Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
VDS
VDS
Publicité
Archives
VDS
Derniers commentaires
1 mars 2007

Romano Prodi gagne un sursis avec le vote de confiance du Sénat

ROME  CORRESPONDANT
Par 162 voix contre 157, les sénateurs italiens ont infirmé leur vote de défiance du 21 février. Mais le sort du gouvernement reste incertain

SÉNATEURS À VIE.

Il y en a actuellement sept. Les anciens présidents de la République le deviennent automatiquement. Des personnalités sont nommées de manière discrétionnaire par le chef de l'Etat en fonction de leurs mérites.

UN VOTE PARTAGÉ.

Quatre ont voté, mercredi 28 février, la confiance : les anciens présidents de la République Ciampi et Scalfaro ; le Prix Nobel de médecine Rita Levi Montalcini et l'ancien du Parlement européen Emilio Colombo. L'ancien président Francesco Cossiga a voté contre. L'ancien président du conseil Giulio Andreotti et l'industriel et designer automobile Sergio Pininfarina n'ont pas pris part au vote.

 

Ils se sont précipités vers Romano Prodi pour l'embrasser et le complimenter, comme le font des footballeurs autour de leur buteur providentiel. Ce débordement d'honorables sénateurs en disait long, mercredi 28 février, sur le soulagement éprouvé par la majorité de centre-gauche après que le Sénat a voté la confiance à l'exécutif conduit par Romano Prodi.

" Il professore " lui-même a exulté à l'énoncé du résultat. 162 voix contre 157 : c'est la preuve, selon lui, qu'" il existe une majorité politique autosuffisante " au Sénat, même en faisant abstraction des quatre sénateurs à vie qui ont voté la confiance. Celle-ci devrait être confirmée, vendredi 2 mars à la Chambre des députés, où la gauche dispose d'une marge confortable d'une soixantaine de voix.

Une semaine après avoir été mis en minorité au Sénat sur sa politique étrangère, M. Prodi se trouve remis en selle, mais il est le premier à savoir que son équilibre est précaire. La majorité qui s'est dégagée au Sénat, avec l'appoint d'un ancien ministre de Silvio Berlusconi, le centriste Marco Follini, est tout aussi fragile qu'avant. L'incertitude concernant le choix du sénateur indépendant Luigi Pallaro (finalement en faveur de la confiance) a plané jusqu'au début des opérations de vote. Enfin, les sénateurs dissidents de la gauche radicale, qui avaient contribué à la crise de gouvernement en votant contre les orientations de la politique étrangère le 21 février, n'ont pas désarmé. Plusieurs ont annoncé qu'ils ne voteraient pas, en mars, le refinancement de la mission italienne en Afghanistan, ni, plus tard, la ligne Lyon-Turin, pas plus qu'une éventuelle réforme des retraites.

Le premier ministre avait pourtant déployé des trésors de prudence dans le discours, très consensuel, par lequel il a réclamé la confiance, mardi 27 février. " Un exercice d'équilibriste ", selon La Stampa ; " une opération survie ", pour La Repubblica. Tendu, il a énuméré des promesses vagues concernant le droit au logement, la lutte contre la précarité des jeunes, l'aide aux familles, ou encore un coup de pouce aux retraites les plus basses. Mais les thèmes les plus sensibles n'ont pas été abordés, comme l'agrandissement de la base militaire américaine de Vicence ou les " dico " (droits et devoirs des personnes vivant ensemble), cette version italienne du pacs français qui a déclenché l'ire de l'Eglise catholique et la grogne des partis centristes de la coalition au pouvoir.

Adopté le 8 février, le projet de loi sur la reconnaissance juridique des couples non mariés, hétérosexuels et homosexuels, sera bientôt discuté au Parlement. " En le présentant, le gouvernement est allé au bout de son devoir ", a précisé M. Prodi, mercredi soir, en conclusion du débat sur la confiance. Selon lui, il appartient désormais au Parlement de faire évoluer le texte " vers une ample convergence " entre majorité et opposition, car le sujet " doit laisser une marge à la liberté de conscience ".

Le gouvernement Prodi ne trébuchera donc pas sur les " dico ", mais les occasions ne manqueront pas sur l'un ou l'autre des douze points " non négociables " du programme imposé aux neuf partis de sa coalition. " Il ne peut plus toucher à aucun sujet, a diagnostiqué M.  Berlusconi. A peine bougera-t-il, il tombera. " Le sentiment que M. Prodi s'est vu accorder un simple sursis est largement répandu dans l'opinion. Selon un sondage de l'Institut Mannheimer, publié, mercredi, par Il Corriere della sera, quatre Italiens sur dix sont persuadés que le gouvernement Prodi ne résistera pas plus de deux mois.

La majorité d'entre eux s'attend à un " gouvernement technique " ou à des élections anticipées. Tout en reconduisant M. Prodi dans ses fonctions, le chef de l'Etat, Giorgio Napolitano, n'avait pas caché sa préférence pour un gouvernement institutionnel chargé de réformer la loi électorale, accusée par tous d'être une source d'instabilité. M. Prodi a consacré une partie de son discours de politique générale à la nécessité d'engager " prioritairement " une telle réforme, dans laquelle s'impliqueraient la gauche et la droite. Ce rôle d'arbitre intrigue les observateurs : " Dans la mesure où il a fondé son identité politique sur l'anti-berlusconisme, peut-il aujourd'hui devenir une figure institutionnelle consensuelle ? ", se demande Il Corriere della sera.

Jean-Jacques Bozonnet

 

 

© Le Monde


Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité