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7 août 2003

PSYCHANALYSE CIRCONCISION

Chapitre 1 CIRCONCISION.. 1

a Liaison avec l’angoisse de castration. 2

i Cas atypique vu par NUNBERG : non angoisse de castration, mais nié. 2

ii BETTELHEIM : FREUD ne justifie pas tout 3

b Même rite selon religion différente. 3

i Dans ladite des BAMBARA.. 3

ii Dans ladite des CHRETIENS. 3

iii Dans ladite EGYPTE : premier cas. 4

iv Dans ladite JUIVE. 4

a MOÏSE et JEHOVAH.. 5

v Dans ladite sans écriture. 5

Le désir d’avoir un pénis circoncis est très différent de l’intérêt obsessionnel que portent les garçons aux caractéristiques et fonctions du sexe féminin. A l’école ORTHOGENIQUE, un garçon de dix ans non circoncis, qui vivait dans un groupe de garçon circoncis dès la petite enfance, réclamait l’opération avec insistance. Finalement, comme il avait des adhérences, la circoncision s’avéra indispensable. Averti de la décision, l’enfant en fut heureux mais, comme on pouvait s’y attendre, il ne conçut de l’angoisse. Il parla beaucoup de sa crainte de la douleur provoquée par l’intervention. Mais, celle‑ci terminée, il reconnut avoir eu peut également que le médecin ne se trompât et ne lui coupât tout ou trop grande partie de son pénis. Très angoissé, il  raconta à BETTELHEIM qu’il avait cru entendre parler de personnes nées « garçon et fille à la fois » et comment « le docteur avait dû l’enlever » pour que la personne devint une fille. Il montra ainsi sa grande angoisse de castration. Si ses craintes étaient intenses, son désir de l’opération d’abord et, ensuite, l’orgueil qu’il tirait de ce qu’il appelait son « pénis tout neuf », étaient plus vifs encore, au point d’éclipser entièrement son angoisse de castration. Dès que la plaie se fut refermée, il exhiba à chacun ce pénis qu’il avait toujours essayé de cacher. Le pansement enlevé, il déclara : « Je le trouve maintenant très élégant et très joli. » Il racontait fièrement qu’il fonctionnait beaucoup mieux et que, lorsqu’il urinait, il pouvait émettre un jet plus puissant qu’il dirigeait où il voulait. Il éprouvait un grand plaisir à se masturber tandis qu’avant l’opération, il ressentait des douleurs provoquées par les adhérences. Il résuma son sentiment en disant : « Et bien, mon vieux, je peux faire n’importe quoi, maintenant ! » La circoncision lui révéla l’importance de l’organe. Le gland libéré représentait une nouvelle conquête de la masculinité. En effet, la circoncision lui avait procuré un nouveau pénis et des plaisirs sexuels qui lui avaient été refusés jusqu’alors. Des observations analogues ont été faites par NUNBERG au cours d’une analyse d’adulte. Le patient avait vécu la circoncision comme une réaffirmation de se virilité en général, et de l’importance du pénis en particulier : « La sensation douloureuse éprouvée autour du gland après la circoncision avait canalisé la libido sur le pénis, ce qui eut pour conséquence de rendre le patient plus conscient de son appareil génital. L’expérience de la circoncision augmenta la conscience qu’il avait de son pénis, comme si elle avait permis de démontrer l’importance de l’organe. » Quand ils ne sont pas inhibés, les garçons (les « normaux » comme ceux qui sont atteints de troubles affectifs) aiment montrer leur pénis avec ce qu’on pourrait appeler un « orgueil phallique ». On connaît les concours organisés pour voir lequel d’entre eux a le plus grand pénis, ou le meilleur. Ils se disputent aussi pour montrer lequel peut uriner le plus haut ou le plus loin. Ce sont là, peut‑être, des vestiges de la phase phallique du développement au cours de laquelle, dit‑on le garçon « s’est identifié à son pénis ». Mais ces concours indiquent aussi le désir de savoir lequel d’entre eux est le plus avancé, lequel est le plus viril, le moins enfant. Pour les garçons, l’exhibition du gland libéré du prépuce fait partie des efforts accomplis pour affirmer leur virilité. Sur ce point, le garçon circoncis a une nette supériorité : son gland est visible, ce qui est souvent considéré comme le signe d’une virilité plus affirmée. Là encore, les observations du NUNBERG confirment celles faites sur nos enfants : « Par la circoncision, le gland est libéré […], un nouveau pénis est né, tel un phallus en érection dont le prépuce est rétracté. ». On connaît bien les méthodes d’intimidation appliquées par les chefs de gang aux nouveaux membres avant leur admission. Telle la coutume voulant que, pour passer l’examen, le garçon se joigne au groupe et cohabite avec une ou plusieurs filles. Cette obligation évoque naturellement la coutume selon laquelle le nouvel initié doit avoir immédiatement des relations sexuelles avec une femme.

