moment où celui‑ci se prépare à entrer dans la chambre des parents, la victime devient leur auxiliaire en les avertissant du danger. Mais, l’auxiliaire peut ne pas tenir compte des avertissements de l’auxiliaire.

bL’auxiliaire se cache

Cette action, dont on sait qu’elle n’a pas la même signification selon qu’elle est accomplie par les victimes ou par les agresseurs, montre encore son ambivalence lorsqu’elle est le fait d’auxiliaire. Elle peut se situer dans le contexte d’une démonstration de force d’un auxiliaire qui va ensuite s’opposer efficacement à l’agresseur, tandis que dans le 3ème, elle succède à une manifestation d’impuissance d’un auxiliaire qui va ensuite faire figure de victime après s’être livré lui‑même à l’agresseur.

cL’auxiliaire se déguise

Attribut ou action significative de l’agresseur, le déguisement dans quelques cas où il est le fait d’auxiliaires, comporte un accroissement de puissance que le contexte démontre clairement : il peut être d’une valeur supérieure au fait de se cacher, et succéder à une 1ère intervention victorieuse des auxiliaires ; ou encore, par exemple, il peut se substituer à l’intervention demandée à d’autres auxiliaires et constituer le début d’une opposition efficace à l’agresseur.

dL’auxiliaire délivre la victime

La victime n’est pas en mesure de se libérer par ses propres moyens et reçoit l’aide d’un auxiliaire. Cela se produit donc après qu’elle ait été capturée ou réduite à l’impuissance. La victime se délivre plus souvent grâce à l’intervention d’un auxiliaire que par ses propres moyens. De plus, c’est au danger du feu que la victime peut se trouver arrachée par l’intervention d’un auxiliaire. Cette intervention se trouve en général être efficace : elle est la conclusion du récit ou se trouve suivie de soins ou du retour de la victime chez elle ou encore d’une association efficace entre la victime et l’auxiliaire contre l’agresseur.

eL’auxiliaire demande de l’aide

Cela appartient à une série dont chacun des membres a peu d’occurrences, mais dont l’ensemble éclaire de façon significative la sphère d’action de l’auxiliaire : dans ces différents cas, l’auxiliaire se trouve en difficulté, soit dans ses interventions en faveur de la victime, soit dans son opposition à l’agresseur. Le cas le plus simple est celui où l’auxiliaire doit demander de l’aide. Cela se produit si l’on considère que les objets de valeur remplissent la fonction de la victime, leurs possesseurs apparaissent comme des auxiliaires qui doivent à leur tour demander de l’aide aux autorités. On peut y voir également un groupe d’auxiliaires mis en difficulté par l’agresseur aller chercher l’aide d’un nouvel auxiliaire, dont la puissance emprunte ses traits à ceux qui caractérisent d’habitude les agresseurs ; de même, un premier auxiliaire s’étant mis en difficulté, on doit en appeler d’autres à l’aide ; la chaîne des auxiliaires peut même comporter trois maillons : un 1er auxiliaire ayant manifesté son impuissance appelle à l’aide un 2nd groupe d’auxiliaires qui demandent à leur tour l’intervention de secoureurs davantage qualifiés. Il est d’ailleurs des cas où l’action des auxiliaires et des victimes constitue un tout compact avec de nombreux échanges de services mutuels.

fL’auxiliaire s’expose au danger

Il fait partie des interventions normales des auxiliaires d’aller à la rencontre des agresseurs pour s’opposer à eux ou secourir les victimes. L’auxiliaire peut aller se cacher précisément à l’endroit où se tient l’agresseur, se précipiter par erreur dans son repaire, etc. L’auxiliaire devient alors l’objet des méfaits que subissent d’habitude les victimes : capture, réduction à l’impuissance, mais cependant avec des conséquences différentes : par une sorte de compensation les malheurs des auxiliaires contribuent à la libération des victimes. Il y a là une succession d’échanges de rôles.

gL’auxiliaire inflige des sévices à l’agresseur

L’auxiliaire peut emprisonner l’agresseur, lui infliger des sévices, ou encore le tuer, en le frappant ou en l’assommant. Cela sera perçu comme une sorte de réparation pour tous les sévices qu’aura commis l’agresseur.

UnIl le tue

Cela peut être très souvent atroce, ou avoir également un aspect magique (mais attention que l’agresseur ne ressuscite pas), être révélateur d’une gourmandise de l’agresseur, etc. Cela est précédé ou cela succède à l’aide apportée à la victime. L’auxiliaire utilise souvent une ruse.

hL’auxiliaire se manifeste

La manifestation de l’auxiliaire n’est jamais l’objet d’une mise en scène dont l’entrée en action des agresseurs est souvent parée. Toutefois, elle peut revêtir bien une fonction, comme le montrent ses conséquences : la simple apparition des auxiliaires constitue une menace dont l’agresseur tient compte en se livrant à un étrange ballet, se cacher pour ressortir par la cheminée, par exemple. Elle peut également n’être sans conséquence et, du coup, être une déception pour la victime. Par contre, dans certains récits, on peut relever un élément indiquant l’entrée en scène de l’auxiliaire, il est plus sage de le considérer comme un élément de liaison plutôt que comme une action significative du récit.

iL’auxiliaire s’oppose à l’agresseur

On peut y classer diverses actions par lesquelles l’auxiliaire empêche de nuire l’agresseur. Cela se justifie par le fait que les interventions actives des auxiliaires contre l’agresseur sont beaucoup plus nombreuses et variées que celles des victimes. L’auxiliaire peut : s’armer : tirer des coups et mettre en fuite les agresseurs ; mais aussi, essayer d’empêcher l’agresseur d’entrer ou tenter de le chasser ; ou encore s’opposer à lui d’une façon que le récit ne précise pas ; ou ne pas être efficace dans cette démarche. L’intervention de l’auxiliaire est soit suivie d’une autre plus décisive (l’agresseur est mis hors d’état de nuire, la victime reçoit des soins ou est libérée), soit vouée à l’échec : l’agresseur parvient néanmoins à tuer la victime, ou revient après s’être éloignée, ou encore tue l’auxiliaire (mais meurt ensuite).

jL’auxiliaire poursuit l’agresseur

Il s’agit d’une action par laquelle l’opposition de l’auxiliaire à l’agresseur se précise, l’agresseur peut avoir enlevé une victime et sa poursuite peut donc être interprétée comme une action par laquelle l’auxiliaire essaye de la retrouver. Cela peut être un résultat en partie négatif : les agresseurs s’éloignent ou disparaissent, d’autres agresseurs poursuivent l’auxiliaire, l’auxiliaire perd de vue l’agresseur et tombe, etc.

kL’auxiliaire ramène la victime

Après avoir mis l’agresseur hors d’état de nuire ou après avoir délivré la victime, l’auxiliaire reconduit celle‑ci dans ses lieux habituels. C’est un déplacement significatif qui compense celui subi par la victime du fait d’un enlèvement mais aussi le déplacement par lequel la victime s’expose au danger. Il peut y avoir diverses variantes : le même personnage peut ramener la victime à la maison après l’avoir enlevée et emmenée dans son repaire ce qui est un cas exceptionnel où un même individu réalise successivement des fonctions de l’agresseur et une fonction remplie typiquement dans les autres cas par celui que nous appelons auxiliaire.

lL’auxiliaire réduit l’agresseur à l’impuissance

Il s’agit de tous les cas où l’agresseur (représenté en général par la police) met l’agresseur en prison. Alors que dans les cas où c’est la victime qui est emprisonnée. On a considéré cet événement comme un sévice, il semble plus légitime de considérer ici que, s’agissant de l’agresseur, le fait de l’enfermer revêt principalement la signification d’une action qui vise à l’empêcher de nuire. Outre l’emprisonnement, l’auxiliaire peut s’emparer de l’agresseur et le réduire à l’impuissance en l’enfermant dans une cage. La capture de l’agresseur peut se combiner avec une action réparatrice : victime ou objet de valeur récupéré, les deux actions étant réalisées dans un ordre variable.

mL’auxiliaire refuse l’aide demandée par la victime

Lorsque la victime crie ou appelle au secours, la réponse du personnage auquel elle s’adresse peut être positive, auquel cas elle est une action appartenant à l’un des constituants : secours porté à la victime ou opposition à l’agresseur. Mais, il arrive aussi que la demande de la victime ne soit pas agrée par le personnage auquel elle s’adresse. Le refus de l’auxiliaire peut être plus ou moins patent : la victime appelle au secours sa mère, celle‑ci s’éloigne, elle demande à son frère de s’opposer à l’agresseur, par exemple. Le refus d’assistance peut être exprimé d’une manière plus discrète : la victime, perdue, demande son chemin, et on lui répond qu’on ne sait, par exemple, ou, d’une manière plus détournée : il y a le feu, on appelle les pompiers ; de même, la victime d’un vol s’adresse aux gendarmes, mais ceux‑ci peuvent être partis en vacances, par exemple. Analogues encore, sans doute, les cas où la victime crie, mais on ne l’entend pas ; les auxiliaires arrivent, mais ne voient pas la victime. D’une manière plus implicite encore le récit peut contenir sans doute un refus d’assistance : après avoir enlevé la victime, l’agresseur exige une rançon, la rançon n’ayant probablement pas été payée, il étrangle la victime, ou l’auxiliaire arrive trop tard et la victime est déjà morte, etc. Bien entendu, cet événement suit toujours une demande d’aide et, dans la plupart des cas, il constitue une conclusion pessimiste du récit.

nL’auxiliaire recherche la victime

Lorsque la victime a été enlevée, mais aussi lorsqu’elle est confrontée à d’autres dangers (incendie ou noyade), des personnages secourables peuvent se mettre à sa recherche. Cela se produit régulièrement, avec un succès inégal, l’auxiliaire pouvant lui‑même se trouver en danger et avoir besoin à son tour d’aide. Parfois, le récit développe le thème de la quête, dont les péripéties deviennent l’élément dramatique mis au premier plan, ce qui fait des auxiliaires les principaux personnages de l’action.

oL’auxiliaire retrouve la victime

La quête de l’auxiliaire peut être couronnée de succès ou ne pas l’être.

pL’auxiliaire soigne la victime

Lorsque la victime, dans une phase antérieure du récit, a été malade ou blessée (notamment en subissant des sévices) l’auxiliaire peut, parfois après l’avoir arrachée au danger, lui administrer des soins ou la conduire dans un lieu spécialisé à ces fins (l’hôpital, car piquée par un serpent, mordue par des loups, brûlée dans un incendie, écrasée par une voiture, atteinte de la varicelle, etc.). Dans la plupart des cas, l’issue est favorable à la victime, mais non dans tous : malgré les soins reçus, la victime peut mourir.

qL’auxiliaire tombe

Dans certains récits où figure cet événement, c’est une indéniable manifestation de faiblesse de l’auxiliaire qui en vient à se comporter comme les victimes les plus démunies : l’auxiliaire fait une chute dans un ravin après avoir tenté en vain de rattraper l’agresseur, ou tomber à l’eau, s’expose ainsi au danger et doit être secouru.

 

13 juillet 2007

VDS95 PSYKA AGRESSEUR DANS CAUCHEMARS ENFANTS 130707

Chapitre 1 AGRESSEUR

aApparaît dans

iLes cauchemars

aL’agresseur s’approche de la victime

Par cette action, l’agresseur réduit la distance qui le sépare de la victime. Dans la majorité des cas, cette action de l’agresseur succède à son irruption, mais aussi à sa simple manifestation ou à l’action par laquelle la victime s’expose au danger. Quant aux événements qui lui succèdent, ils se répartissent également en nouvelles actions de l’agresseur (poursuite, capture, éduction à l’impuissance, sévices ou meurtre) et actions défensives de la victime : fuite, aide demandée ou reçue. Enfin, le récit peut s’interrompre après avoir mentionné l’approche de l’agresseur.

bL’agresseur se cache

On peut remarquer qu’une même action a une signification différente selon le personnage qui l’exécute. En effet, le fait pour l’agresseur de se cacher se traduit par un surcroît de puissance alors que pour la victime il était une simple action défensive, bien souvent inefficace d’ailleurs. L’agresseur peut utiliser la magie pour disparaître ou se cacher, par exemple, dans une grotte. On peut noter qu’à l’apparition d’un auxiliaire, l’agresseur peut se cacher et réapparaître ce qui mettra l’auxiliaire en position de faiblesse, lequel cherchera de l’aide. Tout se passe comme si en se cachant l’agresseur s’était retrempé dans son élément et se manifestait ensuite avec une puissance accrue. Généralement, ce constituant a un caractère statique plutôt que dynamique : l’agresseur est caché. Il pourrait alors être considéré soit comme une motivation (expliquant dans certains cas pourquoi la victime se dirige vers son agresseur) ou encore comme une espèce d’attribut de l’agresseur.

cL’agresseur se déguise

Il s’agit beaucoup plus souvent d’un attribut de l’agresseur que d’une action ayant pour elle‑même une signification dans le récit. Le fait, pour un auxiliaire de se déguiser, a une signification morphologique plus précise.

dL’agresseur emmène la victime dans son repaire

Par cette action, l’agresseur impose un déplacement à la victime, mais tandis que l’enlèvement est caractérisé par son point d’origine, c’est la narration qui est caractéristique de ce déplacement : le lieu d’arrivée est toujours le repaire de l’agresseur. Cette décision de décomposer un même mouvement en deux parties définies l’une par le point de départ et l’autre par le point d’arrivée se justifie par l’insistance de nombreux récits non seulement sur les déplacements mais aussi sur les lieux : elle sera discutée à nouveau lorsqu’on étudiera plus précisément la signification des lieux et des mouvements dans le cauchemar. Le repaire peut être caverne, grotte toute noire, vieille cabane dans la forêt.

eL’agresseur s’empare

Un… de la victime

Il s’agit d’une action ponctuelle par laquelle l’agresseur se saisit de sa victime et que l’on homologue indépendamment de toute indication de lieu ou de déplacement.

Deux… d’un objet de valeur

L’agresseur peut commettre un cambriolage. Quand sa nature est précisée, l’objet dérobé est un objet de valeur : argent, sac à main, bijoux, etc. D’ailleurs, il est possible que l’objet change d’identité en cours de récit, par exemple si l’objet est un contenant (une valise avec de l’argent qu’il y avait à l’intérieur). Mais, le cambriolage peut également s’accompagner d’une capture de la victime. De toute façon, avec ou sans capture de victime, l’objet est souvent personnifié et sa perte est vécue comme une perte véritable pour l’enfant, en cela que l’objet aimé devient séquestré dans le repaire de l’agresseur.

·Etape répandue

Généralement, l’irruption est toujours présente dans les récits.

·Diverses étapes possibles

Réduction à l’impuissance de la victime, transport au repaire, meurtre ou encore fuite (avec ou sans aide d’auxiliaire).

fL’agresseur enlève la victime

C’est une action par laquelle l’agresseur impose à la victime un changement de lieu. L’enlèvement apparaît donc comme un événement significatif du récit qui mérite, malgré les difficultés, d’être distingué et de la simple capture et du transport au repaire.

gL’agresseur inflige des sévices à la victime

C’est une sorte de rubrique des « coups et blessures ». Il convient de distinguer des formes normales : les formes affaiblies de sévices et une forme spéciale : les lésions.

UnLes formes normales

L’agresseur frappe la victime, lui donne des coups de fouet, lui inflige des tortures, tentative de mort de faim. Il s’agit dans bien des cas d’une atteinte douloureuse à l’intégrité du corps. Cependant, il arrive qu’il y ait attaque bien davantage cruelle : fouet, ou encore morsures et donc supplice et lésions.

DeuxSévices de nature verbale

Cela concerne les questions posées par l’agresseur à sa victime, elles peuvent avoir une connotation sexuelle. L’agresseur peut encore menacé de tuer la victime, sans le faire de façon effective : la menacer de la dévorer, de la brûler vive, etc. La victime peut finir par s’enfuir, dans le verbal n’aura pas l’occasion d’être accompli, elle aura pu bénéficier d’une aide d’un auxiliaire.

TroisFormes affaiblies de sévices : proches de l’humiliation

Cela est assez voisin des tâches pénibles. L’agresseur peut lui ôter ses vêtements, lui imposer de faire du ménage, faire tomber la victime de son lit, l’allonger sur une table, etc.

