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8 août 2003

PSYCHANALYSE TABLE - TABOU

Chapitre 1 TABLE_ 2

a Expressions 2

i Dite « mettre la table » 2

Chapitre 2 TABOU_ 4

a Définition_ 4

b Différents 4

i Dit animaux 4

ii Dit hommes 4

iii Dit menstruation 5

iv Dit autres Objets 6

v Dit toucher 6

c Source_ 6

d Lien avec la psychanalyse_ 7

i Névrose obsessionnelle et tabou 7

a Absence de motivation des prohibitions 7

b Leur fixation en vertu d’une nécessité interne 7

c Leur facilité de déplacement et contagiosité des Objets prohibés 7

d Existence d’actes et de règles cérémonieux découlant des prohibitions 7

e Selon …__ 8

i WUNDT_ 8

a La classification des tabous 8

Un Le tabou des animaux 8

Deux Le tabou des hommes 8

Trois Le tabou des autres Objets 8

T

Le mot « table », du latin tabula, signifie « planche » à l’origine. Au Moyen Age on la mettait véritablement, on la dressait à chaque repas, le plus souvent sur des tréteaux mobiles. Au fond, cela se passait comme de nos jours à l’occasion de certains banquets, lorsqu’on installe des tables de fortune dans un jardin ou sous un hangar, chose qui se pratique encore couramment à la campagne pour une fête de famille. La raison n’est pas que nos ancêtres étaient incapables de construire des meubles durables – de vraies tables existaient d’ailleurs dans le même temps, de petite taille, sous le nom de dais – seulement les gens étaient toujours très nombreux à table, particulièrement dans les châteaux où cohabitaient plusieurs générations, souvent avec les branches collatérales des neveux, tantes, cousins et cousines, sans parler des hôtes de passage toujours dignement accueillis avec leur suite, en ces temps où l’hospitalité était une loi, une obligation mais aussi une forme de divertissement. Dans ces conditions, un meuble permanent, capable de loger trente convives ou davantage, aurait encombré inutilement en dehors des repas un espace qui, surtout dans les anciens châteaux forts, contrairement à ce que l’on imagine, était plutôt limité. Par beau temps, et si la compagnie était nombreuse, on faisait comme tout le monde : on mangeait dehors :

« Au jardin li rois eut mainte table dressée » (13ème siècle)

 

aExpressions

«  JANYN, est nostre souper tout preste encore ?

-         Oïln mon seigneur, alez vous seoir quant vous plaira. Fait le seigneur doncques et soi regarde tout environ (regarde autour de lui) et dit :

-         Que dea [diable] ! Encore est la table a mettre ! » (14ème siècle)

Les plaisanteries d’enfants cachent parfois des vérités premières. Lorsqu’on dit à un gosse  de « mettre la table » et qu’il répond : « Où je la mets ? », il joue sans le savoir sur des mots qui recouvraient autrefois une parfaite réalité. En somme, les grandes tables massives ne sont apparues dans les demeures seigneuriales que lorsque les étroits donjons eurent fait place aux vastes corps de logis des châteaux de plaisance. Et encore ! Si l’on en juge par la définition de FURETIERE, les vieilles habitudes n’avaient pas disparu à la fin du 17ème siècle :

