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27 février 2007

LIBAN SIX MOIS APRÈS LA GUERRE ENTRE ISRAËL ET LE HEZBOLLAH

La reconstruction avance lentement dans les localités sinistrées du Liban sud
      

AÏTAROUN (Sud du Liban) ENVOYÉE SPÉCIALE

            

Les ballots de vêtements usés et d'autres déchets sont dispersés ici et là. Le toit de tôle est criblé d'impacts de balles. Les parpaings qui font office de murs ne se portent pas mieux et certains ont été arrachés par la chute d'obus. La broyeuse est sur le point de rouiller faute d'être activée. Un petit kilomètre plus à l'est, de l'autre côté du grillage qui délimite la frontière provisoire entre le Liban et Israël, se dresse l'antenne de ce qui semble être un centre d'observation de l'armée israélienne. " C'est de là qu'ils tiraient à l'artillerie et à l'arme automatique ", indique le président de la municipalité d'Aïtaroun, Sélim Mrad, qui fait visiter les lieux à l'ambassadeur de la Commission européenne, Patrick Laurent.

Six mois après la fin des hostilités entre le Hezbollah et l'armée israélienne, la déchetterie d'Aïtaroun est figée dans l'état où l'a laissée la guerre de l'été 2006. Elle va enfin être remise en état et devrait être opérationnelle l'été prochain grâce à des financements assurés par la Commission européenne, via le Fonds de développement économique et social (FDES), créé en 2000, en vertu d'une convention signée avec le gouvernement libanais. C'était déjà grâce à une subvention de 300 000 euros que cette petite localité avait été dotée de certaines infrastructures, après une consultation à laquelle la population locale avait été associée.

Outre la déchetterie, des centres pour le développement agricole et pour l'apprentissage de l'informatique, ainsi qu'une crèche, avaient été construits et des équipements pour les travaux publics achetés. La guerre de juillet a très sérieusement endommagé plus de la moitié de ces constructions. C'est vrai pour d'autres projets d'infrastructures, mis en place dans le même cadre depuis 2004.

Toutes proportions gardées, la situation ici rappelle un peu ce qui se passe à Gaza où l'Union européenne doit régulièrement, à cause des bombardements israéliens, remettre sur l'ouvrage des travaux déjà achevés. La réorientation de l'enveloppe initiale 2006-2007 vers le programme de " soutien à la relance économique et à la reconstruction " lancé par la Commission européenne, va permettre de contribuer à la réparation des dégâts au Liban sud. Dix-huit millions d'euros - sur un dispositif de 42 millions d'euros annoncé à la conférence de Stockholm pour l'aide d'urgence au Liban - ont été dégagés pour un premier projet d'aide qui englobe plusieurs localités.

CIRCUITS TATILLONS

Le maire d'Aïtaroun sait gré aux Européens de leur aide. " Mais ils sont très lents, dit-il : leur bureaucratie rappelle celle du Liban. L'ambassadeur précédent, Patrick Renaud, était venu début septembre - 2006 - avec une délégation d'experts. Une autre délégation a suivi, qui a évalué les dégâts. Depuis, on attend ", déplore-t-il, ignorant, ou feignant d'ignorer les circuits tatillons que suivent les projets d'assistance européens.

En attendant, la municipalité a financé sur ses propres fonds la remise en état de la salle polyvalente et du centre de formation informatique. Les citernes d'eau des habitations, toutes perforées lors de la guerre, ont été remplacées grâce à un don norvégien. L'Arabie saoudite, via le Haut Comité aux secours créé par le gouvernement libanais, assure l'indemnisation en espèces des particuliers.

Pour Abbas Nehmé, propriétaire d'une ferme dans la localité de Habbouche, la relance est allée plus vite. Il a perdu, à cause de la guerre, les vingt vaches du cheptel qu'il s'était constitué grâce à un crédit du FDES. Déclaré sinistré, il a été exonéré du remboursement de ses dettes, comme 150 autres petits entrepreneurs qui bénéficient du volet " relance économique " de l'aide européenne. En attendant de bénéficier d'un autre prêt, il a remis sa ferme à peu près en état et a déjà acheté quelques bêtes.

Les travaux de réhabilitation avancent cependant lentement dans le sud du Liban toujours sinistré, contrairement à ce que pourrait laisser croire l'animation du marché, au centre de la ville de Bint Jbeil, la plus grande du secteur et fief du Hezbollah. Dans cette région, située au sud du fleuve Litani, et où aucune présence armée autre que celle de l'armée libanaise et des casques bleus de l'ONU n'est tolérée depuis la mi-août 2006, le Hezbollah, dont la présence armée a d'ailleurs toujours été secrète, ne manque jamais de rappeler qu'il est ici chez lui, quoi qu'on fasse. Les portraits géants flambants neufs de son secrétaire général, Hassan Nasrallah, sont là pour le dire.

M. Na.

          

          

© Le Monde

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