QuatreDifférents sévices n’entraînant pas la mort

Cela est le plus souvent : piqûres, morsures, coups de cornes, blessures résultant d’armes blanches, enfermement et dans une sorte de prison (ce qui symbolise une sanction par excellence) : lâcher la victime dans un labyrinthe, une cave, une chambre sans lumière, etc. Du point de vue de leur place dans le récit, ces sévices ne sont malheureusement pas bien caractérisés par les événements qui les précèdent, trop divers. Ils le sont un peu mieux par ceux qui leur succèdent : le meurtre, mais aussi des actions par lesquelles la victime se défend ou des interventions auxiliaires. Or, la distribution des événements qui suivent la forme typique des sévices est sensiblement analogue : meurtre, opposition de la victime, intervention d’auxiliaires, etc.

CinqDifférents sévices entraînant la mort

La différence entre meurtre et sévices n’est pas toujours nette, et bien souvent le meurtre apparaît comme une amplification des sévices.

Le meurtre de la victime est un événement fréquent, mais représente généralement un événement culminant et ultime du récit, bien qu’à la mort, parfois, le récit continue : il peut arriver que des auxiliaires s’en prennent à l’agresseur, autre cas de figure possible, une victime peut être tuée et les autres peuvent réussir à s’enfuir. Ou, une victime dévorée peut réussir à s’en sortir…

Les événements qui le précèdent sont, le plus souvent, la manifestation ou l’irruption de l’agresseur, la capture ou la réduction à l’impuissance, les sévices. Cela peut être exécuté de différentes manières, d’où l’utilité d’en examiner les variantes et d’indiquer les raisons qui conduisent à les enregistrer néanmoins dans une même classe d’événements. Les cas les plus simples, et aussi les moins instructifs, sont ceux où le récit ne précise pas la manière dont le meurtre est accompli, seul le terme « tuer » est employé. Parmi les formes du meurtre que spécifie le récit, on peut distinguer les suivantes : l’agresseur dévore la victime, l’étrangle, la jette au feu ou la brûle, la précipite dans l’eau ou dans le vide, lui administre du poison, la tue avec des armes blanches, lui coupe la tête, la coupe en morceaux, l’écrase en la piétinant, etc. La distribution des événements qui précèdent le meurtre est sensiblement la même pour les différentes variantes du meurtre.

hL’agresseur fait irruption chez la victime

La rencontre entre l’agresseur et la victime est un moment important du cauchemar. Lorsque cette rencontre se produit à l’extérieur, en particulier dans des lieux ou des circonstances favorables à l’agresseur : la victime s’expose au danger. Lorsque le récit ne précise pas le lieu de cette rencontre, on considère qu’il s’agit d’une manifestation de l’agresseur. Le lieu violé par l’irruption de l’agresseur est soit la maison de la victime, soit une de ses parties (chambre à coucher, le plus souvent), soit encore dans le lit de la victime. On a cru pouvoir homologuer un cas où les agresseurs font irruption à l’intérieur d’un compartiment de chemin de fer où dorment les victimes. En effet, dans plusieurs récits, la victime est dans son lit, en train de dormir, au moment où l’agresseur pénètre chez elle, sans oublier que l’agresseur peut sortir la victime de son lit. Dans le cas où le récit le précise, l’irruption est une action violente, accompagnée d’effraction, ou au contraire un action insidieuse : l’agresseur possède une clef dont il s’est éventuellement emparé. Les fenêtres représentent sans doute une faiblesse dans la protection qu’assure le domicile, puisque c’est souvent par là que l’agresseur fait irruption, parfois en volant. Pour ce qui est de ses contextes, l’irruption est une action presque toujours initiale. L’irruption peut même être le seul événement dans le cauchemar. La victime peut bénéficier de l’aide d’un auxiliaire ou laquelle, au contraire, fait le jeu de son adversaire en s’approchant de lui ou en tombant. Sinon, le schéma peut être le suivant : approche, rapt, cambriolage, réduction à l’impuissance, sévices, ou encore meurtre.

iL’agresseur se manifeste (au moins par sa présence)

La manifestation de l’agresseur est l’un des événements les plus fréquents du cauchemar et il n’est pas rare que dans un même récit, l’agresseur ou l’un de ses associés se manifeste plusieurs fois. La simple mention de la présence d’un agresseur peut constituer en elle‑même un récit de cauchemar. Mais, dans nombre de cas, cette présence est l’objet d’une mise en scène et surtout, dans la majorité de ses occurrences, la manifestation de l’agresseur a une valeur dramatique démontrée par le contexte. C’est ce dernier point qui rend légitime d’accorder à la simple présence de l’agresseur la valeur d’un événement : c’est en tant que cette présence est chargée de menaces, donc d’actions possibles, qu’elle est un moment réel du récit. Mais, elle est elle‑même, dans suffisamment de cas, un événement dont il importe de relever comment il s’actualise et quelles conséquences il entraîne.

UnLa simple présence

Cela est très courant chez les enfants jeunes, voire très jeunes. Généralement, ces apparitions ne comportent aucune indication de lieu. La présence de l’agresseur constitue une fonction de l’agresseur. De façon typique, l’apparition précède le fait que l’agresseur dévore la victime.

DeuxFormes renforcées de la présence

En général, le mouvement ou une spécification de l’action est renforcée : des animaux peuvent montrer leurs dents, l’atmosphère devient alors lourde et menaçante.  Une forme encore plus marquée de la menace est l’attaque. Dans ces récits, il est d’ailleurs généralement possible d’identifier la victime, mais la nature exacte des actions subies par elle reste encore conjecturale. Pourtant, dans certains cas, un commentaire du sujet permet d’affirmer qu’il s’agit bien d’une façon plus explicite d’exprimer des actions de l’agresseur. Il paraît donc légitime de considérer ce que l’on a appelé provisoirement des « formes renforcées » de la présence plutôt, ainsi qu’on l’a déjà proposé pour les formes simples de présence, comme des expressions dégradées d’actions à la fois plus précises et sans doute plus nombreuses : de même la simple présence, l’attaque peut être l’expression concentrée à la fois de l’approche d’un agresseur et de l’exécution de quelques‑uns de ses méfaits habituels.

TroisModalités de la présence

De nombreux récits réalisent une mise en scène significative de l’apparition de l’agresseur et créent de la sorte une ambiance dramatique. Par exemple, l’agresseur, avant de se montrer à sa victime, peut lui faire connaître sa présence par des signes inquiétants : par des bruits qui sont d’autant plus effrayants, parfois, que la victime est dans l’obscurité. Plus impressionnantes encore, les manifestations d’un agresseur qui reste néanmoins invisible. Parfois aussi, la présence des agresseurs se fait insistante, leur menace se précise : ils entourent la victime, la dominent, ou se multiplient et, tout en n’exécutant aucune action, lui coupent toute retraite et la réduisent, par leur seule présence multipliée, à l’impuissance. Certains récits amplifient ce procédé : tout y est présence mystérieuse de l’agresseur. Il est possible que soit ainsi exprimée la puissance de l’agresseur, comme aussi dans les récits où c’est sa façon d’apparaître qui est soulignée : mystérieuse et inattendue quand c’est par le trou d’une cheminée ou encore d’ailleurs très cinématographique dans ces récits où l’agresseur se manifeste par plans successifs. De même que certaines des conditions dans lesquelles la victime s’expose au danger soulignaient sa faiblesse, certaines des modalités d’apparition de l’agresseur suggèrent sa puissance.

