PSYCHANALYSE WERTHER

Chapitre 1 WERTHER : 1

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Chapitre 1 WERTHER : 

A l’orée du romantisme, WERTHER incarna la figure du héros mélancolique : « Lorsque de ma fenêtre, écrit‑il à son ami, je regarde vers la colline lointaine, c’est en vain que je vois au‑dessus d’elle le soleil du matin pénétrer les brouillards et luire sur le fond paisible de la prairie, tandis que la douce rivière s’avance vers moi, en serpentant, entre ses saules dépouillés de feuilles : toute cette magnifique nature est pour moi froide, inanimée, comme une estampe coloriée ; et de ce tout spectacle je ne peux verser en moi et faire passer de ma tête dans mon cœur la moindre goutte d’u sentiment bienheureux. L’homme tout entier est là debout, la face devant Dieu, comme un puits tari, comme un sceau desséché. » Ce tableau clinique trouve sa raison dans une défaillance du procès métaphorique qui est au principe du langage, défaillance advenue quand la chaîne des représentations, chargée de donner corps aux Objets du monde, s’avoue incapable d’assurer la relève du signifiant primordial, abîmé dans le refoulement originaire. C’est en effet cette relève qui, en affectant les choses de l’ombre portée du phallus perdu, leur permet d’être des représentants substitutifs de la Chose, susceptibles d’alimenter la noria du désir. L’échec de cette opération a pour effet, a contrario, de geler la source de la pulsion (Quelle) et d’en faire un puits tari, pétrifiant du même coup le cours des représentations et réduisant le Sujet au sceau desséché évoqué par WERTHER. La clinique de la mélancolie éclaire ainsi l’état maladif que NIETZSCHE décrit comme « grave langueur, […] misanthropie d’une lucidité morbide, […] restriction foncière à l’amertume », tandis que la référence au « gel en pleine jeunesse » de toutes les facultés créatrices du poète semble anticiper les élaborations théoriques de FREUD. Du coup, la formule qui présente le retour de l’inspiration comme la levée d’un « vent de dégel » revêt une portée métapsychologique.