aLiaison avec l’angoisse de castration

On trouve dans les formulations théoriques de la psychanalyse des références à la castration en tant qu’événement historique, la circoncision étant son substitut rituel. C’est ainsi que, comme le déclare FREUD dans Moïse et la monothéisme : « La circoncision est uns substitut symbolique de la castration, une punition que le père primitif avait jadis infligée à ses fils en vertu de sa toute‑puissance. Quiconque acceptait ce symbole montrait par là qu’il était prêt à se soumettre à la volonté du père, même au prix d’un sacrifice douloureux. » La circoncision ainsi présentée vient étayer la théorie historique qui, autrement, reposerait sur un sol mouvant. La castration et la circoncision permettent d’expliquer à la fois l’angoisse relative au sexe ainsi que la crainte du garçon et sa soumission au père. C’est cette crainte qui relie la circoncision au complexe d’ŒDIPE, l’une des principales constructions de la théorie psychanalytique. FREUD a affirmé sa théorie à plusieurs reprises, et même de manière apodictique : « Nous avons supposé, dit‑il, que dans les temps originaires de la famille humaine, la castration était effectivement pratiquée sur l’adolescent par un père cruel et jaloux, et que la circoncision, qui est si fréquemment un élément des rites de puberté, en est un vestige facilement reconnaissable. » Il écrit également : « Il est possible que l’extraordinaire terreur provoquée par cette menace soit, en partie, due à une trace mnésique phylogénétique, souvenir de l’époque préhistorique où le père jaloux enlevait réellement à son fils ses organes génitaux quand il le considérait comme un rival auprès d’une femme. Une très ancienne coutume, la circoncision, autre substitut symbolique de la castration, ne peut être considérée que comme l’expression de la soumission à la volonté du père (comparer les rites de puberté des peuples primitifs ». La référence aux traces mnésiques, comme facteur essentiel, fait penser que FREUD n’était pas entièrement convaincu que l’expérience personnelle de l’enfant – les menaces des parents, leur intervention devant la masturbation, leur désapprobation des intérêts sexuels manifestés par l’enfant ainsi que ses observations relatives aux organes génitaux de l’autre sexe – suffise à expliquer cette peut particulièrement terrifiante de la castration. C’est la relation entre l’angoisse de castration et la circoncision dans les rites de puberté qui donne son importance à l’initiation dans la théorie psychanalytique. S’il en était autrement, l’interprétation des rites, bien qu’intéressante, n’aurait eu qu’une influence minime sur le noyau de la pensée psychanalytique.

