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15 février 2007

BERLIN ENVOYÉ SPÉCIAL

Deux documentaires captivants, l'un sur le Parlement américain l'autre sur un candidat aux municipales près de Tokyo

Deux documentaires fleuves consacrés aux mécanismes de la politique ont été projetés au Festival de cinéma de Berlin. State Legislature, du vétéran américain Frederick Wiseman, suit, pendant plus de trois heures et demie, les travaux des deux Chambres du Parlement de l'Idaho, Etat du nord-ouest des Etats-Unis ; Campaign, premier film du Japonais Kazuhiro Soda, accompagne, deux heures durant, un jeune candidat du Parti libéral-démocrate dans sa tentative de conquérir un siège au conseil municipal de Kawasaki, cité-dortoir de la banlieue de Tokyo.

Wiseman est depuis quarante ans un observateur critique de la société américaine. Il a choisi, pour filmer le processus législatif, un Etat républicain qui ne compte qu'un quart de parlementaires démocrates. Mais son film est tout sauf une charge à l'encontre de la nouvelle droite américaine. Le cinéaste explique qu'il voulait tourner au Far West, dans un Etat dont les élus " exerçaient leur mandat à temps partiel ". De fait, en dehors des trois mois de la session annuelle, les représentants et sénateurs de l'Idaho retournent à leur ranch, à leur cabinet ou à leur entreprise.

Pendant ces douze semaines, Wiseman a couru dans les deux étages du Capitole de l'Idaho, modèle réduit du bâtiment de Washington, pour capter les débats. Le film est découpé en séquences de longueur inégale, chacune consacrée à un projet de texte. Au menu, les sujets qui divisent les Etats-Unis : dérégulation des services publics, mariage homosexuel, violence à l'école, séparation de l'Eglise et de l'Etat, interdiction de fumer dans les lieux publics. " Je ne pense pas avoir eu de la chance en réunissant ces thèmes dans un seul film, explique le cinéaste. La brièveté de la session force les législateurs à tout aborder dans un laps de temps réduit. "

Ce qui frappe, c'est la qualité et la civilité des débats. Un peu rébarbative, comme le reconnaît Wiseman (" C'est un film qui repose sur la parole, on ne peut rien montrer par le mouvement "), cette ode à la démocratie représentative et au travail législatif doit trouver un diffuseur pour la France. La chaîne Arte, qui l'a produit, a désavoué la très longue version présentée par le cinéaste ; le différend n'est pas réglé.

DOUZE JOURS DE CAMPAGNE

Kazuhiro Soda est un admirateur de Wiseman. Son film commence par un plan sur un homme armé d'un porte-voix, flanqué d'un acolyte qui distribue des dépliants. Il se plante devant une gare et salue les voyageurs qui reviennent du travail. Personne ne le regarde, mais il scande son nom, en l'associant à celui du premier ministre Junichiro Koizumi.

On est au début des douze jours de la campagne de Kazuhiko Yamauchi, 40 ans, parachuté de Tokyo par le PLD (conservateur), au pouvoir au Japon.

Les sujets de fond sont à peine abordés. " J'ai tourné pendant quatre-vingts heures, et je crois avoir respecté la proportion entre les apparitions en public et les discussions ", explique Kazuhiro Soda, qui vit à New York et est rentré au Japon lorsqu'il a appris qu'un camarade de faculté, qu'il avait connu plutôt gauchisant, avait rallié la bannière libérale-démocrate.

Tourné en vidéo HD, Campaign est un film souvent burlesque, qui profite de la personnalité fascinante de son héros, sorte de ludion précipité dans le système féodal du PLD. Aucune humiliation ne lui est épargnée : " En cela, la politique japonaise ressemble au monde de l'entreprise : les nouveaux venus sont bizutés ", explique le documentariste.

Thomas Sotinel

" Campaign " sera projeté au Centre Pompidou les 15 et 17 mars dans le cadre du festival Cinéma du réel.

                     

© Le Monde

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