QuatreContexte de la manifestation de l’agresseur

L’étude des actions qui suivent l’apparition de l’agresseur permet d’établir que celle‑ci possède bien une fonction dans le déroulement du récit. Généralement, c’est une nouvelle action de l’agresseur qui s’ensuit : approche, poursuite, capture, etc. Mais, aussi souvent, c’est une action de la victime qui a lieu : fuir, se cacher, s’opposer à l’agresseur, demander de l’aide – ou en recevoir – quand ce n’est pas tomber et faire ainsi le jeu de l’agresseur. Dans d’autres récits, au contraire, c’est par l’événement qui précède la manifestation de l’agresseur qui peut être démontrée la fonction de celle‑ci dans le récit. Par exemple, lorsque la victime fuyant un premier danger se trouve en face à un agresseur. Il est clair alors que la manifestation de l’agresseur constitue un obstacle à l’action de la victime. L’agresseur ayant transportée la victime dans son repaire, la victime se trouve en présence de nouveaux agresseurs. Mais, bien souvent, les nouveaux agresseurs ne se livrent à aucun forfait et se contentent, pour ainsi dire, d’imposer leur présence à la victime. En comparant ces à ceux où les nouveaux agresseurs s’en prennent à leur victime, on peut se demander si la seule présence n’y équivaut pas à des sévices. On voit, en tout cas, que s’il est des récits où la présence est un équivalent dégradé d’autres actions, il en est aussi où elle se révèle un élément effectif de l’action dramatique. S’il est légitime de classer les personnages en fonction des actions qu’ils exécutent, il n’en demeure pas moins que chaque personnage est aussi porteur des actions qu’il pourrait accomplir, et que sa simple apparition les évoque déjà.

jL’agresseur poursuit la victime

Il s’agit ici d’une action par laquelle l’agresseur réduit la distance qui le sépare de la victime. Mais, il y a deux traits distinctifs : l’agresseur et la victime ne sont pas face à face ; la victime est généralement en mouvement, si bien qu’il y a quelque raison de considérer que la poursuite cumule deux actions, l’une de l’agresseur et l’autre de la victime. Cette dernière composante est manifeste dans plusieurs récits, soit que la fuite de la victime précède l’action de l’agresseur, soit qu’elle soit mentionnée après. D’une manière moins explicite, il est clair que la victime poursuivie est elle‑même animée d’un mouvement de fuite : lorsque l’action immédiatement précédente réalise une confrontation entre l’agresseur et la victime (manifestation ou approche de l’agresseur) la poursuite implique un et même deux déplacements de la victime : se retourner et fuir.

kL’agresseur réduit la victime à l’impuissance

Il s’agit d’actions par lesquelles l’agresseur neutralise les possibilités de défense de la victime : en la ligotant, il l’empêche soit de combattre soit de fuir, en la bâillonnant il l’empêche de crier ou d’appeler à l’aide, en l’enfermant il lui ôte toute possibilité de fuite. on a considéré comme leur étant équivalents ceux où les agresseurs encerclent leur victime, ce qui a pour effet de lui supprimer la possibilité de s’enfuir, ainsi que quelques cas où la capture de la victime est réalisée de façon telle qu’elle entraîne son immobilisation. On voit que si la réduction à l’impuissance peut être exécutée de diverses manières, sa signification dans l’action est bien définie. Elle peut d’ailleurs connaître des degrés. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, capture et réduction à l’impuissance se laissent assez bien distinguer, même si la réduction à l’impuissance apparaît comme une forme renforcée de capture. Concernant l’utilisation d’un véhicule utilisé par l’agresseur, la question est de savoir s’il faut le considérer comme un simple moyen de transport ou comme une forme de repaire. Mais, dans les deux cas, cela entraîne une réduction à l’impuissance pour la victime. Généralement, la réduction à l’impuissance est suivie le plus souvent de sévices et parfois, y succède un meurtre. La victime ne tente pas souvent de se défendre, mais, plus souvent, elle demande et obtient de l’aide d’auxiliaires.

 

12 juillet 2007

VDS95 PSYKA VICTIME CAUCHEMARS 110707

Chapitre 1 VICTIME

aApparaît dans le cauchemar

iDifférentes situations possibles

aLa victime est accidentée (par voiture)

Cela symbolise le risque de l’accident et à travers cela, la destruction qu’encourt la victime et donc une transformation du bénéfique en maléfique. Comme pour le feu, le caractère animé des véhicules aurait pu inciter à en faire des agresseurs, mais l’existence d’une intention apparaîtra comme un trait essentiel de l’action de ceux‑ci.

bLa victime demande de l’aide

La victime crie souvent pour demander de l’aide. Le cri est une des actions qui renvoient au problème des interférences entre la veille et le rêve. On peut noter que s’il est manifeste que le fait de crier équivaut à un appel à l’aide, il est d’autres cas où il semble bien être une façon pour la victime de tenter de dissuader son agresseur, ce qui permet de le rapprocher des actions par lesquelles la victime s’oppose à l’agresseur. La demande a plusieurs variétés, selon qu’elle est lancée à la cantonade, ou qu’elle est adressée à une personne déterminée, un auxiliaire. On remarquera aussi les cas où la victime demande de l’aide en recourant au téléphone qui sont surtout intéressants par la nature des contrariétés que la victime subit ou des méprises qu’elle commet. Quant aux conséquences, elles montrent combien l’action de la victime rencontre de difficultés dans ce monde du cauchemar : l’aide est obtenue ou l’aide obtenue n’aboutit à aucun avantage, soit que l’auxiliaire refuse ou qu’il soit incapable d’en donner ou que l’appel ne soit pas entendu ou encore, pire, qu’il alerte un agresseur.

cLa victime s’arme

Ce constituant relève des actions de la victime qui représentent l’éventuel commencement de son opposition au malheur et, en particulier, à l’action de l’agresseur. On constatera qu’après s’être armée la victime ne se montrera pas toujours capable de s’opposer à l’agresseur. L’arme peut être à la fois défensive, tout comme offensive.

dLa victime se cache

La victime peut se soustraire au danger en se dissimulant. Dans la plupart des cas, la victime se cache pour échapper à un agresseur.

eLa victime s’expose au danger

La victime, d’une façon ou d’une autre, accomplit une action qui a pour conséquence de la mettre en présence d’un agresseur ou de l’exposer à un danger. Nombreux cas pourraient paraître innocents, voire insignifiants, mais, sur certains, pèse un tel accent d’intensité, les actions y revêtent une telle insistance, que la victime semble bien rechercher le danger, être le 1er auteur de ses malheurs et même se faire le complice de son agresseur. Les lieux jouent un grand rôle, en particulier la différence entre les lieux familiers, protecteurs ou secourables, et ceux, tel le domaine de l’agresseur, où s’actualisent les dangers.

fLa victime est écrasée

A travers l’écroulement d’un support, le danger est d’être pris dans cet écroulement qui se retrouve généralement dans les cauchemars. Cela figure d’une façon limpide l’impuissance.

gLa victime s’enfuit

Autrement dit, la victime s’éloigne du danger en prenant la fuite. Généralement, la victime fuit un agresseur : qui apparaît, qui s’approche ou qui poursuit la victime. Quant à l’issue la plus fréquente, elle consiste à trouver un refuge, un abri (souvent précaire). On peut constater que la fuite ne soustrait pas toujours la victime au danger : soit que celui‑ci se présente à nouveau de façon insistante, ou encore que la victime rencontre un obstacle ce qui manifeste son incapacité à courir. La victime peut tomber ou, pire, se précipite vers un agresseur…

hLa victime va dans la forêt

L’action de la victime peut ne pas être explicité. La victime se retrouve dans la forêt, sans qu’on sache comment. C’est là un problème de « non distinction » entre le lieu et le mouvement qui y conduit. Mais, ne serait‑ce que pour opposer les cas où la victime est dans la forêt à ceux où c’est l’agresseur qui vient chez elle, on assimilera « être dans la forêt » à « aller dans la forêt ». Quoi qu’il en soit, être dans la forêt, c’est être exposé au danger, en particulier aux agresseurs. Les cas les plus démonstratifs, ceux qui justifient le mieux de considérer le fait d’aller dans la forêt comme une action qui expose au danger, sont ceux où cette action est précédée d’autres actions de même signification, dont l’ensemble constitue une recherche insistante du danger. On peut trouver dans certains récits, une victime qui renonce de manière semblable à sa protection. Ce sont des exemples d’autant plus remarquables qu’à chaque fragment du récit on peut comparer des événements par lesquels l’agresseur impose ce que la victime concède d’elle‑même : une victime peut quitter son lit, alors que dans d’autres cas, l’agresseur l’en arrache ou y fait irruption. Tout aussi démonstratifs, les cas où après s’être rendue dans la forêt, la victime accomplit d’autres actions qui vont l’exposer encore davantage au danger.

UnLa victime va dans d’autres lieux dangereux

Certains lieux, comme la forêt, sont par eux‑mêmes des lieux dangereux, voire non familiers. Il s’y ajoute souvent une note d’exotisme, d’étrangeté qui en renforce le caractère menaçant : brousse, désert, etc. Dans d’autres cas, c’est une circonstance particulière qui rend dangereux un lieu qui ne le serait peut‑être pas autrement : nuit, obscurité, etc. La solitude, des bruits, l’obscurité, dans d’autres cas, renforcent le caractère menaçant d’un lieu de toute façon dangereux. Dans de nombreux cas, il est clair que le lieu où la victime se rend, ou se trouve, est le repaire de son agresseur : château, usine abandonnée, puits, maison, arbre, etc. Restent les cas où les lieux ne sont pas des lieux intrinsèquement dangereux, ni rendus tels par une circonstance particulière. Ce sont tous des lieux pourtant dans lesquels on ne s’aventure pas sans risque : la rue, et en général les lieux publics. Dans plusieurs de ces cas, une certaine insistance dans les actions de la victime accuse leur valeur d’exposition au danger : la victime adresse la parole à l’agresseur ou encore, après avoir réussi une 1ère fois à se tirer d’affaire, elle poursuit sa dangereuse promenade ou encore repart dans la forêt. Il faut donc considérer que ce n’est pas seulement la signification intrinsèque ou circonstancielle des lieux qui doit ici être prise en considération, mais aussi celle des déplacements (qu’ils soient exprimés explicitement ou qu’on puisse les inférer de leur point d’arrivée). Et, ces déplacements ont tous un trait fondamental en commun pour la victime, c’est qu’ils l’éloignent des lieux où sa protection est en principe le mieux assurée, tout en l’introduisant dans la zone d’action des agresseurs.

iLa victime manifeste son impuissance

L’impuissance de la victime, sous sa forme la plus directe, est signifiée par une incapacité à réagir face au danger et revêt alors l’aspect d’un désarroi total. C’est généralement dans ses capacités mêmes de se protéger ou de se défendre que la victime est frappée d’impuissance ou de paralysie. Dans certains cas, l’impuissance de la victime est corrélative de la toute‑puissance de l’agresseur. Mais, l’impuissance de la victime y est aussi exprimée comme incapacité à se défendre.

jLa victime est dans un incendie

Le feu est un de ces dangers dont on peut se demander s’il n’est pas, de par son caractère animé, équivalent à l’action d’un agresseur. Le lieu où se trouve la victime devient dangereux pour la victime. C’est agent naturel peut être considéré comme remplissant une fonction très proche de celle des agresseurs animés, surtout dans un contexte de violence et de destruction : variante du meurtre de la victime par l’agresseur (le feu devenant un moyen ou un attribut de l’agresseur), par exemple.

kLa victime se libère

La victime, dans ce cas, pour s’éloigner du danger, doit se soustraire à une action précédente de l’agresseur qui a réduit ses capacités de défense, soit en la capturant, ou, soit en l’immobilisant. Lorsque l’intervention immédiatement antérieure de l’agresseur est d’une autre nature, celle‑ci doit elle‑même avoir été précédée par une capture ou une réduction à l’impuissance. Quant aux issues, la victime peut trouver un refuge ou abri, mais elle peut être au contraire à nouveau réduite à l’impuissance.

lLa victime est malade / blessée / aveugle

Cela ne survient généralement que lorsqu’il n’y a pas d’agresseur. On retrouve le thème de l’handicap physique et présente souvent la mort de la victime.

mLa victime meurt

Généralement, la mort de la victime survient suite à une blessure ou à une maladie, mort naturelle ou conséquence de l’agresseur.

nLa victime se perd

Le fait de se perdre peut être le seul danger évoqué, ou – au contraire –, il peut introduire à de nouveaux périls. Cela peut représenter la perte d’une protection : maison, mère, etc., ou, le fait de s’exposer par sa propre action au danger.

oLa victime se réfugie

La victime tente de se soustraire à l’action de l’agresseur non seulement en s’éloignant de lui, mais en recherchant la protection qu’offrent des lieux rassurants et, par là, aussi très souvent des personnes secourables. Ces lieux sont, le plus souvent, le domicile propre de la victime, mais aussi une partie plus sûre du domicile quand il a été violé par l’irruption d’un agresseur : une autre pièce, le lit, ou encore le commissariat de police, ou l’automobile de la victime devient alors à la fois refuge et moyen de fuir. Dans la plupart des cas, le refuge est bien un lieu où la victime retrouve des personnes aptes, en principe, à le secourir : les parents, des policiers, ou des inconnus de bonne volonté. Quant aux issues de cette action, elles sont variables. Le refuge clôt le récit après aide accomplie d’auxiliaires, mais la victime peut également se retrouver exposée au danger : présence ou action insistante de l’agresseur ; ou, l’aide demandée n’est pas toujours accordée et que, même accordée, l’aide peut se révélée être inefficace.

pLa victime rencontre un obstacle

S’il y a bien un obstacle extérieur, c’est l’incapacité de la victime à le surmonter qui est mise en évidence. L’accent peut être mis sur une incapacité de la victime à accomplir les plus élémentaires des actions qui pourraient l’éloigner du danger ou l’en défendre. Mais, l’obstacle extérieur montre aussi une incapacité de la victime : celle de surmonter l’obstacle. Dans d’autres cas, c’est l’issue d’une action de la victime qui en montre indirectement l’impuissance. Parfois une simple situation, un cliché, manifeste à tout le moins la faiblesse de la victime : ainsi le fait de ne pas être caché face à l’agresseur, alors que les autres membres de la famille le sont, illustre clairement l’idée d’être exposé sans défense au danger.

qLa victime tombe

La chute de la victime peut apparaître dans divers contextes ce qui aura donc sa propre signification généralement.

UnLa victime tombe / il n’y a pas d’agresseur

Généralement, dans ce cas, la chute constitue le moment clef du cauchemar : les conséquences peuvent en être bénignes, funestes (associations possibles avec la noyade ou le feu).

Lorsque la chute intervient sans action antérieure, cela peut symboliser une détresse corrélative d’un manque de soutien, la destruction, rupture, perte de quelque chose ou de quelqu’un, sentiment de perdre un équilibre : barrière qui casse, plate‑forme qui s’écroule, etc.

Lorsque la chute intervient avec action antérieure, cela peut symboliser désobéissance.

DeuxLa victime tombe / présence d’agresseur

Si la victime tombe avant l’apparition de l’agresseur : le récit peut montrer très clairement que la chute est une façon pour la victime de s’exposer à l’action de l’agresseur.

Si la victime chute devant l’agresseur ou la chute est occasionnée par l’agresseur : le récit peut montrer une autre modalité d’exposition au danger, mais acquiert une signification supplémentaire de « complicité » : action par laquelle la victime fait le jeu de son adversaire, comme une « réponse » immédiate à cette apparition ; ou plutôt une incapacité de la victime à se défendre qui est ainsi exprimée : de par la chute, la victime ne peut plus s’enfuir.

 

12 juillet 2007

VDS95 PSYKA CAUCHEMAR 110707

Chapitre 1 CAUCHEMAR

Le cauchemar se trouve au carrefour entre psychologie du rêve et psychologie de l’angoisse.

Pour BROUGHTON (1968), le cauchemar est considéré comme une perturbation du sommeil de l’enfant de l’enfant placée sur le même plan que l’énurésie nocturne, le somnambulisme, les terreurs nocturnes. Il serait associé à une brusque activation pendant la phase de sommeil profond (phase 4 du sommeil selon les psychophysiologiques, caractérisé par des ondes lentes). Plusieurs catégories existent dans les cauchemars : d’une part, avec ou sans mouvement oculaire, sommeil particulièrement dramatiques et à forte charge d’angoisse, sans représentation mentale ou du moins sans les images caractéristiques de l’activité onirique – au sens strict –, ou, d’autre part des cauchemars avec des mauvais rêves classiques, pouvant succéder à un rêve paisible.

aEtudes voisines

iEtude sur l’angoisse

Quant à l’angoisse, son rapport avec le cauchemar est tellement évident qu’il est à peine besoin d’insister. On se donnera pour but d’examiner si les contenus du cauchemar corroborent ce que nous pouvons connaître par ailleurs des peurs de l’enfant, si les catégories permettant l’interprétation de ces peurs peuvent être appliquées avec succès à la description et à l’élucidation du contenu des cauchemars et si, réciproquement, les propriétés dramatiques des cauchemars permettent de saisir mieux la signification des peurs de l’enfant.

iiEtude sur le conte

On retrouve souvent quelques unes de 31 fonctions de PROPP : un agresseur, un auxiliaire et une victime – héros. Mais, une différence fondamentale entre « cauchemar » et « conte » est que le conte est un récit régulièrement lacunaire, bref et dense.

iiiEtude sur le rêve

Concernant le rêve, étant donné l’énorme diversité de ses contenus, le cauchemar apparaîtra comme un sous‑ensemble plus homogène, dont la description ou encore l’interprétation empirique pourra être entreprises avec précision. On peut tenir que toute connaissance ainsi obtenue contribuera à la psychologie du rêve en général dont certains procédés dramatiques peuvent être supposés analogues à ceux que l’étude du cauchemar permettra de décrire. Plus généralement, on est en droit de supposer que certains des résultats d’une étude du cauchemar pourront être transposés dans des domaines voisins, comme ceux de l’imaginaire et du jeu, où l’on peut soupçonner l’existence de mêmes contenus et de semblables procédés d’expression.

bCaractéristiques

iLes personnages typiques dans le cauchemar

On distingue 3 types de personnages. Chacun de ces types est défini par la liste des fonctions qu’il remplit dans les récits, c’est‑à‑dire par ce qu’à la suite de PROPP, on a appelé sa sphère d’action. On peut d’emblée remarquer que certaines fonctions ne sont jamais remplies par certains actants : jamais un agresseur ne tombe ; jamais une victime n’enlève qui que ce soit ; jamais un auxiliaire ne se perd, etc. On peut encore remarquer que certaines fonctions ne sont remplies que par un actant : seuls les auxiliaires avertissent, soignent, libèrent, etc. Enfin, bien que certaines actions soient accomplies par plus d’un type de personnages, elles le sont par rapport à un autre actant, ce qui permet de distinguer les constituants dont elles sont une fonction : agresseurs, victimes et auxiliaires sont tous capables, à des degrés divers, de violences ; mais ces violences sont exercées sur des actants différents. Les seuls cas difficiles qu’on puisse rencontrer sont ceux de récits lacunaires qui peuvent laisser indéterminé le rôle d’un personnage. On remarque que ce n’est pas l’identité des personnages qui intervient dans leur classement, mais uniquement les fonctions qu’ils remplissent dans le récit.

aCatégories

UnLes agresseurs : les « non victimes »

L’agresseur peut aisément être défini comme celui qui fait démarrer les hostilités.

·Leur méfait (PROPP, 1974)

Le méfait regroupe des dizaines d’actions : enlèvement, vol, dommages corporels, etc. Le méfait, d’un point de vue morphologique, constitue toujours le nœud de l’intrigue du conte. Mais, tandis que la description de PROPP fait de chaque fonction un genre d’action, une fonction comme celle du « méfait » aura pour équivalent dans l’analyse des cauchemars un grand nombre de fonctions différentes, d’extension beaucoup plus réduite comme : poursuite, capture, enlèvement, sévices, etc. Une telle description, face à un récit souvent lacunaire, permettra ainsi d’établir des contenus fondamentaux de l’angoisse qui sont figurés de bien des manières dans le cauchemar, ce qui est un moyen de déterminer quels ils sont.

DeuxLes auxiliaires

Les auxiliaires peuvent à la fois avoir des traits communs avec agresseurs ou encore victimes.

TroisLes victimes : les « non agresseurs »

bMention de personnages

On pourrait classer certains personnages en se fondant sur leur seule identité, mais c’est un critère empirique dont il ne faut pas abuser et qui est toujours secondaire par rapport à la détermination morphologique des types, c’est‑à‑dire à leur classification en fonction des actions qu’ils exécutent.

UnLe loup

Le loup est un agresseur typique.

DeuxLes parents

Ils se trouvent dans les 3 catégories possibles.

cTypologie

 

dApparaît

iChez l’enfant

On s’interrogera sur l’étude des rêves chez l’enfant dès lors qu’ils peuvent en relater leur contenu.

aQuelques rappels

UnDéfinition « cauchemar » par le concept de la « peur »

Il importe de se faire comprendre de l’enfant afin d’obtenir effectivement de lui le récit d’un cauchemar. Ce problème suppose qu’un vocabulaire commun existe ou puisse être établi entre l’enquêteur et les sujets : c’est un problème pratique de définition. Pour les jeunes sujets, un rêve, comme un cauchemar, c’est un moment durant lequel on dort et ils auront du mal à en voir la différence. On voit que dès l’âge de 5 ans, la grande majorité des sujets interrogés tentent de définir ce qu’est un rêve, tandis que c’est seulement après 7 ans qu’ils tentent de définir ce qu’est un cauchemar. Quoi qu’il en soit, cette 1ère et élémentaire statistique nous assure que le mot « rêve » est suffisamment connu des enfants à partir de 5 – 6 ans pour qu’il serve d’appui à une définition du « cauchemar ». Par contre, ce dernier terme leur moins familier.

DeuxLa « peur » est‑elle réellement une « peur » ?

Mais, aussi, une fois un récit obtenu, il serait souhaitable de pouvoir s’assurer qu’il s’agit bien du récit d’un cauchemar. Ce problème est beaucoup plus délicat. A la limite, il suppose complètement réalisée l’étude des récits de cauchemars et que ceux‑ci possèdent des propriétés telles qu’elle les distinguent de tous autres récits.

TroisLa « peur » n’a‑t‑elle pas été inventée

 

·Exemples

« Y avait une petit fille qui était dans la maison, sa maman était partie, et il y avait des loups. Maman avait dit qu’il fallait que tu restes à la maison. Elle avait bien obéi la petite fille mais la fenêtre était restée ouverte. Le loup entra et il mangea la petite fille. Quand la maman est rentrée elle était toute triste et elle dit : ‘’C’est ma faute.’’. C’est un rêve que j’ai inventé ».

iEvidence de la relation agressivité – culpabilité

« Je peux inventer que mon papa était pendant la guerre et qu’on l’avait fusillé ? On avait fusillé mon papa… Je me souviens de rien du tout… On était très malheureux parce qu’on l’avait perdu. Tout le monde pleurait. C’est tout. J’ai fait un petit rêve ».

eSelon

iFOULKES (1967-1969)

FOULKES et ses collaborateurs ont entrepris la plus vaste étude du rêve chez l’enfant dans le cadre de la psychophysiologie du sommeil, défendent la position traditionnelle et sont frappés par le caractère généralement anodin et réaliste des rêves d’enfants recueillis dans leur laboratoire.

iiFREUD (1900)

FREUD y voyait l’illustration de sa formule générale du rêve comme réalisation d’un désir.

iiiHALL (1966)

HALL a critiqué la position de FREUD et affirmé que les rêves d’enfants sont plus complexes qu’on ne l’avait généralement admis.

 

12 juillet 2007

VDS95 PSYKA REVE 110707

Chapitre 1 REVE

aTechnique 

iCelle dans le laboratoire

La technique de recueil des récits de rêves habituellement pratiquée au laboratoire consiste à éveiller le sujet au moment où se produisent des événements électrophysiologiques réputés caractéristiques de l’occurrence d’une activité onirique.

aMouvements rapides des yeux (1953)

Depuis les observations d’ ASERINSKY et KLEITMAN faites en 1953, les mouvements rapides des yeux servent de critère. C’est pendant cette phase du sommeil que l’on a obtenu, en réveillant le sujet, un maximum de récits de rêves.

bActivité mentale du sommeil perpétuelle (1962)

Mais, à la suite, notamment, des observations de FOULKES (1962) s’est imposée progressivement la notion d’une « activité mentale du sommeil », activité qui peut être constatée au cours des différentes phases de sommeil non accompagnées de mouvements oculaires rapides. On en est donc actuellement à chercher une définition exacte du rêve et à se demander si l’imagerie vivide qui le caractérise suffit à le distinguer des autres activités mentales se produisant au cours du sommeil.

bSa place

iDans l’Histoire

Dans l’Antiquité, on attribuait au rêve une valeur prémonitoire. Par la suite, et jusqu’à FREUD, le rêve ne fut plus considéré que comme une élucubration sans valeur : « Rêves et songes ne sont que mensonges »…

iiEn notre Temps moderne

Il reste à établir un pont entre la symbolique freudienne des rêves et la neurophysiologie. Une chose est certaine : le rêve est un comportement habituel de l’individu. Comme tel, sa personnalité, son caractère doivent s’y refléter pendant la nuit, comme ils le font dans l’activité consciente pendant le jour.

aDans la psychanalyse

La place du rêve est considérable dans la théorie psychanalytique : l’analyse des rêves est la voie royale de la connaissance de l’inconscient. Avec la Science des rêves, parue au début du siècle, FREUD affirme que le rêve est une façon privilégiée de connaître Autrui et de se connaître soi‑même. En effet, lorsque la conscience est endormie, les facteurs inconscients (désirs, préoccupations, etc.) peuvent faire irruption et se manifester durant la nuit sous forme de symboles qu’il reste à déchiffrer. Les théories de FREUD puis celles de JUNG se sont révélées très fructueuses pour découvrir la personnalité profonde des Individus, et ce malgré quelques excès dans l’utilisation du symbole.

