Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
VDS
VDS
Publicité
Archives
VDS
Derniers commentaires
28 février 2007

Le Parlement européen est passé maître dans le jeu des alliances gauche-droite

BRUXELLES  BUREAU EUROPÉEN
L'absence de majorité du PPE (droite) ou des socialistes les oblige à s'entendre entre eux ou à chercher des compromis avec les autres formations

 

Aucun groupe politique n'étant assez puissant pour y imposer ses vues, le Parlement européen vit au gré des alliances qui se nouent en fonction à la fois des couleurs politiques et des intérêts nationaux. La recherche de ces alliances est une obligation pour les deux plus grands groupes, celui du Parti populaire européen (PPE, 277 élus dont 17 UMP) à droite, et celui du Parti socialiste européen (PSE, 218 élus, dont 31 PS), à gauche.

Ce mode de fonctionnement, dont voudraient s'inspirer les centristes en France, a été illustré lors de l'adoption des deux grands textes de la législature qu'ont été la directive Bolkestein, relative aux services dans le marché intérieur, et le règlement Reach sur les substances chimiques. Les rapporteurs, tous deux socialistes, ont recherché des compromis avec le PPE, alors dirigé par le chrétien-démocrate allemand Hans-Gert Pöttering, auxquels d'autres groupes se sont ralliés.

La rapporteuse social-démocrate allemande Evelyne Gebhardt a eu beaucoup de poids pour négocier le compromis adopté sur les services, dans la mesure où elle était soutenue par l'ensemble de son groupe. L'Italien Guido Sacconi a eu moins de chance, car il n'avait pas le soutien des socialistes allemands, soucieux de soutenir leur industrie chimique, et alliés en l'espèce avec leurs compatriotes conservateurs de la CDU.

Daniel Cohn-Bendit, président du groupe des Verts, voit dans la négociation de ces deux textes " l'illustration de l'omniprésence de la grande coalition allemande CDU-SPD au Parlement européen ". Une thèse que réfute Martin Schulz, président allemand du groupe socialiste : " Le PPE étant très divisé, nous essayons de rallier ses éléments les plus progressistes ", explique-t-il. Pour Alain Lamassoure (UMP), " il n'y a pas une grande coalition allemande, mais une énorme délégation allemande de 99 élus, qui rend leur présence inévitable sur les grands textes ".

Le groupe des libéraux et démocrates (ADLE, 106 élus), auquel appartient l'UDF (11 élus) de François Bayrou, fait souvent office de groupe charnière. Sur les questions économiques, il s'allie plutôt à la droite, soucieuse de ménager la compétitivité économique. Lors de la discussion de la directive Bolkestein, il était favorable au principe du pays d'origine, dont la gauche ne voulait pas afin d'éviter tout dumping social Est-Ouest. Il s'est finalement rallié au compromis.

Sur les questions des droits de l'homme, les libéraux et démocrates votent avec les socialistes, les Verts et les communistes. Leurs voix ont rendu possible l'adoption, le 14 février, d'un rapport critiquant la passivité des Etats européens face aux actions illégales de la CIA sur leur territoire.

L'alliance de la gauche et des libéraux et démocrates prévaut également lorsqu'il est question des valeurs de l'Union, notamment l'interdiction de la discrimination. En 2004, ces élus ont prévenu qu'ils s'opposeraient à l'investiture de la Commission Barroso si elle maintenait une personnalité qui avait tenu des propos homophobes. C'est sous leur impulsion encore, et notamment celle de l'UDF Jean-Marie Cavada, président de la commission des libertés, que le Parlement a protesté, en 2006, contre la montée de " l'homophobie en Europe ", surtout en Pologne.

Sur les questions institutionnelles, les libéraux votent comme les socialistes, les Verts et le PPE, contre les souverainistes et les conservateurs britanniques. " N'oublions pas que l'Europe a été créée par l'alliance des démocrates-chrétiens et des sociaux-démocrates, contre les nationalistes ", rappelle l'eurodéputé socialiste français Gilles Savary, porte-parole de Ségolène Royal.

" Tous ces exemples montrent que ce ne sont pas les libéraux qui dirigent les négociations ! ", constate M. Lamassoure, conseiller de Nicolas Sarkozy : " Quand on est un parti charnière, on se rallie ! ", tranche-t-il. " La prétention comique de Bayrou, c'est de dire : "Je dirige le plus petit parti, mais les plus grands vont venir derrière" ! Ce ne sont tout de même pas les libéraux qui dirigent les coalitions allemande ou autrichienne ! ", s'exclame-t-il.

M. Savary observe que " les Verts et les libéraux ne sont courtisés que lorsque le compromis historique PPE-PSE n'arrive pas à se réaliser ". Il constate que les compromis imposent des concessions et génèrent des textes qui ne sont pas toujours compréhensibles par le grand public. " Je crains qu'à gouverner selon le modèle d'une grande coalition, nous ne fassions le lit des protestataires de tous bords ", estime-t-il.

Thomas Ferenczi et Rafaële Rivais

 

 

© Le Monde

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité