Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
VDS
VDS
Publicité
Archives
VDS
Derniers commentaires
28 février 2007

Le bordeaux voit rouge

            

Rien ne va plus dans le vignoble du Médoc. Depuis trois ans, deux camps s'affrontent : les détenteurs de la précieuse mention " cru bourgeois " et ceux qui l'ont perdue après un classement de 2003. Ce nouveau classement - le seul à valeur légale jusqu'à ce mercredi 28 février - avait été annoncé en juin 2003, à Vinexpo, le Salon mondial du vin : sur les 444 châteaux portant ce label - un même vignoble peut avoir plusieurs vins avec la même mention - près de 200 l'ont perdu à ce moment-là.

Au-delà de l'image commerciale, l'enjeu économique est de taille pour ces propriétés réparties sur huit appellations du Médoc, qui représentent plus de 60 % de la superficie des vignes médocaines et 40 % de leur chiffre d'affaires. Les trois quarts des crus bourgeois sont des vins de milieu de gamme - vendus entre 6 euros et 15 euros la bouteille - pour lesquels la mention conforte une image de qualité et surtout de prix : un château est vendu 20 % à 30 % plus cher, car ce viatique est un argument de vente même si des abus ont été constatés.

Tous les professionnels s'accordent à dire que le ménage était nécessaire pour assainir le marché, ne pas galvauder la qualité et donner des points de repère fiables aux consommateurs. Le classement de 2003, qui avait établi trois catégories (cru bourgeois exceptionnel, supérieur et cru bourgeois), avait cette mission.

Ce château de cartes s'est effondré mardi 26 février : après un marathon judiciaire entamé le lendemain du nouveau classement par 70 recalés, la cour administrative d'appel de Bordeaux a rendu un arrêt, lundi 26 février, annulant la totalité du classement de 2003. Retour au statu quo ante. Les magistrats ont pointé du doigt la partialité du jury, composé de 17 professionnels, dont 4 propriétaires de crus bourgeois concernés par le classement. Les déclassés ont également critiqué le manque d'explication sur les raisons de leur mise à l'écart et les comportements différents du jury en fonction des propriétés. " Tout était cousu de fil blanc ", critique Denis Hecquet, président de l'Union des viticulteurs médocains, qui rassemble les mécontents du classement.

Ce coup de semonce laisse un goût amer chez les professionnels et ne donne pas une bonne image du vignoble bordelais en France et à l'étranger. " C'est dix ans perdus, et cela va prolonger la confusion chez les professionnels et les consommateurs ", s'inquiète Allan Sichel, président du Syndicat des négociants de Gironde.

Cette décision juridique fera jurisprudence dans le monde des classements viticoles, une particularité girondine, mais elle ne règle pas le problème de fond. Il est trop tôt pour savoir si un autre type de classement renaîtra de ces cendres encore brûlantes.

Claudia Courtois (Bordeaux, correspondance)

La cour administrative de Bordeaux a annulé

le classement de 2003

qui accordait la précieuse

mention " cru bourgeois "

 

 

© Le Monde

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité