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5 mai 1999

Mme Royal veut donner une suite « opérationnelle » aux états généraux de la lecture

    La ministre déléguée aux enseignements scolaires attend des propositions pour améliorer le système des évaluations en lecture, dont les règles devront être « clarifiées ». La politique des « cycles », encore peu appliquée, sera relancée

 

Les états généraux de la lecture et des langages réunissent, mardi 4 et mercredi 5 mai à Nantes (Loire-Atlantique), plus de mille personnes autour du thème « Apprendre à partager le premier pouvoir ». Ségolène Royal, ministre déléguée aux enseignements scolaires, a d'ores et déjà fait savoir que ces journées devaient déboucher sur des « actions opérationnelles » . Elle a ainsi annoncé que l'éducation nationale se pencherait sur le système d'évaluation : un groupe de travail devrait proposer des améliorations dans ce domaine dans le courant du mois de juin. La politique des « cycles », restée presque lettre morte depuis 1989, devrait être relancée, en reprécisant à chaque niveau les objectifs à atteindre. L'armée, par sa journée d'appel à la préparation à la défense, joue toujours un rôle actif dans la détection de l'illettrisme. Deux jeunes, dont les difficultés ont été repérées lors de cette journée, témoignent de leur « débrouille » quotidienne avec leurs problèmes de langage et de leurs tentatives pour obtenir une meilleure qualification.

PRÈS LE PLAN JOSPIN, le plan Lang, le plan Bayrou, Ségolène Royal, aurait- elle l'intention de sacrifier à la manie des ministres de l'éducation successifs qui entendent laisser leur nom à la grande cause nationale de la lecture ? Il semblerait que la ministre déléguée aux enseignements scolaires ait des objectifs plus modestes et plus pragmatiques en ouvrant, mardi 4 mai, à Nantes (Loire-Atlantique) devant plus de mille personnes, les états généraux de la lecture.

Préparée depuis plusieurs mois par des milliers d'écoles, des inspecteurs, des chercheurs, des écrivains, cette manifestation devrait, mercredi 5 mai, « déboucher sur des actions opérationnelles », selon le voeu de la ministre. Mme Royal en a donné une idée en expliquant à la presse que l'institution aurait, dans un avenir proche, à se pencher sur l'évaluation de ses résultats. « J'ai peu de goût pour les analyses catastrophistes », a commenté la ministre, faisant allusion aux réactions que suscitent, chaque année ou presque, les variations observées dans le résultat des évaluations en lecture de CE2 et de sixième.

Constatant un « dérapage » dans l'objectif initial de ces évaluations, destinées à aider le maître dans sa classe à combler les lacunes de ses élèves, Ségolène Royal a d'ores et déjà annoncé qu'un groupe de travail devrait lui proposer quelques orientations dès le courant du mois de juin, pour améliorer dans ce sens les évaluations. « Il n'est pas question de les supprimer, puisque je les avais moi-même rétablies dans un rythme annuel », après qu'il eut été décidé, en 1996, qu'elles auraient lieu un an sur deux, a précisé Mme Royal. Mais la ministre souhaite « clarifier les règles de l'évaluation et lui garantir une parfaite transparence ».

Elle a également suggéré que, dans l'avenir, les livrets d'évaluation puissent être gardés par l'enseignant et montrés aux familles. « Les évaluations ne sont pas là pour saper le travail des enseignants, mais pour donner des indications fines : il faut que le système soit totalement clair et que l'indépendance de ceux qui font ces évaluations soit garantie, sans prêter le flanc à la critique. J'en ai la responsabilité », a encore ajouté Mme Royal.

  POLITIQUE DES « CYCLES »

Mais c'est surtout la politique des « cycles », décidée en 1989 et restée quasiment lettre morte, qui a requis l'attention de Ségolène Royal. « On ne peut pas considérer le problème des enfants qui arrivent en CP avec des faiblesses à l'oral, ou celui des élèves qui entament leur sixième sans maîtriser l'écrit, sans refixer les objectifs de l'école primaire », a déclaré Mme Royal. Ces objectifs doivent être reprécisés « cycle par cycle », a-t-elle ajouté, annonçant que le travail ministériel sur la maternelle - on ne peut plus discret - est sur le point d'être terminé.

L'institution, organisée sur le principe « un maître, une classe », devra changer ses habitudes a encore souhaité Ségolène Royal et « penser en cycles ». Ainsi de l'inspection, qui devra prendre en compte non plus - ou pas seulement - le travail individuel de l'enseignant mais celui de l'équipe de cycle.

Cette nouvelle façon d'évaluer les maîtres correspondrait selon Mme Royal à « une attente très forte de l'inspection ». De façon peut-être plus déterminante, la ministre a souhaité que le calcul du nombre d'enseignants par rapport au nombre d'élèves (qui préside notamment aux ouvertures de classes) se fasse en tenant compte de l'ensemble des élèves sur un cycle.

Le principal syndicat d'instituteurs, le SNUipp-FSU, a aussitôt réagi en rappelant son éternelle revendication : « De nouveaux dispositifs d'enseignement avec plus de maîtres que de classes doivent pouvoir être expérimentés afin d'alterner les situations d'apprentissage en classe entière et en petits groupes, d'assurer l'aide individualisée et de permettre aux enseignants la confrontation de leurs expériences dans le cadre du travail d'équipe », écrit le SNUipp dans un communiqué publié lundi 3 mai. Mme Royal a également annoncé qu'elle engagerait une réforme des réseaux d'aide aux élèves en difficulté (Rased) et qu'elle entendait « ouvrir deux chantiers importants : la question de l'efficacité de la formation des enseignants et la mise en place de recherches-actions », réclamée par les instituteurs et professeurs des écoles.

Que devient dans tout cela la Charte pour l'école du XXIe siècle proposée par Claude Allègre, le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie ? Mme Royal n'a pas abordé spontanément la question. Mais elle a assuré que toutes ses propositions étaient en parfaite cohérence avec la Charte, « puisque son principe est que l'école est son propre recours ». Sans doute. On tenait cependant aussitôt à préciser, dans l'entourage de la ministre déléguée à l'enseignement scolaire, qu'elle était dorénavant responsable de la politique menée à l'école primaire.

 

                  

BEATRICE GURREY

               


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