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28 février 2007

Les couples divorcent de plus en plus tôt

C'est autour de trois ans de mariage que les risques de séparation sont le plus grands : on compte 24,5 divorces pour 1 000 unions

 

C'est après cinq ans de vie commune que Benjamin a demandé à sa compagne de l'épouser. " Un jour de février 2004, en voyage dans un endroit magnifique d'Argentine, j'ai eu envie de faire ma demande, elle a accepté ", se rappelle ce jeune homme de 31 ans. Retour en France, préparatifs... le mariage a finalement lieu en septembre 2005, dans un château, avec 150 invités. " On n'a pas vraiment pris le temps de réfléchir ", remarque Benjamin.

Puis la vie reprend son cours presque normal. Sans jamais avoir sacralisé le mariage, Benjamin est tout de même surpris d'éprouver de la fierté à dire " ma femme ". Il l'est encore plus de constater à quel point le mariage change les choses. " Avant, nous vivions au jour le jour sans nous poser de question, raconte-t-il. Une fois marié, on se projette dans l'avenir, on pense aux années qu'on va passer ensemble, aux projets, aux enfants. Je vivais cela comme un accomplissement. "

Pour son épouse, il en va tout autrement. Cette projection la panique, déclenche une série de prises de conscience, de bilan. Après deux courtes ruptures, le couple finit par décider de divorcer, un an après leur mariage.

Ils sont nombreux dans ce cas, à ne pas supporter le poids de l'engagement qui semble s'abattre sur eux, une fois les alliances au doigt. Selon l'Insee-ministère de la justice, sur 134 000 divorces prononcés en 2004, près de 20 000 concernaient des couples mariés depuis moins de cinq ans, soit 29 % de plus qu'en 2000. Et c'est autour de trois ans que les risques sont le plus grands : 24,5 divorces pour 1 000 unions.

Le mariage se heurterait-il aux messages d'une société qui privilégie le bonheur, la réussite, l'épanouissement personnel ? " Pas facile de faire des études, de commencer à travailler, d'entreprendre un parcours qui prépare à une vie autonome et de se retrouver avec quelqu'un qui va interférer dans tout cela, souligne Anette, 35 ans, divorcée après trois ans de mariage. Au fil du temps, je me sentais de moins en moins prête à faire des compromis. On dit qu'on est plus fort à deux. C'est l'inverse que je ressentais. "

Divorcée elle aussi, Nathalie a créé en juillet 2005 Parent-solo.fr, un site d'informations, de services et d'échanges pour les familles monoparentales qui reçoit de 2 500 à 3 500 visiteurs par jour, dont nombre ont vécu une séparation précoce. " Aujourd'hui, on doit être efficace en tout, même dans le mariage, souligne Nathalie. Tout doit aller vite, on consomme, on jette. Ce schéma s'applique aussi à la consommation du sentiment. Et puis c'est plus facile de divorcer depuis la loi du 1er janvier 2005, alors si cela ne va pas, on zappe. "

On semble en tout cas plus facilement prêt à se séparer qu'à vivre une expérience de couple médiocre. D'autant que la difficulté s'accroît quand les enfants arrivent. Entre le travail et la vie de parent, le couple se retrouve réduit à la portion congrue qui ne satisfait pas. " Ce qui a changé, c'est que le couple ne fait plus partie de la famille, qu'il est une notion à part, remarque Robert Neuburger, psychiatre et vice-président de la Société française de thérapie familiale. Autrefois, on ne faisait pas la différence. On se mariait pour fonder une famille et le couple en constituait le fondement. Désormais, on est dans l'idée d'un couple qui apporte satisfaction puis d'une famille qui apporte satisfaction. Mais les deux éléments restent dissociés. "

Robert Neuburger voit les cas se multiplier. Des ménages pour qui tout va bien jusqu'à ce que l'enfant paraisse et envahisse l'espace, jusqu'à parfois brouiller les repères identitaires. " Lorsque le père et la mère s'investissent à part égale sur l'enfant, très souvent, cela fraternise leur relation, remarque le psychiatre. En poussant à l'extrême le raisonnement, un papa qui se transforme en maman la journée, cela fait, le soir, deux mamans dans le lit. Ce n'est pas forcément le mieux pour la sexualité. "

Crise identitaire de l'un par rapport à l'autre, tiraillement entre le désir d'être des parents dévoués et des adultes amoureux provoquent des états de tension parfois violents. " J'accueille des gens qui, passés la parenthèse de l'enfant encore bébé, semblent se réveiller et se demandent : "Mais qui suis-je en tant que femme ou en tant qu'homme ?" Cette inquiétude, cette frustration sont aujourd'hui autant masculines que féminines ", remarque le docteur Neuburger.

Résultat, les jeunes couples viennent de plus en plus tôt consulter un spécialiste qui les aidera à retrouver un équilibre entre vie de famille et vie de couple. Mais aussi un nombre croissant de jeunes amoureux se mettent d'abord en couple à l'essai, puis font des séparations à l'essai... Des solutions qui leur font évaluer ce qui est en cause, ce à quoi ils aspirent et tiennent vraiment. Pour ensuite, peut-être, franchir le pas, en vrai.

Véronique Cauhapé

 

 

© Le Monde

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