Le Sujet ne considérait nullement sa circoncision comme une castration infligée par le père, mais la vécut plutôt en relation avec sa mère ou avec les femmes. Il faisait de nombreux rêves où de femmes le châtraient. A ce propos, NUBERG explique que ceux de ses patients qui avaient été circoncis dans leur enfance, reprochaient à leurs mères cette opération, les haïssaient puis, à leur tour, éprouvaient un sentiment de culpabilité ; il se réfère également aux nombreux exemples que fournit la réalité de mères agressives et castratrices. Il note que la circoncision avait donné au patient le sentiment que son pénis était devenu semblable à un vagin : « Quand j’ai vu cette blessure béante autour de la tête de mon pénis, j’ai pensé qu’un vagin qui saigne devait avoir le même aspect. » Toutefois, dans d’autres contextes, le patient vécut sa circoncision comme une réaffirmation de sa virilité en général et de l’importance du pénis en particulier. NUNBERG propose également une relation entre les fantasmes de la circoncision et de la naissance. « Quand il accepta finalement l’idée que l’enfant sort de la mère, il imagina qu’à l’hôpital, une incision était faite autour de l’enfant qui était ensuite extrait de la mère, ce qui lui rappelait vaguement la circoncision. En fait, par la circoncision, le gland est libéré, il sort comme un enfant de l’utérus de la mère. En d’autres termes, après la circoncision, un nouveau pénis est né qui ressemble à un phallus en érection avec un prépuce rétracté […]. L’initié, le garçon circoncis, re‑naît sans prépuce, il est alors un homme. » Il signale également que, parmi les manifestations les plus significatives du complexe de castration, figurent les doutes du Sujet relatifs à son propre sexe ainsi que le désir et la crainte d’être de l’autre sexe. Ne pas être satisfait de son propre sexe est un sentiment répandu chez les primitifs aussi bien que chez les peuples hautement civilisés, et NUNBERG interprète la circoncision comme l’expression de cette insatisfaction. Cependant, en dépit de ces observations, il résume son analyse en reformulant la théorie psychanalytique officielle de la circoncision, se référant aux spéculations de FREUD sur l’homme primitif.

Au cours des années, plusieurs disciples de FREUD ont négligé leurs propres observations et accepté les théories FREUDIENNES sur la castration, la circoncision et les rites d’initiation comme des faits établis, ne devant plus être remis en question. Ces théories ont paru s’enraciner toujours plus profondément, comme si leur validité était confirmée par la répétition. Cette façon un peu cavalière de considérer comme résolu le problème de la relation entre ces phénomènes est illustrée par FENICHEL. Dans un exposé très clair de la théorie psychanalytique, il dit que « les rites d’initiation promettent des privilèges et des protections sous condition d’obéissance et renforcent cette condition par la castration symbolique. » Pour BETTELHEIM, nous n’avons encore aucune preuve que l’homme ait vécu dans une organisation semblable à la horde primitive, ni que cette horde ait été dirigée par un père reconnu comme tel. Même si ce père avait existé jadis, nulle de ses pensées sur aucun Sujet ne nous est connue. Présenter ces hypothèses comme des faits, simplement parce qu’elles sont apparues avec FREUD, ne relève pas du domaine de la science, mais de la mythologie. L’analyste, à juste titre, sait qu’il doit entendre les déclarations du Sujet pour savoir exactement ce qui se passe dans son esprit. Nous devrions témoigner de la même prudence quand nous attribuons des pensées à nos ancêtres.

bMême rite selon religion différente.

Si une coutume aussi fondamentale que l’initiation à la vie adulte a conservé pour nous non seulement la même forme (la circoncision), mais la signification qu’elle avait pour les peuples sans écriture, comment avons‑nous pu atteindre un stade de civilisation plus élevé qu’eux ? On admet communément que la forme extérieure d’un rituel peut persister sans changements pendant de longues périodes, alors que sa signification subit de nombreuses transformations correspondant au développement social. RUTH BENEDICT, par exemple, a constaté que l’instabilité de la signification symbolique est aussi frapprante que la stabilité d’actes rituels apparemment arbitraires.  On pourrait se demander si un changement dans l’interprétation de rituels importants réfléchit, à un certain degré, le développement fluctuant des sociétés. L’initiation à la maturité sexuelle est indubitablement un rituel essentiel de la société sans écriture. Il est donc possible que d’autres rituels qui, ultérieurement, donnèrent une signification à la vie humaine, en fissent partie à l’origine.