UnComme une preuve

Le rêve finit sur une consolation, mais il contient essentiellement un aveu important concernant la relation de la jeune fille à sa maîtresse, comme vous les lirez. Comment le rêve, qui pourtant doit servir à un accomplissement de désir, en vient‑il à être le substitut d’un aveu qui n’a pas la moindre chance d’être avantageux pour la rêveuse ? Faut‑il vraiment nous croire autorisés à concéder, à côté des rêves de désir et des rêves d’angoisse, l’existence de rêves d’aveu, ainsi que des rêves d’avertissement, de rêves de réflexion, de rêves d’adaptation etc. ? FREUD reconnaît volontiers ne pas encore comprendre complètement pourquoi l’attitude qu’il a adoptée dans son interprétation des rêves vis‑à‑vis de ce genre de recherches se hjeurte aux réistances d’un grand nombre de psychanalystes, et non des moindres. La distinction entre rêves de désir, rêves d’aveu, rêves prémonitoires, rêves d’adaptation, etc., ne lui semble guère aller plus loin que celle qu’on est bien forcé d’introduire entre les médecins spécialistes : médecins des femmes, médecins des enfants et médecins des dents.

Une dame qui souffre de la manie du doute et d’un cérémonial obsessionnel exige de sa garde‑malade qu’elle ne la quitte pas des yeux un seul instant, parce qu’autrement elle se mettrait à repasser dans son esprit tout ce qu’elle aurait pu faire d’interdit pendant l’espace de temps où elle serait restée sans surveillance. Et voilà qu’un soir, se reposant sur son divan, elle croit remarquer que la garde‑malade de service s’est endormie. Elle lui demande : « M’avez‑vous vue ? » La garde‑malade sursaute et répond : « Oui bien sûr. » Nouveau sujet de doute pour la malade, qui un moment après répète sa question. Nouvelle prestation de la garde‑malade ; entre alors un autre domestique, apportant le repas du soir. Cela se passait un vendredi soir. Le lendemain matin la garde‑malade raconte un rêve qui dissipe les doutes de la patiente. Rêve : On lui a confié un enfant dont la mère est partie en voyage, et elle a perdu l’enfant. Chemin faisant elle demande aux gens dans la rue s’ils ont vu l’enfant. Puis elle arrive près d’une grande étendue d’eau qu’elle franchit sur une étroite passerelle. (A quoi elle ajoutera après coup : sur cette passerelle a soudain surgi devant elle, comme une fata morgana, une autre garde‑malade). Puis elle est dans une région qu’elle connaît et y rencontre une femme qu’elle a connue jeune fille et qui à l’époque, avant de se marier, était vendeuse dans un magasin d’alimentation. Elle demande à la femme, qui est sur le pas de sa porte : avez‑vous vu l’enfant ? Mais au lieu de s’intéresser à la question la femme lui raconte qu’elle est maintenant séparée de son mari, sur quoi elle ajoute que dans le mariage non plus les choses ne tournent pas toujours bien. Alors la garde‑malade se réveille tranquillisée, en se disant qu’on trouvera sans doute l’enfant chez une voisine. Analyse : L’hypothèse de la patiente est que ce rêve se rapporte à l’endormissement démenti par la garde‑malade. Ce que cette dernière lui raconta en complément au rêve sans en avoir été priée l’a mise en état de procéder à une interprétation pratiquement suffisante quoique incomplète sur bien des points. FREUD n’a lui‑même entendu que le rapport de la dame, il n’a pas parlé à la garde‑malade. Après que la patiente aura exposé son interprétation, FREUD apportera les compléments que l’on peut tirer de cette étude générale sur les lois de la formation du rêve.

« La garde‑malade dit que l’enfant du rêve lui fait penser à un service de garde dont elle s’est sentie extraordinairement satisfaite. Il s’agissait d’un enfant souffrant d’une inflammation blennorragique des yeux et qui ne pouvait pas voir. Mais la mère de cet enfant ne partait pas en voyage, elle s’occupait de lui elle aussi. Par contre je sais que mon mari, qui tient beaucoup à cette garde‑malade, m’a mise sous sa protection lors de son départ, et qu’elle lui a alors promis de veiller sur moi – comme un enfant ! »

D’autre part, l’analyse de la patiente nous fait deviner qu’en exigeant de ne pas être quittée des yeux elle s’est elle‑même replacée dans l’enfance.

« Elle a perdu l’enfant, poursuit la patiente, cela signifie qu’elle ne m’a pas vue, qu’elle m’a perdue des yeux. Elle avoue par là qu’elle s’est réellement endormie un moment et qu’ensuite elle ne m’a pas dit la vérité.

Il y a dans le rêve un passage qui demeure obscur pour la dame : celui où la garde‑malade demande aux gens dans le rue s’ils ont vu l’enfant. Par contre elle sait donner une solution satisfaisante aux autres éléments du rêve manifeste.

« La grande étendue d’eau lui fait penser au RHIN mais elle ajoute qu’elle était encore plus large que le RHIN. Elle se rappelle alors que la veille au soir je lui ai lu l’histoire de JONAS et de la baleine et raconté que moi‑même j’avais vu un jour une baleine dans la MANCHE. Je pense que la grande étendue d’eau est la mer, donc une allusion à l’histoire de JONAS.

« Je crois aussi que l’étroite passerelle provient de la même histoire bouffonne dans sa version populaire. On y raconte que le professeur d’instruction religieuse expose aux écoliers l’extraordinaire aventure de JONAS, sur quoi un gamin objecte que cela ne va pas, car une autre fois le maître a dit que la baleine avait un gosier si étroit qu’elle ne pouvait avaler que de toutes petites bêtes. Le maître se tire d’affaire en expliquant que JONAS étant un Juif il arrivait à se faufiler partout. Ma garde‑malade est très religieuse mais encline au doute religieux, aussi me suis‑je reproché d’avoir peut‑être suscité ses doutes par ma lecture.

« Sur cette étroite passerelle elle vit donc apparaître une autre garde‑malade de sa connaissance. Elle m’a raconté son histoire : cette garde‑malade s’était jetée dans le RHIN parce qu’on l’avait renvoyée d’une place à cause d’une faute dont elle s’était rendue coupable. [A cet endroit, FREUD a effectué une condensation du matériel, faute que FREUD ait pu corriger après avoir revu les notes de la dame à qui il doit l’histoire. La garde‑malade apparue sur la passerelle ne s’était rendue coupable d’aucune faute pensant son service. Elle avait été renvoyée parce que la mère de l’enfant, obligée de partir en voyage, avait déclaré que pendant son absence elle voulait que l’enfant soit aux mains d’une personne plus âgée – par conséquent plus digne de confiance ? a ce récit s’en enchaînait un second, celui d’une autre garde‑malade, qui avait réellement été congédiée à cause d’une négligence mais se s’était pas noyée pour autant. Le matériel nécessaire à l’interprétation de ce fragment de rêve se répartit ici suivant deux sources, comme c’est d’ailleurs souvent le cas. Ma mémoire accomplit la synthèse qui conduit à l’interprétation. – Du reste on trouve aussi dans l’histoire de la garde‑malade qui s’est noyée le thème du départ de la mère, que la dame relie au départ de son mari. C’est comme on voit une surdétermination qui nuit à l’élégance de l’interprétation. Elle craint donc d’être envoyée elle aussi parce qu’elle s’est endormie. D’ailleurs un jour après l’incident et le récit du rêve elle a pleuré à chaudes larmes, et comme je lui en demandais la raison elle me répondit avec une grande brusquerie : vous le savez aussi bien que moi, et maintenant vous n’avez plus confiance en moi. »

Comme dans l’apparition de la garde‑malade qui s’est noyée a été ajoutée après coup à son récit par la rêveuse, et se trouvait être particulièrement clair, nous aurions dû conseiller à la dame de commencer par ce point son interprétation du rêve. D’autre part, d’après le compte‑rendu de la rêveuse cette première partie du rêve était pleine de l’angoisse la plus vive, alors que dans la seconde partie se prépare l’apaisement avec lequel elle se réveille.

« Dans le fragment suivant, poursuit la dame analysant le rêve, je trouve une nouvelle preuve certaine en faveur de l’idée que dans ce rêve il est question de l’incident du vendredi soir, car la femme qui avait été autrefois vendeuse dans un magasin d’alimentation ne peut représenter que la jeune fille qui apporta le dîner ce soir‑là. Je remarque que la garde‑malade s’était plainte toute la journée à propos de choses sans importance. La question qu’elle adresse à la femme – avez‑vous l’enfant ? – est très évidemment dérivée de ma question – m’avez‑vous vue ? – telle que je l’ai formulée justement pour la seconde fois lorsque la jeune fille est entrée avec les plats. »

Dans le rêve aussi la question concernant l’enfant est posée deux fois. Quant au fait que la femme ne donne pas de réponse, qu’elle ne s’intéresse pas à la question, nous pourrions l’interpréter comme une dépréciation de l’autre domestique au profit de la rêveuse, qui dans le rêve s’élève au‑dessus de l’autre précisément parce qu’il lui faut lutter contre les reproches qui lui sont adressés à cause de son inattention.

« La femme apparaissant dans le rêve n’est pas séparée de son mari. Tout le passage provient de l’histoire de la vie de l’autre jeune fille, qui par décision autoritaire de ses parents a été éloignée – séparée – d’un homme qui voulait l’épouser. La phrase qui dit que dans le mariage non plus les choses ne se passent pas toujours bien est vraisemblablement une consolation dont il fut question dans les propos échangés entre les deux jeunes filles. Cette consolation lui sert de modèle pour une autre, par laquelle le rêve se termine : on trouvera sans doute l’enfant.

« Mais j’ai conclu de ce rêve que la garde‑malade s’était réellement ce soir‑là, et pour cette raison redoutait d’être renvoyée. J’ai renoncé pour cette raison à douter de ce que j’avais moi‑même perçu. D’ailleurs après avoir fait le récit de son rêve la jeune fille a ajouté qu’elle regrettait fort de ne pas avoir apporté avec elle une clef des songes. Comme je faisais la remarque que ces sortes de livres ne contenaient guère que la plus basse superstition elle répliqua qu’elle était loin d’être superstitieuse mais qu’elle devait dire que tous les désagréments de sa vie lui étaient advenus un vendredi. En outre, maintenant elle me traite mal, se montre susceptible, irritable, et me fait des scènes. »

FREUD est d’avis que nous devons accorder à la dame qu’elle a correctement interprété et mis à profit le rêve de sa garde‑malade. Comme c’est si souvent le cas dans l’interprétation des rêves en psychanalyse, ne sont pas seulement les résultats de l’association qui doivent être pris en considération pour la traduction du rêve, mais aussi les circonstances qui ont accompagné son récit, le comportement du rêveur avant et après l’analyse du rêve, ainsi que tout ce qu’il extériorise et trahit aux alentours du moment où il raconte le rêve – pendant la même séance du traitement. Si nous prenons en considération l’irritabilité de la garde‑malade, la relation qu’elle établit avec le vendredi qui porte malheur, etc., nous confirmerons le jugement de la maîtresse : le rêve avoue ce que la garde‑malade avait nié, à savoir qu’elle s’était réellement assoupie et avait craint pour cette raison qu’on lui retire l’enfant confié à sa garde et qu’on la renvoie. Du reste la garde‑malade avoua quelques jours plus tard à une tierce personne qu’elle s’était endormie ce soir‑là, et justifia ainsi l’interprétation de la dame. Mais le rêve, qui pour al dame avait une importance pratique, suscite notre intérêt théorique.

DeuxAccomplissement d’un désir

Nous sommes préparés à l’idée que l’interprétation faite par la dame n’est pas complète. Il reste les parties du contenu du rêve dont elle ne pouvais pas rendre compte. Elle souffre de plus de cela d’une névrose obsessionnelle, trouble qui d’après les impressions de FREUD est un obstacle considérable à la compréhension des symboles du rêve, tout comme la démence précoce facilite cette compréhension. Mais la connaissance de la symbolique du rêve permet de comprendre des passages ininterprétés de ce rêve et de deviner un sens plus profond derrière ceux qui ont déjà été interprétés. Un fait qui ne manque pas de nous frapper est qu’une partie du matériel utilisé par la garde‑malade vient du complexe de l’accouchement, de l’enfantement. La grande étendue d’eau (le RHIN, la MANCHE dans laquelle la baleine a été vue) est assurément l’eau d’où sortent les enfants. Et elle y arrive étant à la recherche d’un enfant. Le mythe de JONAS qui se trouve derrière la détermination de cette eau, la question de savoir comment JONAS l(enfant) passe à travers la fente étroite, appartiennent au même contexte. La garde‑malade qui s’est précipitée dans le RHIN à la suite d’une humiliation, qui s’est jetée à l’eau, a trouvé jusque dans son désespoir vis‑à‑vis de l’existence une consolation sexuelle symbolique par sa manière de mourir. L’étroite passerelle sur laquelle surgit l’apparition est très vraisemblablement à interpréter elle aussi comme un symbole génital bien qu’on attende encore d’ne avoir une connaissance précise. Le désir « je veux avoir un enfant » paraît donc être pour le rêve le formateur venu de l’inconscient, et aucun ne semble mieux approprié à consoler la garde‑malade de la pénible situation que lui offre la réalité. « On va me renvoyer, je vais perdre l’enfant que j’ai en garde. Qu’importe ! Dans ce cas je créerai pour moi‑même un enfant qui soit le mien, né de mon corps. » C’est peut‑être à ce contexte qu’appartient le passage ininterprété où la rêveuse demande après l’enfant à tous les gens qu’elle rencontre dans la rue. Il faudrait alors le traduire ainsi : dussé‑je me prostituer dans la rue, je saurai faire une enfant. Un défi que la rêveuse avait jusqu’alors caché éclate soudain, et c’est à lui qu’est d’abord adapté son aveu : « Soit ! J’ai fermé les yeux et compromis la confiance que j’avais acquise comme garde‑malade, et maintenant je vais perdre ma place. Serai‑je assez sotte pour me jeter à l’eau comme X ? Non, je ne reste plus garde‑malade, je vais me marier, être une femme, avoir un enfant à moi, je ne permettrai pas qu’on m’en empêche. «  Cette traduction se justifie si l’on notre qu’ »avoir un enfant » est bien l’expression infantile du désir du commerce sexuel et que la conscience peut laisser passer cet euphémisme pour désigner un désir choquant. Ce qui rend possible dans le rêve l’aveu qui est préjudiciable à la rêveuse mais pour lequel elle avait dans la vie éveillée un certain penchant c’est donc un trait latent de son caractère qui se sert le l’accomplissement d’un désir infantile pour faire cet aveu. Nous sommes en droit de supposer que ce caractère est en étroite connexion – du point de vue du temps comme du point de vue du contenu – avec le désir d’avoir un enfant ou le désir de la jouissance sexuelle.

bDans la neurophysiologie

Depuis quelques années, les neurophysiologistes ont repris le problème du rêve sur des bases strictement expérimentales. De nombreuses découvertes ont été faites, notamment par le laboratoire dirigé par le professeur JOUVET à la faculté de médecine de LYON. On constate en particulier combien le rêve est nécessaire à l’Homme qui, au total, rêve environ cent minutes au cours d’une nuit heures. Ces expériences ont permis au professeur JOUVET de déclarer que le rêve, état électrique particulier du cerveau, constitue un troisième état du cerveau.

cCaractéristiques

iPoint commun

aA la névrose

Phénomène normal, le rêve met pourtant en jeu des mécanismes que l’on retrouve dans les névroses (substitution, déplacement, identification etc.).

bA la psychose transitoire

Il a cependant la structure d’une psychose transitoire (représentation hallucinées). Ceci suffit à relativiser l’hiatus traditionnel entre le normal et la pathologique.

iiRichesse du rêve en lui‑même

Par ailleurs, les considérations de figurabilité, le processus primaire, se montrent isomorphes aux phénomènes de l’esprit, de la poésie, du symbolisme. Le rêve permet donc de ramener sous un seul point de vue métapsychologique le normal, le pathologique et le culturel.

 

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