CRPE HISTOIRE CRPE VDS95 Henri Ier : né le 04/05/1008, 1031-04/08/1060
Henri
Ier : né le 04/05/1008, 1031-04/08/1060
Fils de Robert et de la reine Constance,
il monta sur le trône au mois de juillet 1031 ; ce ne fut pas sans
éprouver beaucoup de difficultés. Sa mère, femme impérieuse, avare,
incapable de faire céder ses préventions à la sûreté de sa famille, s'était
opposée pendant le règne de Robert à ce qu'il associa Henri à la
couronne ; elle voulait obtenir cette faveur pour un autre de ses fils,
qui portait aussi le nom de Robert. L'intérêt de l'État l'emporta sur sa
volonté ; mais les événements prouvèrent qu'elle n'avait pas renoncé à ses
projets. A peine le roi fut-il mort, qu'un parti puissant, soutenu par
Constance, prit les armes contre Henri, qui se vit réduit à chercher son salut
dans la fuite. Il se réfugia près de ce duc de Normandie connu dans l'histoire
sous le nom de Robert le Diable, prince rempli de
vertus, mais prompt à apaiser une révolte, ayant pour principe de ne jamais
traiter avec des rebelles armés. C'est sans doute à cette sévérité qu'il doit
le singulier surnom que les Normands lui donnèrent : aussi vit-on
plusieurs nobles de sa cour, contraints à s'éloigner de leur patrie, se rendre
célèbres dans la Pouille et dans la Calabre, et finir par attirer en Italie ces
aventuriers normands, dont les chefs se sont acquis une gloire qui égale celle
des plus grands rois. Robert le Diable, protecteur du roi Henri, fit une guerre
si vive au parti de la reine Constance, que cette princesse fut bientôt réduite
à demander la paix. Elle l'obtint, à condition de se tenir éloignée de la cour,
et se retira à Melun, où elle mourut l'année suivante, trop tard pour le repos
de la France ; car Eudes, autre frère du roi, profita de la chaleur qui
régnait encore dans les esprits pour se révolter à son tour : il fut
vaincu, fait prisonnier, envoyé à Orléans, et Henri se trouva enfin paisible
possesseur du trône. Pour s'attacher son frère Robert, en faveur duquel
la reine Constance avait pris les armes, il lui céda le duché de
Bourgogne : de ce prince est issue la première race royale des ducs de
Bourgogne. Eudes
ne fut pas si heureux ; il obtint sa liberté, mais resta sans apanage. Henri était
alors veuf de Mathilde, nièce de l'empereur Conrad ; il n'en avait pas
d'entant ; on doute même si ce mariage avait été
accompli. Ses conseillers lui ayant représenté que les troubles se
multiplieraient tant que la succession au trône ne serait pas assurée, à l'âge
de trente-neuf ans il consentit à contracter de nouveaux engagements ; et,
pour éviter toute discussion avec l'Eglise
sur les degrés de parenté, il épouse Anne, fille de Jarodialas ou
Jaroslaw, duc de Russie : la neuvième année de ce mariage, il eut un fils
nommé Philippe, qui lui succéda. La puissance des ducs de Normandie était
alors plus considérable que celle des rois de France, moins par l'étendue des
pays qu'ils gouvernaient, que parce que les liaisons qu'ils conservaient avec
les princes du Nord, dont ils étaient issus, les rappelaient sans cesse à cette
unité de pouvoir totalement oubliée en France depuis le triomphe du
gouvernement féodal. Robert le Diable, après avoir aidé Henri à soumettre les
partis élevés contre l'autorité de ce monarque, forma le double projet d'aller
en pèlerinage à Jérusalem, et de se donner pour successeur un enfant de neuf
ans, qu'il avait eu d'une bourgeoise de Falaise : il assembla les grands
de ses Etats, écouta leurs remontrances, persista dans ses volontés; et tous
les seigneurs jurèrent en sa présence de reconnaître, servir et défendre cet
enfant, connu d'abord sous le nom de Guillaume le Bâtard, et par la suite sous
celui de Guillaume la Conquérant. Robert mourut à Nicée, comme il revenait de
son pèlerinage : cette nouvelle ne fut pas plutôt parvenue en Normandie,
que les révoltes éclatèrent de toutes parts. Henri, qui avait promis de
protéger le jeune Guillaume, crut pouvoir faire céder la reconnaissance aux
intérêts de sa couronne, et profiter de ces divisions pour reconquérir une des
plus belles provinces de son royaume : mais il rencontra des obstacles qui
ralentirent ses démarches ; et les ministres du jeune duc ayant su
intéresser la gloire du roi à la défense de leur prince, il le soutint d'abord
avec courage. Jaloux ensuite de la grande réputation de Guillaume, il devint
son ennemi, lui déclara la guerre, et perdit les droits d'un bienfaiteur sans
en être dédommagé par la victoire. Henri eut presque toujours les armes à la
main : ce n'était qu'en combattant qu'un monarque se faisait respecter à
cette époque ; il devait assistance à ses vassaux, et, lorsqu'il
négligeait de les secourir, il s'exposait à s'en voir abandonné à son
tour : c'est ainsi que les fils du comte de Champagne refusèrent l'hommage
au roi, qui n'avait point secondé leur père dans une guerre qu'il faisait pour
son propre compte à l'empereur. Henri fut obligé de les combattre pour les ramener
à l'obéissance. Ce prince, voyant sa santé s'affaiblir, crut
devoir associer au trône son fils aîné Philippe, qui n'avait alors que sept
ans ; il le fit sacrer à Reims en 1059 : ses pressentiments ne le
trompèrent pas ; car il mourut le 4 août 1060, dans la 55 e année
de son âge et la trentième de son règne. Il laissa la régence du royaume, et la
tutelle de ses trois fils, Philippe, Hugues et Robert, qui mourut fort jeune, à
Baudouin, comte de Flandre, époux de sa sœur, sentant bien que la reine Anne,
sans domaine et sans alliance en France, y
serait sans autorité. Anne se retira à Senlis avec le projet de vivre dans un
monastère ; mais elle accorda sa main à Raoul de Péronne, comte de
Crépi : étant devenue veuve une seconde fois, elle retourna dans son pays.
Henri a laissé la réputation d'un roi juste, brave et pieux : fils d'un
père excommunié, il évita soigneusement toute contestation avec la cour de
Rome, et ne lui céda qu'autant que l'exigeait l'esprit de son siècle. Son
successeur (Philippe Ier) ne fut ni aussi prudent ni aussi
heureux.