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24 février 2007

La Bourse confrontée au doute

Si la plupart des gérants restent optimistes pour 2007, des trous d'air sont attendus au cours du premier semestre

            

Après quatre années de hausse, faut-il continuer de miser sur les actions ? Les statistiques sont inquiétantes. Il est rare qu'un cycle de hausse dépasse quatre ans en Bourse, même si Wall Street a connu huit années dans le vert entre 1982 et 1989, puis cinq autres entre 1995 et 1999. Pourtant, la plupart des gérants restent confiants. Ceux que nous avons interrogés tablent en moyenne sur une progression de 8 % à 10 % des indices européens en 2007. Le début d'année conforte leur optimisme. En janvier, le CAC 40, l'indice phare de la place parisienne, s'est apprécié de 1,5 %. Il tutoie le seuil des 5 700 points, niveau qu'il n'avait plus atteint depuis 2001.

La conjoncture économique semble idéale pour les actions. Les inquiétudes qui avaient provoqué la purge des marchés au printemps 2006 ont fait long feu. Outre-Atlantique, l'économie ralentit mais reste solide. Le marché immobilier semble s'y stabiliser. Certains experts tablent désormais sur un redémarrage de l'économie américaine en fin d'année. Dans un discours, le 14 février, Ben Bernanke, le patron de la Réserve fédérale américaine (Fed), a confirmé que les craintes d'un retour de l'inflation n'étaient plus d'actualité. " Une baisse des taux directeurs de la Fed semble probable en 2007, ce qui donnerait un ballon d'oxygène aux actions ", estime Patrick Mange, directeur de la stratégie chez BNP Paribas Asset Management.

Au niveau mondial, le ralentissement américain est compensé par l'accélération de la croissance dans la zone euro et au Japon, et par la vigueur des pays émergents. La croissance mondiale devrait être proche de 5 % en 2007. Le repli des prix de l'énergie et le redressement du marché du travail aux Etats-Unis et dans la zone euro alimentent également l'optimisme des investisseurs.

Les facteurs de soutien des actions sont nombreux. D'abord, elles profitent de la faiblesse des rendements obligataires et des incertitudes du marché immobilier. " En comparaison avec les autres classes d'actifs, les actions offrent le meilleur compromis entre risque et rendement ", résume Pascal Blanqué, directeur de la gestion chez Crédit agricole Asset Management. Depuis la reprise des marchés en 2003, les bénéfices des entreprises ont progressé plus vite que leur cours de Bourse. Les actions sont donc comparativement moins chères qu'il y a quatre ans.

En Europe, les entreprises capitalisent entre treize et quatorze fois leurs bénéfices prévus pour 2007. Même si leur rythme de croissance ralentit, les profits continuent d'augmenter. " Aux Etats-Unis, ils devraient progresser de 8 % à 9 % cette année ", affirme Eric Tazé-Bernard, directeur de la multigestion chez Invesco Asset Management.

Même s'ils diminuent, les flux de liquidités en provenance des pays asiatiques continuent d'alimenter les Bourses occidentales. " En l'absence de craintes inflationnistes, il est possible que les investisseurs acceptent de payer plus cher les actions ", estime Patrick Mange. Une opinion partagée par la plupart des gérants.

Enfin, le rythme toujours soutenu des fusions et acquisitions contribue à doper les cours. Le bas niveau des taux et le faible endettement des entreprises facilitent ces opérations. " Les fusions et acquisitions ont représenté 3 800 milliards de dollars - 2 900 milliards d'euros -  en 2006, soit trois fois plus qu'en 2003 ", rappelle Eric Mijot, responsable de la recherche actions chez Société générale Asset Management. Les fonds d'investissement n'hésitent pas à s'attaquer à des proies de plus en plus grosses. Engagées dans la course à la mondialisation, les entreprises n'ont pas le choix. Elles doivent grossir pour ne pas se faire avaler.

Pourtant, la nervosité est manifeste depuis le début de l'année sur les marchés d'actions. Depuis son point bas du 15 juin 2006, le CAC 40 a repris 23 %. La hausse a été si rapide qu'une correction semble inévitable. " Mais il est très difficile de savoir à quel moment elle interviendra ", confie Patrick Mange. La visibilité est faible et les idées d'investissement se font rares.

Signe d'un essoufflement, la plupart des thèmes joués ces dernières années par les investisseurs semblent épuisés. Dans un contexte incertain, la prudence recommande de privilégier les valeurs défensives qui procurent un rendement élevé, comme les sociétés de service aux collectivités locales. Mais ces dernières ont atteint de tels niveaux de valorisation qu'elles n'échapperaient probablement pas à une purge.

En revanche, les sociétés qui profitent de la vigueur de la consommation, comme les fabricants de biens durables ou les opérateurs de télécommunication, devraient mieux résister. Le luxe, qui bénéficie du développement des classes moyennes dans les pays émergents, reste un thème porteur. Même si elles ont souffert du repli des cours du pétrole, les sociétés énergétiques semblent encore avoir de beaux jours devant elles. En cas de nouvelle purge, ce sont vers ces secteurs que les investisseurs devraient se rabattre en priorité. En attendant, la plupart des gérants optent pour le " stock-picking " : ils s'attachent uniquement aux qualités des entreprises, sans critère sectoriel. Les valeurs susceptibles de faire l'objet d'une offre publique d'achat (OPA) sont plus que jamais recherchées.

Dans un tel contexte, l'attitude de la Banque centrale européenne (BCE) risque d'être déterminante. Si un relèvement de 3,50 % à 3,75 % de son principal taux directeur semble acquis en mars, une nouvelle hausse en mai pourrait donner le signal de prises de bénéfice. " Si les taux directeurs passent à 4 %, les investisseurs commenceront à se reporter sur les obligations ", estime Bernard Descreux, directeur de la gestion à La Banque postale Asset Management. L'année 2007 pourrait ainsi marquer un début de retour en grâce des produits de taux.

Jérôme Porier

          

          

© Le Monde




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