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27 février 2007

Les maires réclament l'anonymat pour accorder leur parrainage

Très sollicités par les candidats à la présidentielle, les maires des communes rurales craignent d'être stigmatisés en accordant leur signature aux petits candidats

 

Le système ne fonctionne pas ", lâche Gérard Pelletier, président de l'Association des maires ruraux de France. Plus que jamais, les élus répugnent à accorder leur parrainage aux petits candidats. Deux raisons à cela : la crainte d'un nouveau 21 avril, avec le Front national au deuxième tour en cas de dispersion des voix au premier, et la proximité des élections municipales. " Les maires ont peur de se faire crucifier en 2008 par leurs adversaires, qui pourraient utiliser leur parrainage comme un argument de campagne ", analyse M. Pelletier.

Depuis le 23 février, les élus reçoivent les formulaires qu'ils doivent retourner au Conseil constitutionnel avant le 16 mars pour concrétiser leur promesse de parrainage. Or, entre les promesses et les signatures effectives, il y aurait une perte de près de 20 %, selon les estimations de Gérard Pelletier. " La majorité des formulaires seront renvoyés cette semaine, affirme celui-ci. On devrait donc être fixé très vite sur le nombre des signatures des uns et des autres. "

Dans la course aux signatures, les élus ruraux, le plus souvent sans affiliation partisane, jouent un rôle déterminant et sont plus sollicités que jamais. " Le calcul est simple, résume Claude Terouinard, maire de Châtillon-en-Dunois, 750 habitants, dans l'Eure-et-Loir. Sur 45 000 signataires possibles, les maires des communes de moins de 2 000 habitants représentent 32 000 personnes, soit la très large majorité. Les candidats viennent nous casser les pieds tous les cinq ans. Le reste du temps, ils nous ignorent. Pour ma part, je fais la grève du parrainage. Je ne me fais aucun souci pour les grands partis, qui auront leurs signatures. Et je n'ai pas envie de voir Le Pen au second tour. "

Jean-Joseph de Valicourt, maire de la commune d'Andelarre, 120 habitants, en Haute-Saône, avait accordé son parrainage à Jean-Marie Le Pen en 2002. On ne l'y reprendra plus. " Mon nom est paru en gros dans L'Est républicain. Cela a semé la zizanie dans le village. Plusieurs personnes ont affirmé que le conseil municipal était pour le Front national, ce qui est faux. Moi, j'estimais que Le Pen méritait de se présenter. Cela ne veut pas dire que je votais pour lui. " M. de Valicourt déplore que les noms des parrains soient rendus public. " Le vote est secret, pourquoi le parrainage ne le serait-il pas ? ", interroge-t-il.

Le président de l'Association des maires de France (AMF), Jacques Pelissard, fait deux propositions pour lever les réticences des élus. Il suggère que le parrainage ne soit pas rendu public et qu'un maire puisse parrainer deux candidats. " L'anonymat est une formule qui permettrait la liberté du maire et sa réelle liberté de conscience ", expliquait-il, le 22 février sur RMC. Quant au deuxième parrainage, il permettrait de " diluer le soutien politique ". " Aujourd'hui, il y a une confusion entre les parrainages et le soutien politique ", déplore le président de l'AMF.

Le ministre délégué aux collectivités locales, Brice Hortefeux, a fait une suggestion du même ordre dans un entretien au Figaro, le 23 février : " Pour l'avenir, une réflexion doit être engagée soit sur le nombre de parrainages, soit sur la publicité donnée à ces signatures. On pourrait aussi imaginer la création d'une voie alternative d'accès à la candidature : le recueil d'un nombre significatif de signatures de citoyens, à l'instar de ce qui se fait en Autriche, au Portugal et en Finlande. "

Philippe Laurent, maire (UDF) de Sceaux et vice-président de l'AMF, serait favorable lui aussi à l'anonymat : " A quoi cela sert de rendre publics les noms si l'on dit par ailleurs que le parrainage n'est pas un soutien ? " Lui n'envisage pas de donner sa signature à quelqu'un d'autre que François Bayrou.

" Pour un maire d'une grande ville, ce n'est pas évident de soutenir un petit candidat, dit-il. Cela serait utilisé contre lui. J'aurais pu parrainer Nicolas Hulot, si François Bayrou n'avait pas été candidat. Aujourd'hui, si je ne renvoyais pas mon parrainage, cela ne passerait pas inaperçu dans le mouvement. "

Gérard Pelletier ne partage pas le point de vue de Brice Hortefeux, ni de Jacques Pelissard. " Lorsqu'on me dit que parrainer n'est pas soutenir, cela me laisse sceptique en tant qu'élu. On ne peut pas parrainer n'importe qui. Moi, quand je parraine une manifestation, cela veut dire que je la soutiens. "

Il se montre également très sceptique sur le fait de rendre secrets les parrainages : " C'est le meilleur moyen d'avoir une soixantaine de candidats. "

Xavier Ternisien

 

 

© Le Monde

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