Chez les BAMBARA, par exemple, toute l’opération a pour but de faire passer l’enfant du domaine impur de MOUSSO‑KORONI au bienfaisant pouvoir de FARO. Certes, le rite, dans cette culture fluvio‑agraire, se surcharge de significations secondaires, mais il faut insister sur trois éléments bien significatifs de l’ensemble isomorphe des archétypes. C’est d’abord le sens purificateur de la lame, séparatrice du wanzo, puis le rôle protecteur du bonnet en tant que couvre‑ched, enfin la vicariance de l’oreille réceptacle de la toute‑puissance du verbe. Le couteau est appelé tête‑mère de la circoncision, et le fait de le dédaigner symbolise le purifié abandonnant son prépuce. Quoique l’opération soit rattachée à un symbolisme sexuel du feu, on n’en purifie pas moins par lavage le couteau et le pénis avant l’acte opératoire, et cela avec une eau dans laquelle a trempé le der d’une hache. Le fer du couteau est fait pour attaquer, purifier du wanzo, et c’est grâce au couteau sur la lame duquel est gravée l’image de l’oiseau TATUGU‑KORONI que le sang chargé de wanzo impur retourne à MOUSSO‑KORONI la terre. L’approche du lieu de la cérémonie est interdit comme contaminé : on risque d’y contracter le wanzo. La purification se parfait par six jours de retraite, un lavage dans le fleuve et un saut triple au‑dessus d’un brasier, afin d’être bien sûr que l’on se débarrasse des plus petites parcelles d’impureté. On voit donc dans l’acte même de la circoncision converger en un remarquable symbolisme purificateur la lame, le feu et l’eau. Mais la tête du Sujet est également l’objet de soins particuliers : l’excisé est revêtue d’un turban blanc couleur de FARO. Les circoncis revêtent le bonnet de circoncision, tissé de laine blanche et qui protège le circoncis pendant sa retraite rituelle, ce dernier se trouvant ainsi placé dans la lumière protectrice et purificatrice de FARO, car la tête est la partie capitale de l’Individu et doit recevoir des soins spéciaux. Enfin, à ce complexe symbolique est reliée l’oreille, réceptacle du verbe, dont les parures sont confectionnées pour gêner les porteurs de mauvaises paroles et qui, sur le cadavre des circoncis, sont coupées à la place du prépuce en guise de circoncision. La cérémonie de la circoncision est donc tout entière une cérémonie de diaïresis cathartique, une remise en ordre, apr le glaive, du monde compromis et confus.

On peut comparer l’usage que font les JUIFS du rite de la circoncision a l’utilisation des coutumes païennes par les CHRETIENS : le rite a bien été repris, mais il se voit relié à des mythes entièrement différents. Avec le christianisme, la circoncision disparaît, le Dieu menaçant et castrateur prenant les attributs d’un Christ de tendresse et d’amour. Puis la pratique de la circoncision se propage à nouveau, pour des raisons dites rationnelles et d’hygiène, mais peut‑être aussi parce que nous sommes devenus plus libres sexuellement et que, pour cette raison, il nous plait de voir le gland libéré du prépuce.

On sait que FREUD a soutenu la thèse d’un MOÏSE EGYPTIEN imposant sa religion à une tribu JUIVE relativement primitive. Que cette opinion soit ou non conforme à la réalité, il se pourrait que la coutume de la circoncision eût passé de l’EGYPTE aux JUIFS. Est‑ce à ce moment que la circoncision acquit une signification toute différente ? Une religion monothéiste, dont le principe majeur est la soumission à un Dieu Tout‑Puissant, n’aura pas recours à des rites qui confèrent une grande puissance magique à l’Individu, telle l’initiation. Les buts d’un réformateur comme MOÏSE –qu’il eût été JUIF ou EGYPTIEN – seraient plus facilement atteints si le rituel, avec le pouvoir qu’il exerce sur l’esprit des croyants, était à la fois conservé et attribué à un mythe qui en inverserait la signification – selon un processus comparable à celui de la formation réactionnelle. La circoncision, d’abord instrument de l’orgueil, se serait alors muée en un moyen de rabaisser l’homme à l’état d’un être sans défense. Ou, pour dire les choses autrement, l’énergie utilisée par le Ça pour acquérir le pouvoir magique, au moyens de la manipulation de l’organe génital, fut arrachée au Ça. Elle se trouva alors revendiquée par un Surmoi externalisé qui l’utilisa à la fois pour contenir le Ça et affaiblir le Moi en les asservissant tous deux à une image Surmoïque.

Le rôle joué dans la religion JUIVE par la circoncision et le caractère du Dieu qui l’exigeait fournissent la preuve que la signification profonde de la circoncision réside dans la soumission aux puissantes images paternelles. Il se peut fort bien cependant que l’effet psychologique et même sa motivation aient été différents avant l’apparition du monothéisme. SHERMAN (dans Circumcision) a souligné que la circoncision JUIVE est un cas particulier, caractérisé par trois traits, qu’on ne retrouve pas dans les autres formes de la coutume, à savoir :

1.       La circoncision devint la marque de la soumission à un Dieu‑Père tout‑puissant.

2.       qu’elle a passé de l’âge de la puberté (celui où le sexe s’affirme) à celui de la petite enfance (l’âge de la dépendance totale), et

3.       qu’elle devint un rite purement masculin.

Peut‑être fut‑ce en raison du changement intervenu dans le temps de l’intervention et aussi de la sélection du sexe que la circoncision favorisa l’instauration de ce que FREUD désigna comme angoisse de castration. BETTELHEIM a déjà mentionné l’importance de deux facteurs qui modèlent les réactions affectives au traumatisme physique : ce sont la « constellation » psychologique dans laquelle le traumatisme est vécu, et l’âge (ou le stade du développement psychologique) auquel il intervient. Dans la religion JUIVE, la circoncision n’apparaît pas à l’âge où l’Individu s’affirme lui‑même et témoigne d’une très grande vigueur sexuelle – comme c’est souvent le cas lors de l’adolescence- mais à une période où l’enfant dépend entièrement des images parentales : la circoncision peut ainsi devenir le symbole de « l’alliance ». Celle‑ci, tout comme l’initiation à la puberté, confère des privilèges spéciaux, mais, intervenant au début de la vie, elle n’est pas vécue comme apportant une modification de statut. Les privilèges qui en découlent, par conséquent, paraîtront avoir toujours existé. En outre, alors que l’initiation à l’époque de la puberté fait de l’enfant un homme, l’alliance JUIVE le rend à jamais un enfant dont le Seigneur prendra soin à condition qu’il observe ses commandements. Il s’agit donc là d’une sorte de contrat par lequel les hommes renoncent à leur indépendance en faveur d’un père tout‑puissant qui leur promet, en retour, de veiller sur eux. Ce renoncement volontaire à l’indépendance, provoqué par l’angoisse, est tout à fait conforme à l’état d’impuissance où se trouve le petit enfant. Il correspond beaucoup moins aux tendances de l’adolescent qui affirme la libre disposition de lui‑même, souvent face à une grande angoisse, et qui déclare, de manière agressive, son indépendance vis‑à‑vis des images paternelles. Quand l’enfant devient plus grand et est informé de la circoncision effectuée dans sa première enfance, il sera amené, peut‑être, à redouter de nouveaux châtiments infligés par le père. Ainsi, la circoncision conduirait à l’angoisse de castration ou à la crainte générale du père réel ou encore à la crainte de l’image paternelle qui caractérise la religion JUIVE. Le fait de pratiquer la circoncision dans la première enfance pourrait avoir marqué une étape dans l’établissement d’un monothéisme paternaliste. L’absence de circoncision féminine chez les JUIFS suggère quelque chose de plus : une coutume qui aurait d’abord promis l’indépendance Individuelle et la plénitude sexuelle aux deux sexes, peut avoir été réservée par la suite, dans sa fonction magique et puissante (comprenant l’alliance avec Dieu), aux hommes seulement. L’exclusion des femmes du rite indique à nouveau comment la circoncision JUIVE se trouva liée au complexe de castration : le but essentiel d’une circoncision infligée également aux deux sexes ne saurait être de refréner le désir incestueux chez le mâle seulement ; en revanche, la circoncision du garçon seul, pratiquée dans la petite enfance, peut entraîner ces conséquences, puisque pendant des années il reste au pouvoir du père. Ce premier monothéisme, qui eut à lutter pour préserver son existence, se montrait particulièrement strict en ce qui concernait les demandes du Surmoi, justement parce que des sociétés l’entouraient, qui accordaient de plus grandes satisfactions pulsionnelles. Le Dieu‑Père le plus rigoureux et le plus castrateur était peut‑être précisément celui du tout premier monothéisme. Il n’est pas exclu que l’angoisse de castration ait été évoquée comme une arme nouvelle lui permettant de garder l’homme sous son contrôle.

La nature originelle de JEHOVAH, celle de Dieu du feu qui apparut à MOÏSE sous le forme du buisson ardent, s’accorde avec l’idée qu’au début du monothéisme, les éléments urétraux et phalliques étaient combinés – premier pas vers la prééminence phallique. Ceci implique, naturellement, que la théorie FREUDIENNE sur l’origine et la signification symbolique du feu est correcte. Il n’est pas exclu que la technologie, une des caractéristiques de la civilisation moderne, ait trouvé là l’une de ses sources psychologiques : certains peuples seraient restés non civilisés parce qu’ils n’éprouvaient pas le besoin psychologique de progresser au‑delà de ce don passif de soi‑même, acceptant de vivre plus ou moins dépendants des biens offerts par la nature. Mais avec la psychologie phallique, la manipulation agressive de la nature grâce aux inventions technologiques ne s’avéra pas seulement utile sur le plan économique, mais attirante avec son agressivité (et par là même, sa crainte des représailles), sa surévaluation du pénis en particulier et de la masculinité, en général, est accompagné de la crainte de la perte du pénis. Dans des temps historiques, mais plus récents, et dans des tribus plus civilisées, les initiateurs utilisent souvent l’initiation pour obtenir l’obéissance.

A l’origine

Selon ROELLENBECK, ce fut l’initié qui, à l’origine, dut pratiquer sur sa propre personne cet acte de mutilation sacrificielle. Il pense que, dans un sens plus profond, l’Individu effectuant l’opération agit, en réalité, en tant que représentant de la Déesse‑Mère.

Mais si nous admettons cette hypothèse, nous nous engageons sur une fausse piste en cherchant à éclairer, par la circoncision JUIVE, la circoncision pratiquée dans la société sans écriture. Le Dieu de l’Ancien Testament est sans doute la plus rigoureuse de toutes les images du Surmoi. Sommes‑nous en droit de comparer un trait de ce monothéisme avec la  pratiquée dans une société où aucune séparation, claire n’est peut‑être encore intervenue entre le conscient et l’inconscient , et qui n’a pas établi de différenciation tranchées entre le Ça, le Moi et le Surmoi ? On trouve, parmi les peuples sans écriture, allant des ABORIGENES d’AUSTRALIE aux populations plus évoluées, des stades divers de rites initiatiques comprenant la circoncision et témoignant de développements parallèles.

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