« Table, se dit d’un meuble le plus souvent pliant et portatif, sur lequel on met les viandes pour prendre les repas… » D’ailleurs rien n’est jamais tout à fait perdu dans les mœurs : certaines familles nombreuses, logées à l’étroit – quelquefois dans des tours – perpétuent en ce moment même le vieux système des rallonges et des tables pliantes qui sont, littéralement, mises et ôtées deux fois par jour ! Car il fallait, bien sûr, les enlever après usage. Le cérémonial du repas était toujours le même : on commençait par se laver les mains – opération indispensable puisqu’on mangeait avec les doigts. Les valets apportaient un bassin d’eau chaude tout exprès, avec une toile pour s’essuyer. Le repas terminé on retirait les nappes, on démontait les tables et on se relavait les mains avant de se mettre à boire en jouant aux échecs ou aux dés, ou si la compagnie était belle, en écoutant quelqu’un chanter ou conter une histoire. on pouvait même se mettre à danser si on avait des musiciens sous la main. Voici la fin d’un repas en 1316, extrait de Jehan MAILLART, dans Le Roman du comte d’ANJOU. Le comte de BOURGES de passage chez un vassal demande à voir la très belle fille dont on vient de lui parler. – Ce n’est autre que la fille du comte d’ANJOU qui se cache chez ce brave homme après s’être enfuie de chez elle, à la suite de cette fameuse partie d’échecs au cours de laquelle son papa, sur un coup de sang, lui a proposé de coucher avec elle.

« Lors dit li quens* : ‘’Comment                     * : le comte

Qu’il aille

Je veil* que l’on oste lez tablez                       * : veux

Et si* n’ai cure d’oïr fables,                                      * : aussi

Ne* chançon, ne son de vïelle :                              * : ni

Je veil veoir celle pucelle

Et que touz et toutes la voient

Et que trestouz tesmoins en

Soient

S’elle est si belle comme il dïent.’’

Li dui* varlets molt l’en mercïent ;                        * : les deux

Lez napes lievent*, l’iaue                                           * : lèvent

Donnent

Et li fourriers pas ne sermonnent :

Lez tablez ont misez par terre. »

Ce n’est pas malgré les apparences ce que l’on appelle « faire table rase ». A titre d’exemple et de curiosité voici une soirée complète typique du 13ème siècle extrait de Contribution à l’étude des fabliaux, II, de Jean RYCHNER, celle du Chevalier qui fit les cons parler, hébergé pour un soir dans un château :

« Li cuens et la contesse ansamble

Alerent querre, se me semble,

Lor oste qu’orent herbergié ;

*        *        *

Et la contesse por laver

Print* par les mains le chevalier,                                                                           * : prit

*        *        *

Et puis li cuens et les puceles,

Les dames et les damoiselles,

Lavent après et l’autre gent*                                                                                    * : les autres

De coi il y ot* planté grant**                                                                * : eut,  ** : en abondance

Por le chevalier conjoïr*                                                                                            * : fêter

*        *        *

Assez y ot planté de mes*                                                                  * : mets

Desqueus en servi pres a pres*                                                          * : à la suite

De chars* fresches, de venoisons,                                                      * : chair

Et de pluseurs mes de poissons,

Et des noviaux vins et des viez*                                                         * : vieux

*        *        *

Puis fist on les nappes oster

Et por laver l’iaue aporter.

Li chevaliers tous primerains*                                                             * : d’abord

Avec la contesse ses mains

Lava et puis l’autre gent toute.

Et puis se burent an route*                                                                 * : en bande

Et por l’amour dou chevalier

Se vont trestuit* apparillier                                                                  * : tous

De faire karoles et dances,

Par molt tres noble contenances. »

aDéfinition

Rigoureusement parlant, tabou comprend dans sa désignation : le caractère sacré (ou impur) de personnes ou de choses, le mode de limitation qui découle de ce caractère et les conséquences sacrées (ou impures) qui résultant de la violation de cette interdiction.

FREUD écrit dans Totem et tabou :

« Les tabous seraient des prohibitions très anciennes. […] Ces prohibitions portaient sur des activités qu’on devait avoir une grande tendance à accomplir. […] Le maintien du tabou a eu pour effet que le désir primitif de faire ce qui est tabou a persisté chez ces peuples. Ceux‑ci ont donc adopté à l’égard de leurs prohibitions tabou une attitude ambivalente ; leur inconscient serait heureux d’enfreindre ces prohibitions, mais ils craignent de le faire ; et ils le craignent, parce qu’ils voudraient le faire. »

Ce mot est d’origine polynésienne. Pour nous, le tabou présente deux significations opposées : d’un côté, celle de « sacré », « consacré » ; de l’autre, celle d’« inquiétant », de « dangereux », d’« interdit », d’« impur ». En polynésien, le contraire de tabou se dit noa, ce qui est ordinaire, accessible à tout le monde. C’est ainsi qu’au tabou se rattache la notion d’une sorte de réserve, et le tabou se manifeste essentiellement par des interdictions et restrictions. Notre expression terreur sacrée rendrait souvent le sens de tabou. Les restrictions tabou sont autre chose que des prohibitions purement morales ou religieuses. Elles ne sont pas ramenées à un commandement divin, mais s’imposent d’elles‑mêmes. Ce qui les distingue des prohibitions morales, c’est qu’elles ne font pas partie d’un système considérant les abstentions comme nécessaires d’une façon générale et précisant les raisons de cette nécessité. Les prohibitions tabou ne se fondent sur aucune raison ; leur origine est inconnue ; incompréhensibles pour nous, elles paraissent naturelles à ceux qui vivent sous leur empire.

bDifférents

WUNDT voit dans les ABORIGENES AUSTRALIENS ce type de tabou. Il consiste essentiellement dans la prohibition de les tuer et de les consommer, forme le noyau du tolémisme.

WUNDT voit ce type de tabou chez les ABORIGENES AUSTRALIENS. Il présente un caractère essentiellement différent. Il est limité d’avance à des conditions exceptionnelles dans la vie de l’homme tabou. C’est ainsi que des adolescents sont tabou pendant la célébration de leur maturité, les femmes pendant la menstruation et immédiatelement après les couches ; sont encore tabou les enfants nouveaux‑nés, les malades et, surtout, les morts. De même, les Objets dont un homme se sert constamment, ses habits, ses outils, ses armes, sont, d’une façon permanente, tabou pour tous les autres. Le nouveau nom qu’un garçon reçoit au moment de son initiation à la maturité constitue en AUSTRALIE sa propriété la plus personnelle : aussi ce nom doit‑il être tenu secret.

BETTELHEIM fait remarquer que si les hommes n’avaient envié la menstruation per se, ils l’auraient , néanmoins enviée parce qu’elle était tabou. L’explication la plus simple serait que les femmes étaient des Objets sexuels particulièrement attirants, ou qu’elles éprouvaient des désirs sexuels plus intenses pendant leurs règles, mais que les hommes étaient effrayés, probablement par la crainte générale de toute perte de sang.

Nous ne saurions nous contenter de remarquer que la puberté féminine, tout en étant très marquée, soit dépourvue de tout cérémonial. En effet, chez les INDIENS CUNA, la cérémonie la plus significative de la tribu, plus importante même que les rites de la naissance, du mariage ou de la mort, est la reconnaissance formelle de l’accession à l’âge de la femme, reconnue aux filles qui ont leurs premières règles. Mais c’est là l’exception. En dépit de la fertilité et, comme les hommes, elles éprouvent une certaine ambivalence à l’égard de leur propre sexe et de celui de l’autre. Ainsi, BETTELHEIM trouve parmi les populations sans écriture comme dans celles plus civilisées, une gamme étendue d’attitudes envers les femmes et les cérémonies qui leur sont consacrées. Il est d’avis que les rites de puberté des filles sont plus affectés par l’attitude des hommes devant la menstruation que par l’événement physiologique lui‑même. BETTELHEIM a déjà suggéré que les sentiments des hommes se modèlent en partie à partir de la réaction des femmes. Il complète en déclarant : les filles ne peuvent s’empêcher d’être impressionnées par la crainte qu’ont les hommes de la menstruation. Si un événement est tabou et mystérieux pour une partie de la population, l’autre partie ne tarde pas à se poser des questions relatives à cet événement même si, au début, elle l’admettait comme un fait établi. En fin de compte, il importe peu de savoir qui, le premier, a manifesté une réaction de crainte. Il est regrettable que, dans son analyse subtile de quelques‑uns des tabous les plus importants, FREUD ait accordé si peu d’attention à ceux de la menstruation. Elaborant les principes selon lesquels il convient d’interpréter les tabous, il écrit : « Les tabous seraient des prohibitions très anciennes. […] Ces prohibitions portaient sur des activités qu’on devait avoir une grande tendance à accomplir. […] Le maintien du tabou a eu pour effet que le désir primitif de faire ce qui est tabou a persisté chez ces peuples. Ceux‑ci ont donc adopté à l’égard de leurs prohibitions tabou une attitude ambivalente ; leur inconscient serait heureux d’enfreindre ces prohibitions, mais ils craignent de le faire ; et ils le craignent, parce qu’ils voudraient le faire ». BETTELHEIM ajoute que si les hommes n’avaient envié la menstruation per se, ils l’auraient néanmoins enviée parce qu’elle était tabou. L’explication la plus simple serait que les femmes étaient des Objets sexuels particulièrement attirants, ou qu’elles éprouvaient des désirs sexuels plus intenses pendant leurs règles, mais que les hommes étaient effrayés, probablement par la crainte générale de toute perte de sang. Par réaction, ils ont peut‑être tenté de dissimuler leur terreur du vagin saignant par l’évitement. Mais une autre explication pourrait être également correcte. Poursuivant se discussion sur les tabous, FREUD ajoute : «  C’est ainsi que le cérémonial tabou des rois est en apparence une expression du plus profond respect et un moyen de procurer aux rois la plus complète sécurité ; mais il est en réalité un châtiment pour cette élévation, une vengeance que les Sujets tirent d’eux. » Il se pourrait donc que la parturition et la menstruation eussent conféré, dans le temps, aux femmes une position si élevée que les hommes, qui les enviaient, leur imposèrent des tabous très déplaisants. R. BENEDICT fait mention des INDIENS CARRIER de la COLOMBIE BRITANNIQUE qui, à l’arrivée de la menstruation, obligeaient la fille à vivre pendant trois ou quatre jours dans un isolement complet, dans des lieux sauvages, loin des sentiers fréquentés. Elle était considérée comme une menace pour quiconque la voyait. La trace même de ses pas souillait un sentier ou une rivière. Elle était en danger elle‑même et aussi une source de danger pour les autres. Dans d’autres tribus, l’attitude adoptée est une attitude d’adoration et la première menstruation de la fille est considérée comme une source de bénédiction. « Chez les APACHES, j’ai vu les prêtres s’agenouiller devant des petites filles à l’air très solennel pour recevoir, par l’attouchement, leur bénédiction. Les bébés et les vieillards venaient pour qu’elles les délivrent de leurs maladies. Les adolescentes ne sont pas tenues à l’écart, comme si elles étaient sources de danger, mais on leur fait la cour, car elles incarnent les sources directes de la bénédiction surnaturelle. » L’ambivalence mâle relative à la menstruation a été étudiée par DEVEREUX (dans The Psychology of Feminine Genital Bleeding) pour qui « la femme ayant ses règles et considérée comme une sorcière est, dans un sens, le thème essentiel de l’approche psychanalytique de la menstruation. » Il estime que des sentiments positifs également importants sont laissés de côté. Dans une note, DEVEREUX fait même observer que, dans certaines cultures paysannes, une dignité est conférée à la femme qui a ses règles, quand elle n’est pas Objet de vénération. Tout en lui attribuant des pouvoirs néfastes, les paysans croient que la femme en période de menstruation s’élève dans la hiérarchie sociale : ainsi la paysanne devient une dame, la dame, une noble qui devient à son tour une reine alors que la reine s’identifie à la MADONE – en fait, c’est par la menstruation que la parenté entre la femme et la MADONE est mise en évidence de manière spécifique. L’auteur conclut qu’il est faux d’interpréter la retraite des femmes qui ont leurs règles comme le signe d’une dégradation temporaire. Il a, au contraire, l’impression que les innombrables restrictions imposées aux femmes et aux esclaves indiquent clairement que le pouvoir authentique est détenu par les femmes grâce auxquelles la propagation de l’espèce est assurée et par les masses qui représentent l’espèce.

WUNDT voit ce type de tabou chez les ABORIGENES AUSTRALIENS. Cela représente que tout ce qui est tabou est ce qui, pour une raison quelconque, inspire la crainte ou l’inquiétude.

Une des plus fondamentales injonctions de la névrose obsessionnelle est le tabou du toucher. Lorsqu’on se pose la question de savoir pourquoi la fuite du toucher, du contact, de la contamination, joue dans la névrose un si grand rôle et devient le contenu de systèmes si compliqués, la réponse est que le toucher, le contact corporel est le but prochain aussi de l’Investissement agressif que de l’Investissement tendre de l’Objet. EROS désire le toucher, car il aspire à l’unification, à la suppression des frontières spatiales entre le Moi et l’Objet aimé. Mais la destruction aussi, qui, avant la découverte des armes qui frappent à distance, doit s’opérer dans la proximité, présuppose nécessairement le toucher corporel, l’action de porter la main. Toucher une femme est, dans la langue courante, un euphémisme pour son utilisation comme Objet sexuel. Puisque la névrose obsessionnelle poursuit au début le toucher érotique et auto‑érotique puis, après la régression, le toucher masqué sous forme d’agression, rien d’autre qu’elle ne prohibe si fortement que ce contact, rien qui ne se prêt mieux à devenir le point central d’un système d’interdiction. Mais l’isolation est suppression de la possibilité de contact, moyen de soustraire une chose à toute espèce de toucher, et quand le névrosé isole aussi une impression ou une activité par une pause, il nous donne symboliquement à comprendre qu’il ne veut pas laisser les pensées qui s’y rapportent se toucher par association avec d’autres.

cSource

Le tabou provient de la même source que les instincts les plus primitifs et les plus durables de l’homme : de la crainte de l’action de forces démoniaques. N’étant primitivement que la crainte, objectivée, de la puissance démoniaque, supposée cachée dans l’Objet tabou, le tabou défend d’irriter cette puissance et ordonne, toutes les fois qu’il a été violé ou non, d’écarter la vengeance du démon.

Peu à peu le tabou devient une puissance indépendante, distincte du démonisme. Il devient la contrainte imposée par la tradition et la coutume et, en dernier lieu, par la loi. Le commandement qui se dissimule, inexprimé, derrière les prohibitions du tabou variant d’une localité à l’autre et d’une époque à l’autre est, au début, le suivant : éviter la colère des démons.

dLien avec la psychanalyse

On n’est pas censé ignorer qu’il existe des personnes qui se sont créé à elles‑mêmes des prohibitions tabou, qu’elles observent aussi rigoureusement que le sauvage obéit aux prohibitions communes à sa tribu ou à sa société. Le psychanalyste les désigne sous le nom de malades atteints de névrose obsessionnelle, ou maladie du tabou. Les recherches  psychanalytiques lui ont appris tant de choses sur cette névrose obsessionnelle, sur son étiologie clinique et sur les éléments essentiels de son mécanisme psychologique qu’il ne pourra pas résister à la tentation d’appliquer aux phénomènes correspondants de la psychologie collective les données qu’il a acquises dans le domaine de la psychanalyse, bien entendu cette comparaison n’est pas à prendre au pied de la lettre.

Ces prohibitions ont surgi un jour et depuis l’Individu est obligé de subir leur contrainte en vertu d’une angoisse irrésistible. Une menace extérieure de châtiment est superflue, car le Sujet possède la certitude intérieure (conscience) que la violation de la prohibition sera suivie d’un malheur terrible. Tout ce que les obsédés sont à même de dire, c’est qu’ils ont un pressentiment indéfinissable que la violation serait une cause de préjudice grace pour une personne de leur entourage. Ils sont incapables de dire de quelle nature peut être ce préjudice, et encore ce renseignement si vague n’est‑il obtenu que plus tard, au travers des actes de protection et d’expiation, et non à propos des prohibitions elles‑mêmes.

La prohibition principale, centrale de la névrose est, comme dans le tabou, celle du contact, d’où son nom phobie du toucher. La prohibition ne porte pas seulement sur l’attouchement direct du corps, mais s’étend à toutes les actions que nous définissons par l’expression figurée : se mettre en contact, venir en contact. Tout ce qui oriente les idées vers ce qui est prohibé, c’est‑à‑dire tout ce qui provoque un contact purement abstrait ou mental, est prohibé au même titre que le contact matériel lui‑même ; on retrouve la même extension du sens dans le tabou.

Les prohibitions obsessionnelles sont susceptibles de grands déplacements. Elles utilisent toutes les voies possibles pour s’étendre d’un Objet à l’autre dans un ensemble donné et le rendre à son tour impossible. Le monde entier finit quelquefois par être frappé d’impossibilité. Les obsédés se comportent comme si les personnes et les choses impossibles étaient les sources d’une dangereuse contagion, prête à s’étendre par contact à tout ce qui se trouve dans le voisinage.

De même que les prohibitions tabou, les prohibitions obsessionnelles apportent dans la vie des malades d’énormes privations et restrictions ; mais certaines de ces prohibitions peut être levées par l’accomplissement de certains actes ayant, eux aussi, un caractère obsessionnel et qui sont incontestablement des actes de repentir, d’expiation, de préservation, de purification. Le plus fréquent de ces actes obsessionnels est l’ablution (ablution obsessionnelle). Il en est de même de certaines prohibitions tabou qui peuvent, elles aussi, être remplacées ou dont la violence peut être expiée par la cérémonie de la lustration.

eSelon …

WUNDT dit que le tabou représente le code non écrit le plus ancien de l’humanité. Il est généralement admis que le tabou est le plus ancien que les dieux et remonte à une époque antérieure à toute religion. Il est d’avis que le tabou est une expression et une conséquence de la croyance des peuples primitifs aux puissances démoniaques. Ultérieurement, le tabou se serait détaché de cette racine et ne serait resté une puissance qu’en vertu d’une sorte d’inertie psychique. Ainsi, le tabou serait même la racine de nos prescriptions morales et de nos lois.

Il explique pourquoi il lui paraît plus rationnel d’étudier la nature du tabou d’après les conditions des primitifs australiens que d’après la culture supérieure des peuples polynésiens. Il range les prohibitions tabou des AUSTRALIENS en trois classes, selon qu’elles se rapportent à des animaux, à des hommes ou à d’autres Objets.

Il consiste essentiellement dans la prohibition de les tuer et de les consommer, forme le noyau du tolémisme.

Il présente un caractère essentiellement différent. Il est limité d’avance à des conditions exceptionnelles dans la vie de l’homme tabou. C’est ainsi que des adolescents sont tabou pendant la célébration de leur maturité, les femmes pendant la menstruation et immédiatelement après les couches ; sont encore tabou les enfants nouveaux‑nés, les malades et, surtout, les morts. De même, les Objets dont un homme se sert constamment, ses habits, ses outils, ses armes, sont, d’une façon permanente, tabou pour tous les autres. Le nouveau nom qu’un garçon reçoit au moment de son initiation à la maturité constitue en AUSTRALIE sa propriété la plus personnelle : aussi ce nom doit‑il être tenu secret.

Cela représente que tout ce qui est tabou est ce qui, pour une raison quelconque, inspire la crainte ou l’inquiétude.

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