AUDIOVISUEL DÉCISION DE FRANCE 2 ET DE RTL
A FRANCE TÉLÉVISIONS, la campagne présidentielle fait une nouvelle fois
des dégâts collatéraux. Après Béatrice Schonberg (France 2), épouse de
Jean-Louis Borloo, ministre de la cohésion sociale, et Marie Drucker
(France 3), compagne de François Baroin, ministre des DOM-TOM, toutes
deux en congé de la présentation des journaux dès l'ouverture de la
campagne officielle, mi-mars, c'est au tour d'Alain Duhamel,
éditorialiste sur France 2, de se voir interdit d'antenne jusqu'au
lendemain du deuxième tour de la présidentielle.
La décision a été prise jeudi 15 février par la direction de France Télévisions en raison de la prise de position de M. Duhamel en faveur de François Bayrou. Le journaliste l'avait exprimée publiquement devant des étudiants lors d'une réunion organisée par des jeunes de l'UDF à l'Institut d'études politiques de Paris, le 27 novembre 2006.
Dans une vidéo, dont des extraits circulaient depuis plusieurs jours sur Internet, M. Duhamel, parlant de M. Bayrou, déclare : " C'est quelqu'un que j'aime bien, je voterai pour lui pour dire les choses. "
Alertée par la Société des journalistes (SDJ) de France 2, la direction du groupe public (dont fait partie Patrice Duhamel, le frère du journaliste) a décidé cette mise en congé au nom des " principes d'indépendance et de neutralité ". Jeudi 15 février, M. Duhamel n'a donc pas participé à l'émission " A vous de juger " qui recevait M. Bayrou. En 2002, M. Duhamel avait déjà été privé d'antenne sur France 2, en raison du " risque d'ambiguïté " que représentait un livre d'entretiens co-écrit avec le Premier ministre Lionel Jospin.
" UN DÉBAT PRIVÉ "
La direction de RTL a pris la même décision que France Télévisions. Un communiqué envoyé peu après celui de France 2 annonce que " d'un commun accord " avec le journaliste, il a été décidé d'interrompre, pendant le temps de la campagne, la diffusion de son éditorial quotidien. Le chroniqueur continuera toutefois à participer aux émissions de débat de la radio et poursuivra ses collaborations avec la presse nationale et régionale.
Interrogé, vendredi 16 février, sur RTL, le journaliste a précisé que son intervention devant les étudiants de Sciences Po était " un débat privé " et qu'il ne savait pas qu'il était filmé, reconnaissant toutefois qu'il n'aurait pas dû se déclarer en faveur de M. Bayrou " devant des étudiants ". Il a précisé : " Dans ma tête, je voulais dire que je voterais pour lui sur l'Europe. " Il a jugé sa mise à l'écart " désagréable " mais estime que France 2 a pris une décision " normale " : " Si j'avais continué on aurait pris ça pour du protectionnisme familial. "
Sylvie Kerviel et Daniel Psenny
© Le Monde