Mme Royal va à Clichy, M. Sarkozy diffère son retour à Argenteuil

            

OUBLIÉE par la plupart des responsables politiques nationaux entre les scrutins, lorsqu'elle n'est pas fustigée par ceux qui dénoncent ses " zones de non-droit ", la banlieue est devenue un " must " de la campagne présidentielle : y être (et si possible y revenir) ou ne pas y être, telle est désormais la question.

Celle-ci est d'autant plus cruciale que deux des quatre candidats qui sont en tête dans les sondages ont du mal à y mettre les pieds. Le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, semble avoir renoncé a tout déplacement de cette nature. Le ministre de l'intérieur et président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, se sait également persona non grata depuis qu'il a promis, en juin 2005, de nettoyer les cités au " Kärcher ", puis, à l'automne, de les " débarrasser " de la " racaille ".

M. Sarkozy avait promis de revenir à Argenteuil (Val-d'Oise), où il avait employé ce dernier mot. Mais il a dû jusqu'à présent y renoncer, par crainte de voir sa visite perturbée par des incidents. Le candidat de l'UMP a dû se contenter d'une visite impromptue, vendredi 23 février, dans une cité de Perpignan (Le Monde daté 25-26 février). Pendant que le ministre de l'intérieur fait du surplace, ses poursuivants s'efforcent de marquer des points. Depuis quelques semaines, le carnet de route du président de l'UDF, François Bayrou, se remplit : Vaulx-en-Velin (Rhône) en décembre 2006, Nanterre (Hauts-de-Seine) le 30 janvier, puis Mantes-la-Jolie (Yvelines) le 9 février.

Mardi 27 février, Ségolène Royal devait faire coup double. Tandis que le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, se rend à Argenteuil, la candidate va à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), ville d'où étaient parties les émeutes urbaines de novembre 2005. Ce déplacement est organisé alors que le collectif AC-le feu, qui s'était constitué à Clichy après cette vague de violences, a appelé les candidats à l'élection présidentielle à venir signer son " contrat social et citoyen ". Mme Royal a déjà retenu la création d'emplois-parents dans les quartiers, qui figurait parmi les demandes de ce collectif.

Fidèle à sa ligne de conduite, la candidate socialiste devrait se concentrer sur le dialogue avec les représentants associatifs. Laissant à ses proches le soin de polémiquer en soulignant, par contraste, l'absence de M. Sarkozy. " Ce que nous constatons, c'est la difficulté du ministre de l'Intérieur à nouer le dialogue avec les jeunes dans les quartiers ", a indiqué, lundi, le porte-parole du PS Julien Dray, estimant même que " le ministre de l'intérieur est aujourd'hui en difficulté dans son rapport avec toutes les populations ". " Cela tient ", a jugé M. Dray, au fait que M. Sarkozy " n'a pas été capable de tenir sa promesse initiale qui visait à restaurer (...) une véritable sécurité de proximité ".

A Argenteuil, où il se rendra à l'inauguration de la permanence de campagne de Faouzi Lamdaoui, candidat du PS aux législatives dans la 5e circonscription du Val-d'Oise, avant de tenir un meeting, puis de participer à un dîner avec des représentants d'associations locales, M. Hollande aura tout loisir de développer cette thématique.

Jean-Baptiste de Montvalon

© Le Monde