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22 février 1998

Nouveaux élus, nouveaux venus Ségolène Royal

égolène Royal se voyait bien suppléante. D'un député " ministrable ", par exemple. Pour apprendre le métier. Le président de la République apprécie, sans doute, la modestie chez ses collaborateurs. Il ne la partage pas pour autant : quand on vient de l'Elysée, on ne doit pas avoir besoin d'autre protection pour affronter les électeurs.

Le samedi 21 mai, la timide chargée de mission s'est entendu dire : " Il faut que vous voyiez Mermaz. " Elle n'a pas osé demander pourquoi. De Louis Mermaz, elle a appris, d'abord, qu'elle était candidate aux élections législatives dans la deuxième circonscription des Deux-Sèvres ; ensuite, qu'il ne lui restait que quelques heures pour se présenter à la préfecture de Niort. Comme elle n'avait pas le temps de passer chez elle, le rocardien Alain Richard lui a prêté les 1 000 francs de la caution.

Pour la presse locale, Ségolène Royal est devenue le " cadeau " du président de la République aux Deux-Sèvres, voisines de sa Charente natale. Pour l'intéressée, ce n'en était pas vraiment un. Les militants socialistes avaient choisi un autre candidat : et d'une. Le maire de Saint-Maixent, autrefois exclu du PS pour s'être montré trop aimable avec un président de la République nommé Valéry Giscard d'Estaing, était en piste comme candidat de gauche sans étiquette : et de deux. L'adversaire de droite était crédité d'une implantation en béton armé : et de trois. Pressentis avant elle, deux briscards, Christian Goux et Alain Billon, avaient refusé de sauter sur la circonscription, malgré les 58 % des voix obtenues par François Mitterrand le 8 mai...

Que faire, sinon tirer parti de ses handicaps ? Parachutée, oui, mais par le président lui-même. Inconnue : enfin du nouveau ! Venue d'ailleurs, donc étrangère aux intérêts antagonistes des trois " pays " que recoupe la circonscription. Femme ? Son adversaire UDF s'est chargé de sa campagne, avec une affiche recommandant aux électeurs, entre les deux tours, de choisir " un HOMME de CHEZ NOUS ". A elle les électrices ! Merci, M. Billard.

A deux pas de l'école de sous-officiers de Saint-Maixent, Ségolène Royal (on ne s'en lasse pas) aurait pu faire état d'un père militaire sorti du rang, qui l'avait fait naitre à Dakar, il y a trente-quatre ans, quatrième enfant d'une famille qui allait en compter huit. Elle a préféré parler du monde rural, où elle a passé son enfance, dans un petit village des Vosges. Margot va sourire : après le certificat d'études primaires, c'est le lycée à Epinal, puis la faculté des sciences économiques à Nancy, une bourse de service public pour préparer Sciences-Po, puis l'ENA. Concours réussi, la bonne Lorraine s'inscrit au PS et rencontre Jacques Attali.

La tête chercheuse du président fait travailler Ségolène Royal pour la campagne de 1981, puis l'adopte, à l'Elysée, dans un groupe d'" officieux ", avec Jean-Louis Bianco, Pierre Morel et François Hollande. Nommée chargé de mission en 1982, elle s'occupe de problèmes de société, puis, à partir de 1984, des problèmes de la société : santé, sécurité sociale, famille, immigration, banlieues, environnement. Elle se fait connaitre avec un livre, le Printemps des grands-parents.

Ségolène Royal attend toujours la visite d'Edith Cresson, qui lui avait promis de traverser la frontière de la Vienne pour venir la soutenir dans sa campagne. Lionel Jospin, en revanche, ne l'avait pas oubliée. Elle s'en souvient, mais cela ne la rend pas " jospinienne ". Sa seule référence, c'est la " génération Mitterrand ". Sous cette bannière, à l'Assemblée, elle entend réunir les mitterrandistes de tous âges. Elle voudrait aussi faire circuler des laboratoires de langues ambulants dans les zones rurales. Ségolène Royal a décidé d'étonner.

                  

JARREAU PATRICK


Article paru dans l'édition du 06.07.88

               
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