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28 février 2007

L'élection présidentielle en France suscite des appréhensions dans les capitales européennes

La crainte d'un nouveau référendum français sur un traité européen renégocié pèse sur la perception des candidats

 

L'enjeu des élections françaises pour la relance du processus européen, bloqué par le non français à la Constitution européenne en 2005, donne à celles-ci une importance particulière pour nos partenaires européens. Chacun tente de supputer, au-delà de l'affirmation de ses préférences partisanes, ce que la France fera après le double scrutin présidentiel et législatif.

Au Parlement européen, bonne caisse de résonance, la perception des principaux candidats est biaisée par la crainte d'un nouveau référendum en France pour faire approuver un traité constitutionnel renégocié. Ségolène Royal et François Bayrou se sont pronconcés dans ce sens alors que Nicolas Sarkozy veut passer par la voie parlementaire. " Ceux qui veulent avoir une Constitution en Europe doivent suivre la voie de Nicolas Sarkozy, qui propose de garder l'acquis de la Convention et de le soumettre à la ratification parlementaire ", estime l'eurodéputé démocrate-chrétien allemand Andreas Schwab, reflétant une opinion souvent partagée aussi à gauche.

" Après le premier non français, l'Europe supporte un grave problème, mais après un second non, elle connaîtrait une crise ", prévient le social-démocrate allemand Jo Leinen, un francophile, président de la commission des affaires institutionnelles : " Le couple franco-allemand s'en ressentirait durablement et le crédit de Ségolène Royal serait entamé dès le début de sa présidence ", estime-t-il. Pour sa collègue Evelyne Gebhardt, " Mme Royal joue avec le feu " : " Il y a deux ans, je faisais campagne en Allemagne pour qu'on autorise le référendum. Mais depuis les non français et néerlandais, j'ai changé d'avis ", explique-t-elle.

Outre-Rhin, le ton du débat politique en France suscite d'ailleurs beaucoup d'incompréhensions. La presse allemande se montre sceptique aussi bien à l'égard de M. Sarkozy que de Mme Royal. Les deux candidats " sont une malchance d'un point de vue allemand ", soulignait récemment le Financial Times Deutschland (FTD). A peine moins sévère, le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) les considère comme deux " populistes ambitieux, dont la réussite personnelle est plus importante que la ligne gauche du parti ou l'existence de traditions à droite ". " Les deux candidats sont imprévisibles et peu expérimentés en politique étrangère ", juge la FAZ, qui rappelle leurs critiques à l'encontre de la banque centrale européenne (BCE) et leurs " contours flous " en matière de relance du processus constitutionnel.

" Que ce soit Sarko ou Ségo, le temps où le gouvernement fédéral avait des alliés fiables à Paris est bientôt révolu ", résume le FTD. Une vision que nuance Mathias Koopmann, de la société allemande de politique étrangère (DGAP) : " Même si le scepticisme domine à l'égard de Ségolène Royal, elle conserve encore un peu de crédit auprès de la classe politique allemande, dans la mesure où elle ne s'est pas encore exprimée clairement sur les sujets européens. " Quant à M. Sarkozy, " il a marqué des points, en Allemagne, lors de son discours sur l'Europe à Strasbourg ".

Peut-être parce qu'ils sont habitués aux coalitions, les Belges ont manifesté, ces derniers jours, un intérêt particulier pour le phénomène François Bayrou. Jugeant difficile son projet de rassemblement et de troisième voie, la presse estime que sa percée est sans doute la seule vraie nouveauté du débat français, très suivi par les Belges, qui ont, eux-mêmes, leurs législatives, le 10 juin. Gauche et droite belges ne cherchent cependant pas à comparer leur programme avec leurs homologues français. Tout au plus M. Di Rupo, le leader du PS belge, distingue " la même dimension sociale " dans le programme de Mme Royal.

En Italie, les positions affichées par M. Sarkozy sur l'Europe et sur les relations avec les Etats-Unis séduisent les leaders de droite, dont Gianfranco Fini, dirigeant d'Alliance nationale (AN, droite conservatrice) qui a rédigé la préface de la traduction italienne du livre de M. Sarkozy, Témoignages. AN, d'origine post-fasciste, compte sur l'appui de Nicolas Sarkozy pour rejoindre le PPE au Parlement européen.

Ségolène Royal a provoqué un phénomène de curiosité d'autant plus important qu'aucune femme italienne n'a encore été en mesure de briguer de telles responsabilités. La sympathie du centre-gauche pour elle n'a pas faibli, malgré " les gaffes de Ségolène " qui ont fait les gros titres de la presse. Elle avait été reçue avec beaucoup d'égard à l'automne par les responsables des Démocrates de gauche et Romano Prodi lui-même. Ce dernier, interrogé sur ses préférences, a pourtant choisi de rappeler sa proximité avec... François Bayrou.

En Espagne, où M. Sarkozy est lié d'amitié avec l'ancien président du gouvernement José Maria Aznar, la droite a apprécié que le ministre français de l'intérieur critique la politique d'immigration de l'actuel premier ministre, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero, en particulier la régularisation de 600 000 travailleurs clandestins en 2005. M. Zapatero, qui n'a pas caché sa sympathie pour Ségolène Royal, a reçu néanmoins avec beaucoup d'égards, mardi 27 février, le ministre de l'intérieur.

Jean Jacques Bozonnet (Rome), Cécile Calla (Berlin), Cécile Chambraud (Madrid), Rafaëlle Rivais et Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles)

 

 

© Le Monde

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