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26 mai 1999

Les mesures de Ségolène Royal visent à mieux gérer la diversité des élèves du collège

La remise à niveau des collégiens de sixième est au centre du nouveau « collège pour  tous »

         

Ségolène Royal, ministre déléguée à l'enseignement scolaire, a présenté, mardi 25 mai, un ensemble de mesures pour les collèges, qui n'est pas, selon elle, « une énième réforme ». Le « collège unique » n'est pas remis en cause mais la diversité croissante des élèves devrait être mieux gérée grâce au renforcement de la liaison école-collège, à l'instauration d'heures de soutien dès la sixième et d'un tutorat individuel.

N ENGAGEANT, en décembre 1998, une consultation sur les collèges, Ségolène Royal, ministre déléguée à l'enseignement scolaire, avait annoncé qu'elle n'avait pas pour ambition « une énième réforme ». Conformément à cette promesse, Mme Royal a présenté, mardi 25 mai, un ensemble de mesures plus ou moins contraignantes, axées autour de trois objectifs : la prise en considération d'élèves de niveaux différents dans un « collège pour tous », la diversification des méthodes d'enseignement et l'amélioration de la vie dans la « maison collège ».

Une semaine après la remise du rapport Dubet qui décrivait sans fard le collège d'aujourd'hui ( Le Monde du 25 mai) et les difficultés des enseignants à gérer la diversité des élèves, la ministre a précisé « le fond de [sa] pensée » sur le collège unique : « J'en assume sans réserve l'ambition originelle, la promesse égalitaire et démocratique », a-t-elle déclaré. Elle s'appuie pour cela sur les convictions des enseignants, « qui ne tiennent pas le discours de la plainte. Ils ne cherchent pas des alibis pour baisser les bras mais des points d'appui pour agir plus efficacement ».

Ces points d'appui sont d'autant plus nécessaires, estime la ministre, que « les conditions d'exercice du métier sont beaucoup plus difficiles. Rien dans les classes n'est donné d'avance : ni le sens des études ni les règles communes », a-t-elle estimé. Reconnaissant ainsi le durcissement des conditions de travail des enseignants, Mme Royal a également rendu hommage « au sérieux du débat national » organisé sous la responsabilité du sociologue François Dubet. Je ne regrette pas d'avoir pris le risque de mettre des mots sur la réalité des choses. L'abondance et la franchise de la parole enseignante ne sont à mes yeux pas une menace mais une richesse », nous a-t-elle déclaré.

   DÉPISTAGE DES LACUNES 

Le premier souci des enseignants de collège - tous les élèves qui arrivent en sixième ne sont pas armés pour suivre la scolarité - a guidé Mme Royal pour définir une série de mesures centrée sur l'articulation primaire-secondaire et sur les classes de sixième et de cinquième. « L'école primaire est à la base de tout et les retards que l'on y prend sont difficiles à rattraper », analyse la ministre qui a décidé d'y relancer la politique des cycles. Ainsi, une évaluation légère sera-t-elle conduite en début de CM2, dernière année de l'école primaire, afin de mieux dépister les lacunes. Si celles-ci ne sont pas comblées à la fin de l'année, les inspecteurs seront chargés d'organiser un dialogue entre l'instituteur ou l'institutrice et les enseignants de sixième, pour mettre en oeuvre un nouveau dispositif de remise à niveau. Cette mesure suppose des habitudes nouvelles dans l'éducation nationale. Souvent annoncée, la liaison CM2-6e n'est pas entrée dans les moeurs.

Dès l'entrée en sixième, des heures de soutien par groupes seront proposées aux élèves, en français et en mathématiques, comme cela se fait dans de nombreux collèges. Cette mesure était déjà prévue dans les réformes Haby, Legrand, Bayrou, sous des formes variables. Mme Royal nous a indiqué que cette aide pourrait aller jusqu'à six heures par semaine en sixième et trois heures en cinquième. Le financement en reste inconnu.

Pour faciliter l'entrée dans l'univers du collège, un « Journal du collégien » sera distribué à tous les élèves de sixième à la rentrée, donnant des indications sur le contenu et le sens des programmes, le comportement, etc. Chaque classe de sixième disposera de sa salle. Les quatrièmes d'aide et de soutien (AES) et les troisièmes d'insertion sont maintenues, Mme Royal estimant que le dispositif a « fait ses preuves », bien que ces structures aient tendance à devenir des filières de relégation.

Une idée du rapport Legrand de 1982 est remise à l'ordre du jour, celle du tutorat de l'élève « par un adulte référent ». Elle avait été récusée à l'époque par les enseignants qui estimaient que leur tâche était strictement limitée à la transmission des savoirs. « Le chef d'établissement et l'administration veillent à ce que tous les enseignants soient tuteurs », mais cette fonction n'est pas intégrée dans leur temps de service réglementaire. Actuellement, le tutorat est pratiqué dans certains collèges sur la base du volontariat.

Un deuxième volet de mesures concerne des outils pédagogiques destinés aux élèves : ainsi de la création d'un « livret de compétences » devant permettre une « orientation positive », ou de la modification du bulletin trimestriel dans un sens constructif. Mais surtout, pour favoriser l'interdisciplinarité, Ségolène Royal demande la création de « travaux croisés » en classe de quatrième, « enquête, expérience ou fabrication d'un objet scientifique, création artistique », qui pourront entrer à terme dans la notation du brevet. A un niveau différent, c'est la même idée qui anime les « travaux personnels encadrés » proposés par Claude Allègre au lycée.

Les études dirigées en sixième et cinquième qui ont, elles aussi, « fait leurs preuves » sont maintenues et même progressivement renforcées. Elles doivent être « assurées par les enseignants de la classe ». C'est le seul point de la réforme Bayrou qui devrait être conservé, même si Mme Royal n'est « pas sûre » que cette réforme « ait vraiment eu lieu » « RELANCE DES ZEP »

Quant au problème prégnant de l'offre scolaire et du déséquilibre qui s'accroît entre les établissements, Mme Royal estime y avoir répondu à travers la « relance des zones d'éducation prioritaires ». Dans ces ZEP seront mises en place systématiquement « des activités éducatives d'excellence », comme les classes à horaire aménagé de musique, des sections sportives, etc.

Dans la troisième partie des mesures proposées par Ségolène Royal, figure la création intéressante et attendue d'un « professeur coordinateur ». Chargé de favoriser le travail en commun des professeurs d'un même niveau (sixièmes, cinquièmes, etc.), il est supposé « faciliter les relations entre la direction et l'ensemble des enseignants ». Il fait partie d'un « conseil pédagogique qui assure avec le chef d'établissement l'animation pédagogique du collège ». Dans la pratique, cette mesure a fort peu de chances de se mettre en place, puisque son financement repose sur le bon-vouloir des établissements qui devront procéder à des redéploiements dans leur « dotation horaire globale ». De plus, il n'est pas certain que le corps enseignant soit perméable à l'introduction d'une forme nouvelle de hiérarchie.

 

                  

BEATRICE GURREY

               

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