CANADA : Dédommagement de 15 000 $ pour discrimination à l'embauche
La Coop Fédérée devra
verser 15 000 $ à Kamal El Batal, un Marocain qui avait été obligé de
changer son nom pour celui de Marc Tremblay sur son CV afin d'obtenir
un entretien d'embauche.
Dans sa décision rendue le 26 janvier, la Commission des
droits de la personne a conclu que Kamal El Batal avait clairement subi
une discrimination à l'embauche en raison de son origine ethnique.
La Commission «propose» à la Coop de lui verser la somme de 10 000 $ à titre de dommages moraux et 5000 $ pour perte de chance. Kamal El Batal, candidat du Parti québécois
dans Jeanne-Mance-Viger, est satisfait d'avoir obtenu gain de cause.
Mais il juge que cette «décision est malheureusement conservatrice et
timide».
«J'aurai aimé des dommages punitifs et exemplaires.
N'oublions pas que j'avais postulé à 15 reprises à la Coop Fédérée sans
résultat entre 2000 et 2003». Kamal El Batal, qui est détenteur d'une
maîtrise en économie rurale et d'un post-MBA, avait acquis la certitude
que ses qualifications ne faisaient pas le poids face à son nom à
consonance arabe.
En 2003, il a donc envoyé à la Coop Fédérée deux CV
strictement identiques, l'un au nom de Kamal El Batal, l'autre au nom
de Marc Tremblay.
Marc Tremblay a eu le droit à un entretien téléphonique d'embauche positif, tandis que Kamal El Batal était ignoré.
Trop de discrimination
«Mon but n'était pas d'encaisser un chèque, mentionne M. El
Batal, qui travaille aujourd'hui à son compte. Ça fait longtemps que je
lutte contre la discrimination à l'emploi [au Québec] qui fait mal aux
immigrants hautement diplômés. Conséquence, beaucoup sont en train de
voir du côté du Canada anglais. C'est désolant.»
Fo Niemi, directeur général du Centre de recherche-action sur
les relations raciales, déplore lui aussi la multiplication des cas de
discrimination tant dans l'emploi que dans la recherche de logement.
Il plaide donc pour une augmentation des dommages pour créer «un véritable effet de dissuasion».
«La Commission a manqué une occasion d'envoyer un message clair aux employeurs», croit M. El Batal.
La Coop Fédérée n'a pas voulu commenter cette décision. «Nos
procureurs sont en train d'étudier ce dossier», a simplement indiqué
son porte-parole Martin Scallon.
En janvier dernier, Le Journal de Montréal avait dévoilé les
résultats d'un sondage dans lequel 59 % des Québécois se disaient
faiblement à fortement racistes.
À la même époque, un immigrant prénommé Mohamed B., frustré de
ne jamais être contacté par des éventuels employeurs, a demandé à
l'état civil l'autorisation de s'appeler Alex.