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28 février 2007

Voyage sensoriel dans l'univers de Dominique Gonzalez-Foerster

Au Musée d'art moderne de la Ville de Paris, l'artiste présente une création collective née de ses récentes rencontres

 

L'exposition de Dominique Gonzalez-Foerster au Musée d'art moderne de la Ville de Paris se dessine comme un voyage. Pour la visiter, il faut être prêt à partir sans forcément connaître la destination. Prêt à se laisser envahir par cet univers tout en glissements, en lumières, en collaborations.

Cette artiste française, connue de la scène internationale, est une habituée de l'ARC. De l'exposition " L'hiver de l'amour ", qu'elle organisa en 1994 avec le magazine Purple et qui révéla une nouvelle génération d'artistes, jusqu'à son exposition aux côtés de Pierre Huyghe et Philippe Parreno, en 1998, qui renouvela elle aussi le genre, c'est ici sa cinquième intervention.

Elle réapparaît dans le monde de l'art après avoir abordé toutes les disciplines : la musique, l'architecture et la scénographie. Riche de ces rencontres, elle a invité tous ceux avec qui elle a travaillé récemment à participer à son projet au Musée d'art moderne. Désir de diluer la notion d'auteur au profit d'une création collective, de mettre de côté l'ego pour laisser entrer la surprise d'autres mondes...

Presque aucune des pièces présentées ici n'est donc signée de son seul nom : c'est le chanteur Bashung qui a composé le punk ambiant qui inonde la salle de La Fée électricité ; c'est avec le créateur de mode Nicolas Ghesquières, de Balenciaga, que l'artiste a imaginé le dessin animé un brin new age qui se contemple dans l'escalier ; c'est le musicien Jay Jay Johanson qui a créé l'accompagnement de son installation Cosmodrome. Ici, rien ne s'impose, tout se joue dans la discrétion.

UN LONG SURVOL DE LA TERRE

Dans le long hall de l'ARC, premier étage du musée, il n'y a tout d'abord rien à voir. Jusqu'à ce que les oreilles donnent l'alerte. Goutte à goutte ou ondoyante, une pluie tropicale envahit l'espace. Une pluie sans eau. Une scène de film dont nous, visiteurs, sommes les acteurs : personnages en quête de motif, peu à peu emportés par cette mélancolie du son. Dans des gestes réflexes, le corps se prend presque à se protéger, et l'esprit part en des contrées lointaines. La pièce s'intitule Promenade (on devine ce nom posé en transparence sur le mur), et c'est vraiment de cela qu'il s'agit.

L'errance se poursuit avec ces lumières qui au loin nous appellent, reflétées sur la laque grise du mur. De la terre au ciel : l'installation lumineuse se lit comme un long survol de la Terre, avec ses villes clignotantes devenues simples points sur la carte. Minimale science-fiction, elle emporte vers la pièce principale de l'exposition : le Cosmodrome.

Déjà montrée au Consortium de Dijon et à la Biennale de Lyon, cette installation, destinée à être explorée dans le noir, se dessine comme un voyage interplanétaire de dix minutes. Sous les pieds crisse un sable noir, quasi volcanique. Obscurité absolue, puis quelques loupiotes clignotent : comme si la navette était sur le départ. Porté par les accords simples et électro de la bande-son, le spectateur assiste à un clair de terre, à la naissance du jour au fil des étoiles, à l'approche de planètes inconnues.

Bricolée à partir de quasiment rien, cette odyssée de l'espace est le point d'orgue de l'exposition. Elle permet de voir d'un tout autre oeil la programmation de quatre heures de films proposée par le musée dans la salle suivante. D'un jardin de Taïpeh à un bac d'Hongkong, d'un désert atomique à une île de beauté, l'artiste nous réapprend le voyage. Au fil de ces courts métrages, au fil de ces cités et de ces immensités, on comprend combien elle sait dénicher dans le quotidien ces " sensations d'art " qui lui sont chères. Une fois de retour dans la vie, notre regard devrait être un brin différent : purifié par cette pluie tropicale, purifié et plus disponible.

 

Bérénice Bailly

" Expodrome ",

Dominique Gonzalez-Foerster, Musée d'art moderne de la Ville de Paris/ARC, 11, avenue du Président-Wilson, Paris-16e. M° Iéna. Tél. : 01-53-67-40-00. Du mardi au dimanche, de 10 à 18 heures. 5¤ et 3,50 ¤. Jusqu'au 6 mai.

 

 

© Le Monde

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