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8 août 2003

PSYCHANALYSE PATHOLOGIE - PERCEVAL

Chapitre 1 PATHOLOGIE. 1

a Thèmes. 1

i Des images du corps (DOLTO) 1

Chapitre 2 PAVE. 2

a Expressions. 2

i Dite « battre le pavé ». 2

ii Dite « brûler le pavé ». 2

iii Dite « être sur le pavé ». 2

iv Dite « tenir le haut du pavé ». 2

Chapitre 3 PENIS. 2

a Subincision. 2

Chapitre 4 PERCEVAL. 3

a Comme ŒDIPE inversé. 3

i Le « savoir avec soi‑même » du roi ŒDIPE. 4

ii « Le roi ŒDIPE a un œil en trop ». 4

aThèmes

Elle met plus particulièrement en valeur deux faits. La disjonction des trois images du corps, et le repli (ou le retour) sur une image de base plus archaïque. Plusieurs notions rendent compte de cette pathologie : non‑structuration, enclaves phobiques, altération‑dissociation, dévitalisation. Brièvement, notons que : s’il y a danger et atteinte de l’image de base, des mécanismes phobiques ou persécutifs peuvent se développer. S’il y a défaut de personne nourricière ou absence de reconnaissance du désir, on peut craindre une régression avec résurgence d’une image passée. S’il y a perte des premiers repères identificatoires, notamment sensoriels, il existe un risque de mort psychique.

Quant à l’altération et à la dissociation, la rencontre avec des enfants psychotiques ou autistes nous renvoie à des images archaïques du corps, à l’accrochage de l’enfant à une image à laquelle il ne peut renoncer, à des zones psychiques délabrées, insolites, plus guère codifiées dans la relation à l’autre. Le croisement entre corps, émois, paroles, autre, a été malmené. Plusieurs cas peuvent se présenter. Généralement, une défaillance dans la communication perturbe la mêmeté d’être : l’infans est privé de la possibilité de partager ses expériences sensorielles et son éprouvé n’est ni reçu, ni sensé par un autre. La perte de l’autre à un âge très précoce équivaut à une perte de la bouche relationnelle, à une perte du lieu du lien dans son corps. L’image du corps dans ce cas est amputée d’une zone érogène, partie avec la mère. DOLTO a toujours souligné les risques de la discontinuité du sensorium langagier mère‑enfant, pouvant provoquer des dissociations de l’image du corps. L’enfant peut ainsi perdre tout sens de son identité, tenu et façonné avec un autre, perdre toute capacité de communiquer et s’enfermer en régressant dans un état de sensations corporelles, viscérales assurant un minimum de sentiment d’existence, avec donc prévalence des pulsions de mort. Faute de relation à l’autre, de nouage entre schéma corporel et image inconsciente du corps, entre Sujet et corps, l’infans est happé dans un imaginaire hors sens, livré à des sensations et à des perceptions qui, non médiatisées, deviennent insensées et fortuites.

Le pavé a toujours fait parler de lui. Matériau idéal d’un certain nombre de barricades, il est aussi à l’origine de nombreuses expressions répandues :

aExpressions

C’est naturellement se promener de long en large en le heurtant de la semelle par désœuvrement : « On appelle un batteur de pavé – dit FURETIERE – un fénéant, un filou, un vagabond qui n’a ni feu ni lieu, qui n’a autre emploi que de se promener. »

C’est aller grande allure, à cause que les roues cerclées de fer des carrosses, comme les sabots des chevaux, faisaient jaillir des étincelles s’ils allaient bon train.

C’est être sans logement, sans ressources, ruiné, à la rue.

C’est un signe de distinction. On sait que les rues d’autrefois étaient faites en double pente remontant vers les murs des maisons, de sorte à ménager au milieu un ruisseau pour l’écoulement des eaux de pluie, de vaisselle, et de toutes sortes de vidanges. Il était donc préférable lorsqu’on déambulait sur la chaussée de se tenir le plus loin possible de cet égout à ciel ouvert, donc de marcher sur la partie la plus élevée, c’est‑à‑dire le plus près possible des façades. Cela évidemment posait un léger problème de protocole dès que l’on croisait un autre piéton. Mais le choix se faisait plus généralement sur la parure. Il est certain qu’un important personnage, reconnaissable à la richesse de son habit, ne déviait jamais de son chemin sec – on s’effaçait devant lui, et il tenait toujours, au sens propre, le haut du pavé. Les trottoirs furent inventés plus tard et ne se généralisèrent qu’au 19ème siècle. Il est curieux de noter qu’ayant pris place du « haut du pavé » ils en eurent d’abord le prestige. « Etre sur le trottoir : être dans le chemin de la considération, de la fortune », dit curieusement LITTRE, qui ajoute ce bel exemple : « Cette fille est sur le trottoir, ancienne locution qui signifiait : elle est bonne à marier, elle attend un mari. »

aSubincision

Le fait de relier, de manière délirante, la menstruation au pénis, est très proche de certaines croyances des AUSTRALIENS relatives à la subincision du pénis. Les ABORIGENES AUSTRALIENS croient qu’en faisant saigner leur pénis, ils pourront acquérir une vulve. Les garçons des sociétés occidentales peuvent désirer posséder une preuve aussi évidente que la menstruation qu’ils avaient, eux aussi, atteint la maturité sexuelle. Ils essayaient aussi de réduire l’angoisse que leur faisaient éprouver les femmes en leur faisant plaisir ou en se soumettant à elles. L’acte par lequel ils espéraient y parvenir était important en soi, puisqu’il ferait se reproduire chez eux un phénomène semblable à la menstruation. Ils avaient aussi le sentiment que cet acte leur permettrait de mieux comprendre la sexualité féminine. Quant au Sujet mâle de BETTELHEIM qui souhaitait la circoncision, le pénis circoncis, avec son gland libéré de façon permanente, avait pu lui donner, autant que la menstruation, le sentiment d’avoir atteint la maturité sexuelle. Le désir des hommes de posséder des organes génitaux en plus des leurs est parallèle à l’envie que leur portent les femmes.

aComme ŒDIPE inversé

La solidarité entre les deux héros a été soulignée par l’analyse structurale : « Il existe un modèle, peut‑être universel, écrit Claude LEVI‑STRAUSS, des mythes PERCEVALIENS qui inverse un autre modèle également universel : celui des mythes OEDIPIENS dont la problématique est tout à la fois symétrique et inverse. Car les mythes OEDIPIENS posent le problème d’une communication d’abord exceptionnellement efficace (l’énigme résolue), puis abusive avec l’inceste : rapprochement sexuel d’Individus qui devraient se tenir éloignés l’un de l’autre ; et aussi avec la peste qui ravage THEBES par accélération et dérèglement des grands cycles naturels. En revanche, les mythes PERCEVALIENS traitent de la communication interrompue sous le triple aspect de la réponse offerte à une question non posée (ce qui est le contraire d’une énigme), de la chasteté requise d’un ou de plusieurs héros (en opposition à une conduite incestueuse), enfin de la gaste terre, c’est‑à‑dire de l’arrêt des cycles naturels qui assurent la fécondité des plantes, des animaux et des humains. » Mettre la communication au fondement du projet mythique est un postulat que la psychanalyse ne récusera pas. Mais elle complètera ce principe en disant que la notion de communication n’a de sens chez l’homme que dans un espace signifiant, où les jeux de la métaphore témoignent de l’arbitraire du signe, tandis qu’ils portent la relance indéfinie du sens. Dans ces conditions, la communication extrêmement efficace, supposée au principe de la réponse d’ŒDIPE à la SPHINGE, est en réalité l’expression d’un code saturé par les messages qu’il véhicule, code sans équivoque ni ambivalence, qui ne laisse aucune alternative d’interprétation au récepteur. Ce type de communication, homologue des systèmes informatifs des espèces animales, s’accomplit donc, sans effet d’entropie, sur la forclusion du Sujet de l’énonciation. La prétendue efficacité de la solution de l’énigme par ŒDIPE relève ainsi de la même illusion qui a conduit, en d’autres temps, à reconnaître dans ce personnage un héros civilisateur. L’énigme n’est pas une question à laquelle on postule qu’il n’y aura pas de réponse, c’est une question qui ne doit pas avoir de réponse. Voilà pourquoi l’exploit d’ŒDIPE signe l’abolition de la Loi et de tout ce que la Loi autorise : l’échange et le partage. Parce qu’elle se présente comme un dire de vérité absolu, la réponse à l’énigme marque la ruine de la communication et conduit au chaos et à la mort. Ce dénouement tragique est la conséquence de la confusion des trois registres du réel, du symbolique et de l’imaginaire dont témoigne l’histoire du héros. La réponse à l’énigme de la SPHINGE doit être considérée comme réelisation du symbolique, dont on découvre qu’elle était préparée dès le premier jour, lorsque le héros, terrifié par la sentence prononcée à son endroit par l’oracle d’APOLLON, décide, pour y échapper, de quitter CORINTHE et ceux qu’il pense être ses parents, sans savoir qu’il consomme lui‑même, par cette fuite, le Destin qui lui a été fixé. Cet épisode, ordinairement négligé par les commentateurs, détient une des clefs du mythe : à savoir que c’est pour avoir voulu épargner son père adoptif qu’ŒDIPE, tel DON JUAN convoquant l’invité de pierre, va susciter le surgissement sur sa route du père réel. La violence de LAÏOS, au moment de la rencontre, soulignée par la tradition légendaire, ne laisse guère de doutes sur l’identité de l’Urvater qu’il incarne. La tragédie antique énonce ainsi que nul n’échappe à la loi symbolique, qui fait de tout père un père adoptif. L’origine première étant que le père lui‑même (LAÏOS) a inversé l’ordre de la communication, qu’au lieu de prendre la mort sur lui il a voulu d’abord s’épargner la paternité en n’ayant avec JOCASTE que des rapports de sodomie, puis en voulant tuer son fils avant la naissance, c’est‑à‑dire en pratiquant un amour à l’économie de la mort, qui aura pour effet de lui faire éprouver la mort réelle. Le meurtre du père réel, accompli par ŒDIPE, n’est pas l’opération symbolique qui inscrit la barre sur l’Autre et ouvre à l’homme le champ du fantasme où il pourra jouir des choses de la vie sur l’interdit de la Chose. Le crime d’ŒDIPE prend son sens de la sanction qui l’achève quand le héros donne la réponse à l’énigme de la SPHINGE qui lui délivre hors métaphore la jouissance de la Chose, avant de se fracasser du haut de son rocher pour consacrer la ruine du symbolique. Tout n’est pas pour autant consommé. Manque encore, en effet, pour que soit accompli l’outrage d’ŒDIPE, qu’il soit estampillé par ce que le texte de SOPHOCLE appelle un « savoir avec soi‑même », irréductible à toute conscience de la faute entendue au sens judéo‑chrétien du terme. Ce savoir paradoxal est, au contraire, l’expression de la subversion du symbolique, qui va déclencher la folie ŒDIPE et arrêter son Destin. En retraçant les péripéties de l’enquête conduite par le héros pour son malheur, la tragédie ŒDIPE‑Roi narre comment fut mise en place cette dernière pièce sur l’échiquier.

« Au moment où, animé par la volonté d’’’examiner tout discours’’, ŒDIPE croit affirmer sa propre innocence et connaître les limites de son savoir, il ne fait que proférer sa propre condamnation. […] Croyant avoir résolu l’énigme du langage et détenir ainsi une ‘’technique qui va au‑delà de toute technique’’, il se trouve à la fin confronté à l’énigme de sa propre naissance et succombe à elle » (G. GAMBEN, Le Langage et la mort)

Ce jugement de AGAMBEN met en évidence la nature de l’acte d’hybris accompli par ŒDIPE, sans distinguer toutefois avec assez de précision les Objets de l’outrage. D’ESCHYLE à SOPHOCLE, la tragédie GRECQUE a toujours fait la différence entre l’origine et le commencement, l’homme et le Sujet. La transgression punie par les ERINYES en matière de savoir commise par ŒDIPE concerne la naissance. Le crime d’ŒDIPE est d’avoir voulu prendre au savoir la parole que sa fille, ANTIGONE, retiendra, en se faisant la gardienne du signifiant des pères, pure expression du logos. Là où ANTIGONE répond, muette, par un acte, ŒDIPE veut savoir. Le crime du roi a été de vouloir articuler cette voix impossible à articuler, de prendre au discours la vérité hors représentation du signifiant, de se rendre, en remontant la chaîne des causes, maître du signifiant de la cause. Le but de l’enquête entreprise dans ŒDIPE‑Roi est de délivrer au héros le secret de sa généalogie, le fondement de son histoire. et quand il interroge TIRESIAS, sa question n’est pas de savoir ce qui, à l’origine des origines, l’a fait homme. En quoi devient patent le contresens de la lecture de GIDE, qui interprète la réponse d’ŒDIPE comme délivrant le sens de l’humaine condition : « Le seul mot de passe, c’est l’homme » (GIDE, ŒDIPE, acte II). Mais, ce qui l’a fait ce qu’il est : ŒDIPE ; roi de THEBES et père des enfants que lui a donnés JOCASTE.

Ce « savoir avec soi‑même » exprime la position PROMETHEENNE d’un héros échappé au discours et confronté sans médiation à sa jouissance et à sa mort. Le paradoxe de la condition humaine est en effet que le Sujet du signifiant ne peut rencontrer l’Objet de son désir qu’à la condition de disparaître au moment où celui‑ci advient à l’apparition. Ce qu’illustre l’extase de PERCEVAL devant trois gouttes de sang sur la neige, le Sujet ne revenant à lui qu’au moment de leur effacement. LACAN illustrait ce principe d’une scène de La règle du jeu de Jean RENOIR dans laquelle DALIO, au moment où il présente à ses invités la merveille agalmatique que constitue pour lui la boîte à musique qu’il vient d’acquérir, s’abolit en rougissant devant son entourage. Ce principe édicte que le Sujet du signifiant est irréductibelement coupé de sa cause ; soit encore qu’au registre du désir, jouissance et savoir s’excluent. Ce qu’énonce l’aphorisme de LACAN : « Le fantasme, c’est que l’Autre se pâme devant cet Objet que je suis, déduction faite de ce que je me vois ». L’outrage au symbolique d’ŒDIPE (chercher à prendre au savoir le signifiant de son être) est donc de s’être vu jouissant – transgression que stigmatise HÖLDERLIN quand il écrit que « le roi ŒDIPE a peut‑être un œil en trop [Der König ŒDIPUS hat ein Auge zuviel vielleicht] ». C’est cet oeil‑là qu’ŒDIPE s’arrache lorsqu’il s’énuclée les orbites avec les fibules de JOCASTE. Ce geste terrifiant accompli au dénouement de la tragédie marque le retournement du mtyhe. Il fait de l’œil‑en‑trop un œil‑en‑plus et inscrit corrélativement la transmutation du héros du registre du crime à celui de la sainteté, bascule qui arrache son malheur au champ des misères ordinaires. A cet instant inouï, l’œil et le regard coïncident, la source et l’origine (das Ding) de la pulsion – die Quelle et der Ursprung – se recouvrent et se confondent. Par cet œil jeté à ses pieds, devenu l’œil de la Vérité, ŒDIPE se voit tel qu’il est, dépouillé des oripeaux de ce monde. Au prix d’une souffrance qu’HÖLDERLIN nous dit être « indescriptible, indicible, inexprimable », ce geste libère le maudit des leurres du semblant et lui permet désormais de voir, ainsi que TIRESIAS, le symbolique réelisé. Qu’à cet instant ŒDIPE devienne pour chacun sacer, c’est ce dont témoigne sa retraite finale dans l’enclos des ERINYES, dernière station de sa passion héroïque, avant que la terre, en le prenant vivant, ne le porte chez les dieux. Cette coïncidence avec soi‑même atteinte par le héros à la fin d’ŒDIPE‑Roi délivre au Sujet un nouveau savoir avec lui‑même impossible à se confondre avec celui qui l’avait conduit à se faire le mâitre du symbolique, savoir sacré cette fois, démonique et non plus impie. La fonction des ERINYES dans ŒDIPE à COLONE, où elles sanctifient le héros, établit un lien imprévu avec le drame fondateur du théâtre GREC, L’Orestie d’ESCHYLE, dans lequel elles s’acharnent au contraire à poursuivre le maudit. Ce rapprochement qui confronte le Destin de deux parricides, ŒDIPE et ORESTE, met en lumière la nature de ce nouveau « savoir avec soi‑même » en montrant que, accompli aux temps primordiaux de l’homme, il se constitue non plus du détournement du signifiant de la cause, mais par la conjonction du Sujet avec sa cause elle‑même – ici nommément avec l’Objet‑voix. En ce point une dernière surprise nous attend, lorsque nous découvrirons que cette vox sacra qui persécute ORESTE pour le meurtre de sa mère est l’indice du socle archaïque sur lequel repose le mythe FREUDIEN qui retrace le meurtre du père, indice qui nous conduit en deçà de l’ŒDIPE.

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